Madame la ministre des armées,
Madame la secrétaire d’Etat auprès de la ministre des armées,
Mesdames et messieurs les ministres,
Mesdames et messieurs les élus,
Monsieur le chef d’état-major des armées,
Messieurs les chefs d’état-major,
Officiers, sous-officiers, officiers mariniers, soldats, marins et aviateurs, gendarmes, personnels civils du ministère des armées,
Mesdames et messieurs,
Je suis très heureux d’être présent parmi vous, ce soir, à l’occasion de ce moment traditionnel et privilégié d’hommage de la nation à celles et ceux qui assurent sa défense.
Aujourd’hui, ce sont les représentants du peuple français qui, rassemblés ici, à Brienne, vous rendent hommage. Et je veux saluer tous les ministres et secrétaires d’Etat, les présidents des Assemblées, les présidents des commissions parlementaires et les élus présents ce soir.
Demain, ce seront tous les Français qui, sur les Champs-Elysées, dans tant de villes de France, devant leur poste de télévision, feront corps avec leurs armées, fiers de vous, fiers de toutes celles et ceux qui se battent pour leur défense.
Le coeur serré aussi, en pensant à ceux qui, pour protéger nos concitoyens, ont consenti au sacrifice suprême. C’est à eux, vos camarades morts cette année pour le succès des armes de la France, que je pense en premier, en cette veille de fête nationale : Marc Leycuras, Cédric de Pierrepont, Alain Bertoncello et Erwan Potier. Mes pensées vont également à ceux qui sont morts en service commandé : Romuald Le Roux, Alexandre Arnaud, Baptiste Chirié, Audrey Michelon, Simon Cartannaz et Nathanaël Josselin, Geoffroy Henry.
Embrasser la carrière militaire, c’est accepter le danger, c’est parfois tuer pour ne pas être tué, c’est accepter de donner jusqu’à sa vie pour la mission, pour son pays, pour ses compatriotes. Ceux qui font ce choix le savent. Vous le savez.
Mais on ne s’habitue jamais, on ne se résout jamais à la mort d’un camarade. Alors, je veux dire en présence des familles de nos morts, que je saluerai dans un instant, que nous n’oublions pas. Car la France jamais n’oublie celles et ceux qui sont tombés pour elle, pour ce qu’elle est, pour ce qu’elle défend, pour ce qu’elle porte. Je ne l’oublie pas.
Je veux rendre aussi hommage à ceux que la mort a épargnés, mais qui paient dans leur chair le prix de la mission et du combat. Je salue, plein de respect, de reconnaissance, d’admiration, toutes celles et ceux qui, pour leur extraordinaire combat et les opérations menées, sont parmi nous ce soir, qui montrent chaque jour leur volonté de reconstruction : nos blessés, qui demain, seront mis à l’honneur devant la France entière.
Vous êtes au coeur de nos préoccupations. Du sens du devoir dont vous avez fait preuve, nous nous montrerons dignes. Toujours. "Vous avez des droits sur nous" comme disait Georges Clémenceau, et nous ne l’oublierons pas.
La nation pleure, la nation accompagne ceux qui sont marqués dans leur chair, mais la nation vit, se défend, se bat.
Je pense, en cet instant, aux 17.000 soldats, marins et aviateurs, qui sont actuellement déployés en opérations.
À celles et ceux, qui dans les profondeurs des océans, ou en alerte depuis les bases aériennes, garantissent la permanence de la dissuasion.
À celles et ceux qui assurent la protection terrestre, maritime, aérienne de notre métropole comme de nos outremers.
À celles et ceux qui se trouvent en opérations extérieures, et qui, au Sahel, en Afrique, au Levant, en Méditerranée, en Océan Indien, se battent pour notre liberté, pour la liberté de nos partenaires et de nos alliés, pour notre souveraineté.
À nos forces pré-positionnées en Afrique comme au Moyen-Orient et sur les mers lointaines.
