Washington a profité de l’opposition entre pachtounes et tadjiks —qu’il a soigneusement maintenue durant 13 années d’occupation militaire— pour imposer un gouvernement d’union nationale dont la première fonction aura été de signer deux traités : l’Afghanistan autorise une occupation militaire illimitée à la fois par les forces états-uniennes et par celles de l’Otan.
L’accord USA-Afghanistan voulu par Washington, gelé pendant presque une année par le refus du président Karzai d’y souscrire, a été signé en grande pompe à Kabul le 30 septembre, le jour suivant l’investiture du nouveau président Ashraf Ghani. L’ « Accord de coopération sur la sécurité et la défense » —comprenant, en plus d’une préface et d’une annexe, 26 articles subdivisés en 116 points— contient tout ce que Washington voulait obtenir.
Sur cette base, qui restera en vigueur de 2015 à 2024 et au-delà, les États-Unis pourront maintenir en Afghanistan, après la fin formelle de la « mission de combat » le 31 décembre 2014, environ 10 000 militaires avec la mission officielle de conseiller (lire commander), entraîner, équiper et soutenir les « forces de sécurité » nationales. Une grande partie du contingent états-unien sera composée de forces pour les opérations spéciales, qui effectueront des « missions de contre-terrorisme » en territoire afghan. Même si cela n’est pas spécifié, on utilisera à cet effet des drones armés, hélicoptères et chasseurs-bombardiers qui partiront de bases terrestres et de porte-avions déployés dans des zones limitrophes.
Les forces spéciales états-uniennes se trouvent de fait autorisées à faire irruption dans les maisons afghanes (point contesté par Karzai), même si formellement l’accord engage les USA à avoir « un plein respect de la sauvegarde et de la sécurité des Afghans y compris dans leurs maisons ». Les militaires US restent de fait soustraits aux lois afghanes, puisque à l’article 13 l’Afghanistan consent à ce que « les États-Unis aient le droit exclusif d’exercer la juridiction » sur leurs propres militaires qui « commettent tout délit criminel ou civil » en Afghanistan.
L’accord établit (à l’article 7) que « l’Afghanistan autorise les États-Unis à utiliser des installations et des aires choisies de commun accord et d’exercer tous les droits nécessaires à leur usage opérationnel et à leur contrôle, y compris le droit d’entreprendre de nouveaux travaux de construction ». En d’autres termes, l’accord autorise les États-Unis à conserver et potentialiser des bases militaires en Afghanistan. Même si on ne spécifie pas dans l’article 7 ce qu’ils sont, on liste dans l’annexe, en tant que « points officiels d’embarquement ou débarquement » des forces états-uniennes, 7 bases aériennes (Bagram, Kabul, Kandahar, Shendand, Herat, Mazar-e-Sharif, Shorab) et 5 terrestres (Toorkham, Spinboldak, Toorghundi, Hairatan, Sherkhan Bandar). En outre l’Afghanistan autorise les États-Unis à « positionner des équipements, approvisionnements et matériels militaires dans ces installations et aires et dans d’autres choisies d’un commun accord ». En d’autres termes, les armements et équipements nécessaires pour une guerre régionale à grande échelle, comme pourrait l’être celle contre l’Iran. En échange, le gouvernement afghan recevra des USA et autres « donateurs » (dont l’Italie) une consistante aide économique, quantifiée à 4 milliards de dollars annuels, qui comme la précédente finira en grande partie dans les poches de la caste dominante, enrichie avec les milliards de l’Otan, les dessous de table et le trafic de drogue.
Immédiatement après celui entre les USA et l’Afghanistan, a été signé l’« Accord entre Otan et Afghanistan sur les statut des forces », analogue au premier. Il permet de conserver en Afghanistan, en plus des militaires états-uniens, 4 à 5 000 militaires, en majorité britanniques, allemands, italiens et turcs. Ainsi l’Italie, en continuant à dépenser des millions d’euros soustraits à nos citoyens, restera en Afghanistan, où notre aéronautique continuera à opérer avec des avions de transport C-130 J et de guerre électronique EC-27 de la 46ème Brigade aérienne de Pise et avec des vélivoles à pilotage éloigné Predator du 32ème Escadron d’Amendola ; où continueront à opérer encore plus qu’avant les forces spéciales, aujourd’hui potentialisées par la naissance du commandement unifié à Pise.
La guerre continuera ainsi en forme « secrète », en provoquant d’autres victimes en Afghanistan qui —situé au carrefour entre Asie centrale et méridionale, occidentale et orientale— constitue une aire encore plus importante maintenant que la stratégie des USA et de l’Otan est en train d’aller à une nouvelle confrontation avec la Russie et, en fond, avec la Chine.
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