Bonjour.
Il y a quelques semaines, peu de temps après mon entrée en fonction au poste de secrétaire d’État, je me suis adressé directement aux Américains. J’ai dit que mon premier travail consistait à veiller à ce que la politique étrangère américaine soit à leur service, à ce qu’elle améliore la sécurité de leurs vies, crée des possibilités pour leurs familles et leurs collectivités, et réponde aux défis mondiaux qui façonnent de plus en plus leur avenir.
Et j’ai indiqué que l’un des moyens clés par lequel nous allions réaliser ce que les Américains attendent de nous serait de réaffirmer et de revitaliser nos alliances et nos partenariats à travers le monde.
C’est pourquoi je suis venu à Bruxelles cette semaine. Je vous parle depuis le siège de l’OTAN, l’Alliance qui défend la sécurité et la liberté de l’Europe et de l’Amérique du Nord depuis près de 75 ans.
Aujourd’hui, les Américains sont en désaccord sur quelques sujets, mais la valeur des alliances et des partenariats n’en est pas un… Et ce n’est pas difficile de comprendre pourquoi. Ils voient à quelles menaces nous sommes confrontés – tels le changement climatique, la pandémie de COVID-19, les inégalités économiques et la Chine qui prend de plus en plus d’assurance – et ils savent que les États-Unis ont plus de chance d’y faire face avec leurs partenaires que de faire cavalier seul. Et tous nos alliés peuvent en dire autant.
Aujourd’hui, le monde est très différent de ce qu’il était il y a des dizaines d’années, lorsque nous avons formé nombre de nos alliances – ou même par rapport à il y a quatre ans. Les menaces se sont multipliées. La concurrence s’est durcie. La dynamique du pouvoir a changé. La confiance dans nos alliances a été ébranlée – la confiance entre nous et la confiance dans la force de nos engagements. Entre nos alliances et même en leur sein, nous ne sommes pas toujours d’accord quant aux menaces auxquelles nous sommes confrontés ou sur la manière d’y répondre. Nos valeurs communes que sont la démocratie et les droits de l’Homme sont remises en cause – non seulement à l’extérieur de nos pays, mais aussi à l’intérieur. Et les nouvelles menaces prennent de vitesse nos efforts visant à développer les capacités dont nous avons besoin pour nous défendre.
Pour autant, tout cela ne change rien au fait que nous avons besoin d’alliances – maintenant plus que jamais, voire encore plus. Le défi auquel nous sommes confrontés, c’est que nous devons nous adapter et renouveler ces alliances de sorte qu’elles puissent faire face aux menaces actuelles et continuer de servir nos populations aujourd’hui, comme elles l’ont fait par le passé.
Aujourd’hui, je vais expliquer comment procéder.
Je vais d’abord définir les menaces communes auxquelles nous sommes confrontés. Ensuite, je vais parler de ce que nous devons faire pour réaffirmer et revitaliser nos alliances afin qu’elles puissent non seulement se défendre contre ces menaces, mais aussi protéger nos valeurs et nos intérêts communs. Et enfin, je vais énoncer ce que nos alliés peuvent attendre des États-Unis, et ce que nous attendons à notre tour de nos alliés.
D’abord, il faut identifier les menaces les plus urgentes auxquelles nous faisons face aujourd’hui.
À mon avis, elles se divisent en trois catégories.
La première, ce sont les menaces militaires qui émanent des autres pays. Nous le constatons dans les efforts déployés par la Chine pour mettre en péril la liberté de navigation, militariser la mer de Chine méridionale, s’en prendre aux pays de la zone indopacifique avec des capacités militaires de plus en plus sophistiquées. Les ambitions militaires de Beijing augmentent d’année en année. Conjugués aux réalités de la technologie moderne, les défis qui semblaient naguère à l’autre bout du monde ne sont plus si lointains. Nous le voyons également dans les nouvelles capacités et stratégies militaires développées par la Russie pour remettre en question nos alliances et saper l’ordre fondé sur des règles qui garantit notre sécurité collective. Cela comprend notamment l’agression de Moscou dans l’est de l’Ukraine ; le renforcement de ses forces, ses exercices à grande échelle et ses actes d’intimidation en mer Baltique et en mer Noire, dans la Méditerranée orientale et le Grand Nord ; la modernisation de ses capacités nucléaires ; et son utilisation d’armes chimiques contre ses critiques sur le sol de l’OTAN.