Et puis, je pense à vos familles. Vos familles, qui vous accompagnent dans ces vies de devoir. Parfois, elles ont suscité votre vocation, souvent, elles l’ont tout simplement accepté. Toujours, elles sont là, au quotidien, pour vous permettre de vivre pleinement votre engagement. Je sais les contraintes et je sais l’inquiétude. La force de nos armées repose aussi sur elles, sur vous, sur votre capacité à faire face, et je les en remercie.
Je pense enfin à nos anciens combattants, ceux que nous n’oublions pas, et à qui nous devons tant, et que tout au long de l’année, notre secrétaire d’Etat Geneviève Darrieussecq, accompagne de son travail et de sa considération.
Pour tout militaire, défiler le 14 Juillet sur les Champs-Elysées est un moment unique.
Parce que l’on représente ses frères d’armes, celles et ceux qui, disparus, blessés, déployés, ne peuvent pas être là.
Parce que l’on s’inscrit dans une longue histoire, celle que racontent les drapeaux et les étendards, qui portent dans leurs plis les noms des victoires et des exploits des armées françaises.
Parce qu’à ce moment-là, tous, vous le dites, les militaires font corps avec le peuple de France, qui les applaudit et qui les soutient.
Mais ce qui rend ce moment singulier, c’est aussi la part d’universel que l’on porte, quand on est français, et que l’on défile sur les Champs-Elysées : ce sentiment qu’on est là pour son pays, bien sûr, mais pour plus grand encore, pour la liberté, pour la paix, pour une certaine idée de l’homme.
À vos côtés, cette année, seront présents de nombreux militaires d’armées européennes.
Ce sera là un beau symbole de l’Europe de la défense que nous en sommes en train de construire. C’est, vous le savez, une priorité de mon mandat : faire en sorte de conduire les nations européennes à agir ensemble, en matière de défense.
Agir ensemble, ce n’est ni renoncer, ni abaisser les souverainetés nationales, ni, évidemment, renoncer à l’Alliance atlantique, dont nous fêtons les 70 ans cette année.
Mais se dire que développer des programmes d’équipement communs et des capacités collectives a du sens. Avec les 34 projets mis en oeuvre, dans le cadre de la Coopération structurée permanente, avec le Fonds européen de défense, nous avons avancé comme jamais, depuis deux ans. De même, avec le système de combat aérien du futur, le SCAF, conduit en coopération avec l’Allemagne et l’Espagne, et qui a marqué une étape décisive lors du dernier Salon du Bourget.
Agir ensemble, c’est faire en sorte également de constituer une culture stratégique commune pour demain pouvoir envisager des engagements opérationnels conjoints. Lorsqu’il y a deux ans, j’ai proposé la création d’une Initiative Européenne d’Intervention, beaucoup furent sceptiques. "Encore une proposition qui ne verra jamais le jour...". Aujourd’hui, cette initiative existe. Elle vit. Et je remercie tous les chefs d’Etat et de gouvernement qui ont décidé de la rejoindre, d’avoir spontanément accepté d’assister demain au défilé. Ils seront parmi nous, et leurs armées seront représentées.
Agir ensemble, c’est tout simplement se dire qu’additionner nos atouts peut nous permettre de gagner en force, en efficacité. C’est acter du fait que notre Europe est aussi une Europe qui protège, et que cette mission pour tous nos peuples est celle qui la rendra plus crédible encore.
Et vous, qui êtes là ce soir, qui, pour la plupart, avez été déployés en opérations, ces derniers mois, à terre, en mer, dans les airs, vous mesurez mieux que personne le bénéfice qu’il y a à avoir des alliés, à fédérer les efforts, à mutualiser les capacités. CHAMMAL, BARKHANE, mission CLEMENCEAU : il n’est plus une opération sans partenaire européen, sans dynamique européenne.
Alors oui, la France est ambitieuse pour l’Europe.
Mais elle l’est aussi et avant tout pour elle-même.
