L’Otan poursuit son entreprise de propagande visant à faire accroire à une menace russe et à la nécessité de s’y préparer. Ainsi, en contradiction avec les principes de l’Alliance qui supposent ne s’appuyer que sur des forces régulières, l’Alliance crée en Pologne —comme elle l’a déjà fait en Ukraine— une force paramilitaire de 35 000 hommes qu’elle intègre dans ses manœuvres Anakonda 16. L’idée est qu’ayant participé à ces exercices, ses membres propageront à leur tour le mythe de la menace russe.
Aujourd’hui en Pologne commence Anakonda 16, « le plus grand exercice allié de cette année » [1] : y participent plus de 25 000 hommes de 19 pays e l’Otan (États-Unis, Allemagne, Royaume-Uni, Turquie et d’autres ) et de 6 partenaires : Géorgie, Ukraine et Kosovo (reconnu comme État bien que non-membre de l’Onu), de fait déjà dans l’Otan sous commandement US ; Macédoine, qui n’est pas encore dans l’Otan du fait seulement de l’opposition de la Grèce sur la question de son nom (le même que celui d’une de ses provinces, que la Macédoine pourrait revendiquer) ; Suède et Finlande, qui se rapprochent toujours plus de l’Otan (elles ont participé en mai à la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Alliance). Formellement l’exercice est sous conduite polonaise (d’où le « k » dans le nom), pour satisfaire l’orgueil national de Varsovie. En réalité il est sous commandement de l’US Army Europe qui, avec une « aire de responsabilité » comprenant 51 pays (y compris toute la Russie), a la mission officielle de « promouvoir les intérêts stratégiques états-uniens en Europe et Eurasie ». Chaque année il effectue 1 000 opérations militaires dans plus de 40 pays de l’aire.
La US Army Europe participe à l’exercice avec 18 de ses unités, parmi lesquelles la 173ème Brigade aéroportée de Vicence. L’Anakonda 16, qui se déroule jusqu’au 17 juin, est clairement dirigé contre la Russie. Il prévoit « des missions d’assaut de forces multinationales aéroportées » et d’autres y compris dans l’aire baltique au bord du territoire russe.
À la veille d’Anakonda 16, Varsovie a annoncé qu’en 2017 elle augmentera les forces armées polonaises de 100 à 150 000 hommes, en constituant une force paramilitaire de 35 000 hommes dénommée « Force de défense territoriale ». Répartie dans toutes les provinces à commencer par les orientales, elle aura comme mission d’ « empêcher la Russie de s’emparer du territoire polonais, comme elle l’a fait en Ukraine ».
Les membres de la nouvelle force, qui recevront un salaire mensuel, seront entraînés, à partir de septembre, par des instructeurs états-uniens et de l’Otan sur le modèle adopté en Ukraine, où ceux-ci entraînent la Garde nationale comprenant les bataillons néo-nazis. L’association paramilitaire polonaise Strzelec [2], qui avec plus de 10 000 hommes constituera le nerf de la nouvelle force, a déjà commencé son entraînement en participant à Anakonda 16. La constitution de la force paramilitaire, qui sur le plan intérieur fournit au président Andrzej Duda un nouvel instrument pour réprimer l’opposition [3], participe à la montée en puissance militaire de la Pologne, avec un coût prévu de 34 milliards de dollars d’ici 2022, encouragée par les USA et l’Otan en fonction anti-russe.
Les travaux ont déjà commencé pour installer en Pologne une batterie de missiles terrestre du système états-unien Aegis, analogue à celle qui est déjà en fonction en Roumanie, qui peut lancer aussi bien des missiles intercepteurs que des missiles d’attaque nucléaire. En attendant le sommet de l’Otan à Varsovie (8-9 juillet), qui officialisera l’escalade anti-Russe, le Pentagone se prépare à déployer en Europe une brigade de combat de 5 000 hommes qui roulera entre la Pologne et les pays baltiques.
En même temps s’intensifient les exercices USA/Otan dirigés contre la Russie : le 5 juin, deux jours avant Anakonda 16, a commencé en mer Baltique le Baltops 16, avec 6 100 militaires, 45 navires et 60 avions de guerre de 17 pays (Italie comprise) sous commandement US. Y participent aussi des bombardiers stratégiques états-uniens B-52. À environ 100 miles du territoire russe de Kaliningrad.
C’est une escalade ultérieure de la stratégie de la tension, qui pousse l’Europe à une confrontation non moins dangereuse que celle de la Guerre froide. Sous la chape de silence politico-médiatique des « grandes démocraties » occidentales.
[2] Strzelec (en français « Sagittaire ») est une association paramilitaire anti-russe fondée en 1909 et commandée par le général Józef Piłsudski (qui fut chef de l’État). En 1939, elle comptait 500 000 hommes. Elle a été reformée en 1991.
[3] « L’Otan fait arrêter le leader d’opposition polonais Mateusz Piskorski », Réseau Voltaire, 21 mai 2016.
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