Et au-delà de la Chine et de la Russie, des acteurs régionaux comme l’Iran et la Corée du Nord cherchent à acquérir des capacités nucléaires et de missiles qui menacent les alliés et les partenaires des États-Unis.
La deuxième catégorie concerne les menaces non militaires qui émanent de plusieurs de ces mêmes pays, les tactiques technologiques, économiques et informationnelles qui menacent notre sécurité. Il s’agit notamment du recours à des campagnes de désinformation et à la corruption armée pour alimenter la méfiance envers nos démocraties, et à des cyberattaques destinées à nuire à nos infrastructures essentielles et à voler de la propriété intellectuelle. De la coercition économique flagrante exercée par la Chine envers l’Australie, à l’usage de la désinformation par la Russie pour miner la confiance dans les élections et dans la sécurité et l’efficacité des vaccins, ces actes agressifs mettent en danger non seulement nos pays individuellement, mais aussi nos valeurs communes.
Et la troisième catégorie est celle des crises mondiales comme le changement climatique et la COVID-19. Ce ne sont pas des menaces posées par des gouvernements spécifiques ; ce sont des menaces mondiales. La hausse des températures, l’élévation du niveau de la mer et l’intensification des tempêtes affectent tous les domaines, de l’état de préparation militaire à la configuration des migrations humaines, en passant par la sécurité alimentaire. Comme la pandémie de la COVID-19 l’a clairement démontré, notre sécurité sanitaire est étroitement liée, et aussi solide que l’est notre plus faible maillon.
Nous sommes également confrontés au terrorisme mondial, qui recoupe souvent ces catégories. Bien que nous ayons considérablement réduit la menace terroriste, elle demeure importante, en particulier lorsque des groupes et des particuliers bénéficient du soutien et de la protection des gouvernements ou trouvent refuge dans des espaces non gouvernés.
Bon nombre de ces menaces n’étaient pas présentes dans les esprits lors de la formation de nos alliances. Certaines n’existaient même pas. Mais c’est la grande force de nos alliances : elles ont été conçues pour s’adapter, pour évoluer à mesure que de nouveaux défis émergent.
Alors voici comment nous pouvons leur permettre de s’adapter aujourd’hui.
Premièrement, nous devons renouveler notre attachement à nos alliances et aux valeurs communes qui les sous-tendent.
Quand l’Amérique a été attaquée lors du 11-Septembre, nos alliés de l’OTAN ont immédiatement et unanimement invoqué l’article 5 — une attaque contre l’un de nous est considérée comme une attaque contre tous. Cela reste la seule fois dans l’histoire que l’article 5 a été invoqué, et c’était pour protéger les États-Unis. Nous ne l’oublierons jamais. Et nos alliés peuvent attendre autant de nous aujourd’hui. Comme l’a dit le président Biden à la Conférence de Munich sur la sécurité le mois dernier, vous avez notre promesse indéfectible : l’Amérique soutient pleinement l’OTAN, y compris l’article 5.
C’est un serment que j’ai réaffirmé à nos alliés de l’OTAN cette semaine.
Le secrétaire à la Défense Lloyd Austin et moi-même avons exprimé cet engagement au Japon et à la Corée du Sud, nos alliés, où nous avons récemment conclu des négociations sur les accords de partage du fardeau qui contribueront à maintenir la paix et la prospérité dans un Indopacifique libre et ouvert pour les années à venir.
Nos alliances ont été créées pour défendre nos valeurs communes. Donc, renouveler notre engagement exige de réaffirmer ces valeurs, le socle des relations internationales que nous nous sommes juré de protéger : un ordre libre et ouvert basé sur des règles. Nous avons du pain sur la planche à cet égard. Pratiquement toutes les démocraties du monde font face à des défis à l’heure actuelle, y compris les États-Unis. Nous nous trouvons face à des inégalités profondes, au racisme systémique et à la polarisation politique – autant de défis qui rendent chacun notre démocratie moins résiliente.