Devant vous, l’année dernière, j’avais évoqué longuement la loi de programmation militaire, qui définit les axes de notre politique de défense pour les 7 années à venir et à l’horizon 2030. Cette loi fut promulguée le 14 Juillet de l’année dernière.
Je veux redire ici que je veille personnellement à son application.
L’effort budgétaire pour notre défense sera donc tenu.
Il sera tenu parce que le contexte stratégique le nécessite. Il sera tenu parce que c’est ma responsabilité de chef des armées de voir loin, de ne jamais céder aux sirènes du court terme, mais au contraire, de maintenir notre nation dans le temps long de l’histoire. Parce que notre nation, si fière, à juste titre, de son passé, doit aussi agir aujourd’hui pour rester demain maître de son destin, aux côtés des Européens.
La ministre des Armées, tous ces derniers mois, a veillé à ce que chacun des chantiers décidés avance, et je l’en remercie. Avec détermination, avec force, avec constance, elle a défendu cette loi de programmation, et je remercie le chef d’état-major des armées d’avoir constamment porté cette loi de programmation à hauteur d’homme, et avec responsabilité et courage, porté cette même vision.
La modernisation accélérée de nos équipements est ainsi lancée.
Regardez les A400M et les MRTT, qui arrivent désormais, avec les Rafale F3R, dans notre armée de l’air, tandis que le Griffon, véhicule blindé de nouvelle génération, et dont nous verrons demain les premiers exemplaires, va équiper l’armée de terre, qui a également bénéficié cette année de la livraison de 30.000 treillis F3 ignifugés et de 8.000 nouveaux fusils d’assaut.
La marine nationale a accueilli sa 6ème FREMM, la NORMANDIE, ainsi que plusieurs bâtiments de soutien et un patrouilleur Antilles-Guyane. Hier, je me suis rendu à Cherbourg, pour la mise à l’eau du SUFFREN. Ce nouveau sous-marin sera livré à la DGA dès l’année prochaine. Premier d’une série de 6, ce bâtiment exceptionnel, tant sur le plan technologique que sur le plan industriel, est emblématique du renouvellement de nos capacités, qui concernera tant les forces conventionnelles que celles de la dissuasion. Et je sais toute la mobilisation de la DGA, de ses compétences, autour d’elle, de nos industriels, et avec elle, de nos armées, pour que ce succès puisse voir le jour.
Je parlais de temps long : le cycle d’un sous-marin nucléaire est de 60 ans. Vous mesurez là les décisions qu’il faut prendre et comme il est nécessaire d’être à l’avant-garde, d’avoir un temps d’avance et d’innover.
L’innovation partout et dans tous les domaines, c’est ce que nous voulons pour nos armées, car c’est en remportant cette bataille que nous pourrons remporter toutes les autres.
Il s’agit aussi de renforcer notre autonomie stratégique, qui doit s’inscrire, d’ailleurs, dans un cadre européen. Je sais ce qui a déjà été entrepris sous l’autorité de la ministre pour répondre aux défis qui se posent dans les domaines terrestres, maritimes et aériens, mais aussi dans les nouvelles zones de confrontation que sont l’espace cyber ou l’espace exo-atmosphérique.
La nouvelle doctrine spatiale militaire, qui m’a été proposée par la ministre et que j’ai approuvée, permettra d’assurer notre défense de l’espace et par l’espace. Nous renforcerons notre connaissance de la situation spatiale, nous protégerons mieux nos satellites, y compris de manière active. Et pour donner corps à cette doctrine, pour assurer le développement et le renforcement de nos capacités spatiales, un grand commandement de l’espace sera créé en septembre prochain au sein de l’armée de l’air. Celle-ci deviendra, à terme, l’armée de l’air et de l’espace. Les nouveaux investissements indispensables seront décidés.
Et les armées, ce sont avant tout des femmes et des hommes volontaires et engagés.
J’ai commencé par vous et je terminerai par vous.
