Le Minuteman III est un missile balistique intercontinental, capable de frapper Moscou ou Beijing depuis les États-Unis. Il se compose de trois étages, dont le troisième diffuse des leurres et de mini-têtes nucléaires. Sa charge est 20 fois supérieure à celle de la bombe d’Hiroshima.

La parade militaire aux Forums impériaux (Rome), par laquelle le 2 juin on célèbre la Fête de la République italienne qui dans sa Constitution répudie la guerre [1], cache derrière la façade rhétorique une réalité de plus en plus dramatique : l’accélération de la course aux armes high-tech, dans laquelle l’Italie est impliquée par l’intermédiaire de l’Otan. Course conduite dans tous les domaines par les États-Unis.

Il y a une semaine le « Commandement de l’attaque globale » a lancé depuis la Californie un missile intercontinental Minuteman III, en frappant avec une tête expérimentale un atoll dans le Pacifique à 8 000 km de distance. Avec ces tests le Commandement vérifie « la fiabilité » des 450 Minuteman III, prêts au lancement avec leurs têtes nucléaires. Le Congrès a affecté plus de 200 milliards de dollars (acompte sur environ 1 000 milliards en dix ans) pour potentialiser les forces nucléaires, avec 12 sous-marins supplémentaires d’attaque (7 milliards de dollars pièce, le premier est déjà en chantier), armé chacun de 200 têtes nucléaires, et des bombardiers stratégiques supplémentaires (550 millions pièce), chacun armé de 20 têtes nucléaires.

L’Armée est en train d’expérimenter des armes laser capables d’abattre des engins volants, de mettre hors d’état les viseurs et d’aveugler les soldats ennemis ; la Marine a déjà installé un canon laser sur le navire Ponce, en précisant qu’« il doit encore être utilisé dans un combat réel » ; l’Armée de l’Air annonce qu’à partir de 2022 elle armera de laser ses chasseurs-bombardiers.

En fort développement aussi le secteur des drones et robots de guerre. Pendant qu’on modernise les drones télécommandés (le Global Hawk a dépassé les 150 000 heures de vol), on expérimente des engins volants d’attaque complètement robotisés : l’X-47B a effectué en vol le premier approvisionnement automatique de carburant. Le chasseur F-35C pour les porte-avions, annonce le Secrétaire à la marine, « sera probablement le dernier avec un pilote à bord ». En 2016 sera expérimenté aussi un robot sous-marin qui, lancé par un sous-marin, repère et suit automatiquement les navires ennemis.

De la guerre robotisée à celle de l’espace le pas est court : le 20 mai est parti pour sa quatrième mission secrète l’X-37B, une mini-navette robotique de l’US Air Force déjà testée pendant presque 4 années dans l’espace. Le général Greaves, nouveau chef du Commandement spatial, a déclaré que les États-Unis « emploieront tous les moyens pour garder la suprématie dans l’espace ».

À la course participent dans la foulée des USA les plus grands pays européens de l’Otan : il y a dix jours, les ministres de la Défense de France, d’Allemagne et d’Italie ont signé le mémorandum d’entente pour le développement d’un engin volant robotique de guerre. Israël participe à la course avec de nouveaux drones et armes nucléaires, armes qu’il peut continuer à développer après que la proposition arabe de convoquer en 2016 une conférence pour créer au Moyen-Orient une zone sans armes nucléaires a été bloquée à l’Onu par les USA, le Canada et la Grande-Bretagne. La Russie, la Chine et d’autres pays, qui sont dans le viseur stratégique des USA et de l’Otan, réagissent en conséquence. La Russie développe le Sarmat, un nouveau missile balistique intercontinental dont les têtes nucléaires manœuvrent lors du retour dans l’atmosphère pour éviter les missiles intercepteurs du « bouclier » états-unien, et le sous-marin de la classe Borey, extrêmement silencieux, armé de 200 têtes nucléaires. Des missiles et sous-marins analogues sont construits par la Chine qui, selon le Commandement US, est en train d’expérimenter aussi des armes spatiales anti-satellite pour aveugler les systèmes d’attaque états-uniens.

Sur tout cela tombe le black-out médiatique, pendant que les projecteurs sont pointés sur les enfants qui, à la parade militaire du 2 juin, festoient avec des ombrelles tricolores. Pas pour la paix, comme on le leur a dit, mais pour la guerre qui les attend.

Traduction
M.-A.
Source
Il Manifesto (Italie)

[1Article 11 de la Constitution de la République italienne : « L’Italie répudie la guerre en tant qu’instrument d’atteinte à la liberté des autres peuples et comme mode de solution des conflits internationaux ; elle consent, dans des conditions de réciprocité avec les autres États, aux limitations de souveraineté nécessaires à un ordre qui assure la paix et la justice entre les Nations ; elle suscite et favorise les organisations internationales poursuivant ce but. »