Il incombe à nous tous de mettre en relief ce qui a toujours été la force la plus importante de ce système, à savoir nos citoyens et la foi que nous avons en eux pour améliorer nos sociétés et nos institutions. La plus grande menace à nos démocraties n’est pas qu’elles soient imparfaites – elles l’ont toujours été. La plus grande menace est que nos citoyens perdent la foi en la capacité de la démocratie à corriger ses défauts – à bâtir sur l’engagement pris dès notre fondation de former une union plus parfaite. Ce qui distingue les démocraties des autocraties est notre capacité et notre volonté d’affronter ouvertement nos propres manquements – et non pas de prétendre qu’ils n’existent pas, de s’en détourner ou de les passer sous silence.
Nous devons également nous obliger mutuellement à respecter les valeurs qui sont au cœur de nos alliances et à affronter la récession démocratique partout dans le monde. Nous devons tous faire entendre notre voix lorsque des pays se soustraient à la démocratie et aux droits de l’Homme. C’est ce que font les démocraties – nous relevons les défis au grand jour. Nous devons également aider ces pays à reprendre le droit chemin, en renforçant les garde-fous de la démocratie, notamment une presse libre et indépendante, des organes de lutte contre la corruption et des institutions qui protègent l’État de droit.
Renouveler notre engagement envers nos alliances, c’est aussi cela.
Deuxièmement, nous devons moderniser nos alliances.
Cela signifie d’abord améliorer nos capacités militaires et leur état de préparation afin de garantir le maintien d’une dissuasion militaire forte et crédible. Par exemple, nous devons faire en sorte que notre dissuasion stratégique nucléaire demeure sûre, sécurisé et efficace, en particulier au vu de la modernisation de la Russie. C’est essentiel pour que nos engagements envers nos alliés restent forts et crédibles, même si nous prenons des mesures pour réduire davantage le rôle des armes nucléaires dans notre sécurité nationale. Nous coopérerons également avec nos alliés de l’Indopacifique pour relever une vaste gamme de défis complexes en matière de sécurité dans la région.
Nous devons augmenter notre capacité à répondre aux menaces qui se présentent dans les domaines économique, technologique et de l’information. Et nous ne pouvons plus nous en tenir à des actions défensives – nous devons adopter une approche affirmative.
Nous avons vu comment Beijing et Moscou tirent de plus en plus parti de l’accès aux ressources, aux marchés et aux technologies critiques pour faire pression sur nos alliés et créer une division entre nous. Il va de soi que chaque État prend ses propres décisions. Mais nous ne devons pas séparer la contrainte économique des autres formes de pression. Lorsque l’un d’entre nous est soumis à des pressions, nous devons réagir en tant qu’alliés et travailler en collaboration pour réduire notre vulnérabilité en veillant à ce que nos économies soient plus intégrées les unes aux autres qu’elles ne le sont à celles de nos principaux concurrents. Cela signifie faire équipe pour développer les innovations de pointe ; veiller à ce que nos chaînes d’approvisionnement soient plus résilientes ; fixer les normes et les standards qui gouverneront les technologies émergentes ; et imposer des coûts à ceux qui les enfreignent. L’Histoire nous apprend que, ce faisant, davantage de pays choisiront les espaces ouverts et sécurisés que nous bâtissons ensemble.
Et nous devons augmenter notre capacité à répondre aux menaces transnationales, en particulier le changement climatique et les pandémies telles que la COVID-19. Ces défis sont si vastes – et les mesures nécessaires pour y répondre sont d’une telle envergure – que nos efforts pour les relever doivent être intégrés dans pratiquement tout ce que nous faisons, et coordonnés avec un vaste réseau de partenaires.
Troisièmement, nous devons tisser ensemble de plus vastes coalitions d’alliés et de partenaires.
Trop souvent, nous cloisonnons nos alliances et nos partenariats. Nous ne faisons pas assez d’efforts pour les réunir. Mais nous devons le faire. Car plus les pays aux forces et aux capacités concordantes s’uniront pour réaliser leurs objectifs communs, mieux nous serons placés.
