Cela fait aujourd’hui dix ans que les Syriens sont pacifiquement descendus dans les rues pour réclamer des réformes. La réponse du régime de Bachar Al-Assad a été d’une violence épouvantable. Le président Assad et ses soutiens portent la responsabilité des années de guerre et de souffrance humaine qui ont suivi. Nous louons l’action des individus et organisations courageux qui ont, durant les dix dernières années, révélé la vérité depuis la Syrie, documenté et suivi les exactions, atrocités de masse et graves violations du droit international afin que leurs auteurs rendent des comptes, et fourni une aide vitale aux populations concernées. Ce travail demeure essentiel.
Après des années de conflit, de corruption généralisée et de mauvaise gestion économique, l’économie syrienne est exsangue. Plus de la moitié de la population, soit environ 13 millions de Syriens, dépendent de l’aide humanitaire. Les millions de réfugiés syriens, généreusement accueillis par les pays voisins de la Syrie, la Turquie, la Jordanie, le Liban, l’Irak et l’Egypte, de même que les personnes déplacées à l’intérieur du pays, ne peuvent toujours pas retourner chez eux sans craindre violence, arrestations arbitraires et torture. Le conflit prolongé a également constitué un terrain à exploiter pour les terroristes, et particulièrement Daech. La prévention de la résurgence de Daech demeure une priorité.
Il est impératif que le régime et ses soutiens s’impliquent sérieusement dans le processus politique et permettent l’acheminement de l’aide humanitaire vers les populations qui en ont besoin. Les élections présidentielles syriennes prévues pour cette année ne seront ni libres, ni régulières, et ne doivent pas conduire à des mesures de normalisation internationale avec le régime syrien. Tout processus politique nécessite la participation de tous les Syriens, y compris la diaspora et les personnes déplacées, afin de permettre à toutes les voix d’être entendues.
Nous, ministres des affaires étrangères de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, du Royaume-Uni et des Etats-Unis, n’abandonnerons pas le peuple syrien. Nos nations s’engagent à redynamiser la recherche d’une solution pacifique, qui protège les droits et la prospérité future de tous les Syriens, sur le fondement de la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies. L’impunité est inacceptable et nous continuerons fermement à oeuvrer pour que des comptes soient rendus pour les crimes les plus graves. Nous continuerons à soutenir le rôle important de la Commission d’enquête internationale et du Mécanisme international, impartial et indépendant. Nous accueillons les efforts continus des juridictions nationales pour mener des enquêtes et poursuites relevant de leurs compétences au sujet des crimes commis en Syrie. Nous ne tolérerons pas le non-respect par la Syrie de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques et à ce titre, nous soutenons pleinement le travail de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques. Nous continuerons d’appeler fermement à un cessez-le-feu national, à un accès humanitaire sans entrave, par toutes les voies possibles, pour atteindre ceux qui ont besoin d’aide, y compris grâce au renouvellement de la résolution 2533 et du mécanisme transfrontalier par le Conseil de sécurité des Nations unies, ainsi qu’à la libération des personnes détenues arbitrairement, et à des élections libres et régulières sous l’égide des Nations unies, avec la participation de tous les Syriens, y compris les membres de la diaspora. À cette fin, nous réitérons notre soutien ferme aux efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies pour la Syrie, Geir Pedersen, pour mettre en oeuvre tous les aspects de la résolution 2254 du Conseil de sécurité, seul moyen de résoudre ce conflit. Un progrès manifeste vers un processus politique inclusif et vers la fin de la répression du peuple syrien est essentiel. Nous ne pouvons laisser cette tragédie perdurer une décennie de plus.
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