Je veux que ces années soient celles des mesures à hauteur d’homme, des mesures humaines, qui améliorent le quotidien de celles et ceux qui choisissent le métier des armes. Aussi, je me réjouis que de nombreuses dispositions aient été prises pour améliorer concrètement vos conditions de vie, d’entraînement, de combat. Ce ne sont pas des mesures théoriques, mais des mesures très concrètes, au plus près des forces, pour mieux vous accompagner dans vos garnisons, vos mutations, tout au long des carrières et même au-delà. Des mesures pour soulager vos familles, en toutes circonstances. Car la nation vous le doit.
Je me tiens informé très régulièrement, en lien avec votre ministre, le chef d’état-major des armées, et mon chef d’état-major particulier, des sujets de préoccupation qui traversent la communauté militaire. Le recrutement, l’attractivité, la fidélisation, les parcours professionnels, le retour à la vie civile, la militarité.
Il est vrai que la condition militaire est un trébuchet dont le déséquilibre peut avoir de lourdes conséquences sur l’efficacité opérationnelle de nos armées, qui en constituent la finalité.
C’est pour cela, et je le dis ce soir avec beaucoup de clarté, que le chef des armées est le garant de la condition militaire.
Il en est le garant, parce qu’il est aussi celui qui prend les décisions qui vous conduisent au feu.
C’est pour cela qu’il ne faut pas raisonner en termes de normes administratives ou par comparaisons, de manière technocratique. L’état militaire est un état singulier, et cette singularité nous oblige à tracer un chemin propre, balisé par le statut militaire, qui prévoit une juste compensation aux contraintes, aux sujétions qui s’imposent à vous.
Il n’y a donc pas lieu de transiger avec l’exigence de disponibilité en tout temps et en tout lieu, qui est le corollaire du principe constitutionnel de libre disposition des forces armées. Et il faut sans cesse rappeler que le service des armes est imprévisible, risqué, dangereux, qu’il implique esprit de sacrifice, pouvant aller jusqu’au sacrifice suprême.
Alors, je le redis ici, comme je l’ai dit à Toulouse, en janvier dernier : la singularité du métier militaire et les exigences du modèle d’armée, une armée tournée vers les opérations, seront prises en compte dans les réformes à venir, notamment celle de notre système de retraite.
Les pensions militaires relèvent d’abord de la condition militaire et d’un contrat passé entre la nation et ses armées.
Je veux vous dire enfin que j’ai besoin de vous.
J’ai besoin de vous pour que ce beau projet que nous avons lancé, et qui se met peu à peu en place, le Service national universel, soit une réussite, et qu’il fasse des jeunes de France des Français à part entière, avec tout ce que cela implique d’amour de la patrie, mais également d’universel.
Merci d’avoir accompagné de belle manière la préfiguration qui vient de se terminer. Je souhaite que nous puissions avancer rapidement, et je sais que vous serez au rendez-vous, au rendez-vous de la jeunesse de France, comme l’ensemble des ministères concernés. Car ce projet est un de ceux qui font la trame de notre nation.
Mesdames et Messieurs, les Français comptent sur vous.
Je compte sur vous.
Et vous pouvez compter sur moi pour poursuivre le travail amorcé, pour redonner à notre pays les moyens de sa défense et de sa sécurité, comme vous pouvez compter sur notre ministre Florence Parly, sur Geneviève Darrieussecq, sur le général François Lecointre et vos chefs d’état-major qui vous commandent. Ils ont toute ma confiance.
Et je veux avoir un mot, ce soir, pour le Général Bosser, chef d’état-major de l’armée de terre. Dans quelques jours, il quittera le service actif, après une longue et brillante carrière au service de la France. Merci, mon Général, merci.
À vous tous, ici ce soir, une nouvelle fois : merci pour votre engagement.
Les Français vous aiment. Les Français savent ce qu’ils vous doivent.
Alors, avec toute la confiance que j’ai en vous, et fier de notre action, je peux dire avec conviction, en cette veille de fête nationale :
Vive la République !
Vive la France !
Et merci.
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