C’est le concept à la base du groupe de pays que nous appelons « le Quad » : l’Australie, l’Inde, le Japon et les États-Unis. Le président Biden a récemment accueilli le tout premier sommet du Quad. Nous partageons la vision d’une région indopacifique libre, ouverte, inclusive et en bonne santé, affranchie des contraintes et ancrée dans les valeurs démocratiques. Nous formons une bonne équipe. Et notre coopération soutiendra les efforts déployés parallèlement pour assurer la sécurité dans les mers de Chine orientale et méridionale aussi bien que pour développer la production de vaccins sûrs, abordables et efficaces, et accroître un accès équitable à ces vaccins.
L’approfondissement de la coopération entre l’OTAN et l’Union européenne est un autre exemple. Une collaboration plus étroite sur des dossiers tels que la cybersécurité, la sécurité énergétique, la sécurité sanitaire et la protection de l’infrastructure critique contribuera à renforcer notre résilience et notre état de préparation face aux menaces actuelles. Cela nous rend également plus forts lorsque nous défendons nos valeurs.
Prenez l’exemple des sanctions que les États-Unis viennent d’imposer, aux côtés du Canada, de l’Union européenne et du Royaume-Uni, sur des individus impliqués dans les atrocités commises contre les Ouïgours au Xinjiang. Les sanctions imposées en représailles par la Chine contre des membres du parlement européen et du Comité politique et de sécurité de l’Union européenne, des universitaires et des organes de réflexion montrent qu’il est plus important que jamais d’être fermes et unis, sous peine d’envoyer le message que l’intimidation porte des fruits. Cela signifie, entre autres, nous tenir aux côtés de nos partenaires européens qui ne sont pas membres de l’OTAN, et dont beaucoup continuent de se tenir fermement avec nous sur les lignes de front de l’Alliance.
Et nous nous tournerons, au-delà des gouvernements nationaux, vers le secteur privé, la société civile, les philanthropes, les villes et les universités. Une coopération diversifiée et de grande envergure est essentielle pour protéger les biens communs – ces ressources que tous les peuples ont le droit de partager et d’exploiter, et sur lesquelles nos adversaires empiètent actuellement.
Prenez l’exemple de la 5G, où la technologie chinoise constitue de graves risques de surveillance. Nous devons réunir les sociétés technologiques de pays tels que la Suède, la Finlande, la Corée du Sud et les États-Unis, et utiliser des investissements publics et privés pour créer une autre possibilité qui sera sûre et digne de confiance. Nous avons passé des dizaines d’années à nouer des relations avec des pays qui partagent nos valeurs aux quatre coins de la planète. C’est la raison pour laquelle nous avons tant investi dans ces partenariats, afin de nous collaborer de manière innovante pour résoudre les nouveaux défis de ce genre.
À ceux qui doutent de ce que nous pouvons accomplir lorsque nous travaillons ainsi ensemble, je rappellerai la coopération sans précédent des scientifiques qui ont partagé les séquences génomiques du virus entre leurs institutions et au-delà des frontières – ces recherches qui ont été indispensables à la découverte de plusieurs vaccins sûrs et efficaces contre la COVID-19, en temps un record. Le tout premier de ces vaccins à être approuvé par l’Organisation mondiale de la santé a été mis au point par un médecin né en Turquie et qui a grandi en Allemagne, où il a cofondé une entreprise pharmaceutique européenne. Celle-ci s’est associée à une société américaine pour produire ce vaccin.
Les alliés et les partenaires de l’Amérique écoutent peut-être mes propos aujourd’hui et se disent : « Nous devons savoir ce que nous pouvons attendre de vous. » Parce que la confiance, comme je l’ai dit, a été quelque peu ébranlée ces dernières années.
Alors, permettez-moi d’être clair sur ce que les États-Unis peuvent promettre à leurs alliés et partenaires.
Quand nos alliés assumeront leur juste part du fardeau, ils pourront raisonnablement espérer avoir leur mot à dire dans les prises de décisions. Nous y veillerons. D’abord, nous consulterons nos amis, tôt et souvent. C’est un élément essentiel de la politique étrangère du gouvernement Biden-Harris, et c’est une rupture avec le passé que nos alliés constatent déjà et apprécient.
Nous considérerons comme un atout les efforts de nos alliés pour développer une capacité stratégique accrue, et non pas une menace. Des alliés plus forts signifient des alliances plus fortes. Et au fur et à mesure que les États-Unis développent leurs capacités pour répondre aux menaces que j’ai détaillées aujourd’hui, nous veillerons à ce qu’elles demeurent compatibles avec nos alliances – et qu’elles aident à renforcer la sécurité de nos alliés. Nous demanderons à nos alliés d’en faire autant.
Les États-Unis n’obligeront pas leurs alliés à faire un choix entre « nous et eux » en ce qui concerne la Chine. Il va sans dire que le comportement coercitif de Beijing menace notre sécurité et notre prospérité collectives, et qu’il s’emploie activement à saper les règles du système international et les valeurs que nous partageons avec nos alliés. Mais cela ne signifie pas que les pays ne peuvent pas travailler avec la Chine quand c’est possible. Par exemple sur les questions de changement climatique et de sécurité sanitaire.
Nous savons que nos alliés ont des relations complexes avec la Chine, qui ne correspondent pas toujours parfaitement aux nôtres. Mais nous devons relever ces défis ensemble. C’est-à-dire, travailler avec nos alliés pour combler nos lacunes dans les domaines comme la technologie et les infrastructures, que Beijing exploite pour exercer nous forcer la main. Nous nous appuierons sur l’innovation, pas sur les ultimatums. Parce que si nous travaillons ensemble pour concrétiser notre vision positive de l’ordre international, si nous défendons le système libre et ouvert qui, nous le savons, fournit les conditions les plus favorables à l’ingéniosité, à la dignité et aux relations humaines, nous sommes convaincus que nous pouvons supplanter la Chine dans tous les domaines.
Nous y mettrons toujours du nôtre, et nous ne serons jamais insensibles lorsque nos alliés y mettront du leur. À dire vrai, cette question a souvent été un sujet controversé, en particulier dans les relations transatlantiques. Nous sommes conscients des progrès importants réalisés par bon nombre de nos alliés de l’OTAN pour ce qui est de l’amélioration des investissements en matière de défense, notamment les progrès réalisés pour respecter l’engagement pris au sommet du Pays de Galles de consacrer 2 % du PIB aux dépenses de défense d’ici 2024. La pleine mise en œuvre de ces engagements est cruciale. Mais nous reconnaissons également la nécessité d’adopter une vision plus globale du partage de la charge. Aucun chiffre ne résume à lui seul la contribution totale d’un pays à la défense de notre sécurité et de nos intérêts collectifs, surtout dans un monde où un nombre croissant de menaces ne peuvent être affrontées par la force militaire. Nous devons reconnaître que, parce que les alliés ont des capacités et des forces comparatives distinctes, ils assumeront leur part du fardeau de différentes manières. Cela ne veut pas dire qu’il faut abandonner les objectifs que nous nous sommes fixés ou en faire moins. En fait, les menaces communes auxquelles nous faisons face exigent que nous en fassions plus.
Nous devons pouvoir avoir ces conversations difficiles, et même ne pas être d’accord, tout en continuant à nous traiter les uns les autres avec respect. Trop souvent ces dernières années, aux États-Unis, nous avons agi comme si nous avions oublié qui sont nos amis. Cela a déjà changé.
Les États-Unis feront un usage judicieux de leur puissance, en particulier de leur puissance militaire, pour faire face aux conflits à l’étranger. Nous éviterons les déséquilibres entre nos ambitions de principe et les risques que nous sommes prêts à prendre pour les réaliser, en grande partie parce que lorsque nous dispersons trop nos forces, nous limitons notre capacité à nous concentrer sur d’autres défis qui peuvent avoir le plus grand impact sur la vie des Américains.
Enfin, certains de nos alliés se demandent si notre engagement envers leur sécurité est durable. Ils nous entendent dire « L’Amérique est de retour » et ils se demandent – pour combien de temps ?
C’est une question légitime. Voici ma réponse.
Il y a une raison pour laquelle la grande majorité des Américains – des deux partis politiques – est solidaire de nos alliances, même si les clivages politiques les divisent sur bien d’autres sujets. C’est aussi la raison pour laquelle les républicains et les démocrates au Congrès ont toujours rassuré nos alliés sur la fermeté de nos engagements. C’est parce que nous considérons nos alliances non pas comme un fardeau, mais comme un moyen de rallier des soutiens pour façonner un monde qui reflète nos intérêts et nos valeurs.
Mais pour que ce soutien reste fort, nous, qui avons le privilège de représenter les États-Unis sur la scène mondiale, devons veiller à ce que nos alliances répondent aux besoins du peuple américain. Nous ne pouvons pas perdre cela de vue.
Nous devons démontrer non seulement ce contre quoi nos alliances se défendent, mais aussi ce qu’elles défendent, comme le droit qu’ont tous les peuples du monde d’être traités avec dignité et de pouvoir jouir de leurs libertés fondamentales. Ce n’est pas parce que notre politique étrangère reflète le monde tel qu’il est que nous devons renoncer à façonner le monde tel qu’il pourrait être : un monde plus sûr, plus pacifique, plus juste, plus équitable, un monde en meilleure santé, avec des démocraties plus fortes et plus de possibilités pour un plus grand nombre de personnes.
Somme toute, nous devons avoir une vision positive capable de rassembler les gens autour d’une cause commune. C’est quelque chose que nos adversaires ne peuvent pas offrir. Et c’est l’une de nos plus grandes forces.
C’est là que se rejoignent notre intérêt à être des alliés dignes de confiance et notre volonté de répondre aux besoins de nos citoyens. Nous ne pouvons pas construire une politique étrangère qui réponde aux besoins du peuple américain sans maintenir des alliances performantes. Et nous ne pouvons pas maintenir des alliances performantes sans montrer comment elles servent le peuple américain.
Il y a soixante-dix ans, une nouvelle recrue de l’armée de terre américaine qui était en formation à Fort Dix dans le New Jersey a envoyé une lettre à Dwight Eisenhower, qui était alors le tout premier commandant suprême des forces alliées en Europe. Dans sa lettre, le jeune soldat demandait à Eisenhower si sa mission consistait uniquement à, je cite, « tuer ou être tué ».
Eisenhower était un réaliste aguerri. Il avait vu de près les ravages de la guerre. Il comprenait parfaitement qu’envoyer des Américains défendre nos alliés, c’était risquer leur vie. Pour autant, il croyait toujours, comme il l’a écrit en réponse à ce soldat, je cite, « Les véritables objectifs humains sont une chose bien plus riche et plus constructive que la simple survie des forts. »
Les États-Unis et leurs alliés, a-t-il écrit, ont dû travailler ensemble pour bâtir un système ancré dans des valeurs communes. Et ces paroles n’étaient pas si différentes des valeurs qui guidaient notre vie quotidienne aux États-Unis. Comme l’a dit Eisenhower : « Tenter de résoudre avec décence, impartialité et justice la multitude de problèmes qui se présentent constamment à nous. » Cela ne signifie pas tenter de résoudre tous les problèmes dans le monde. Cela signifie plutôt que lorsque nous avons à résoudre un problème, nous ne perdions pas de vue nos valeurs, qui sont à la fois une source de notre force et d’humilité. Eisenhower a répondu au soldat qu’il espérait que ses paroles lui donneraient « une petite mesure d’optimisme et de foi ».
Eisenhower n’aurait jamais pu imaginer la plupart des défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui. Mais il savait que, quelles que soient les nouvelles menaces qui émergeraient, nous voudrions y faire face avec des partenaires qui partagent nos valeurs.
L’année dernière a été l’une des périodes les plus difficiles de l’histoire de nos nations, et nous n’avons pas encore émergé de la crise, même si nous avons de réelles raisons d’avoir de l’espoir. Mais notre coopération avec nos alliés et partenaires nous apporte plus qu’une petite mesure d’optimisme et de foi. Elle nous montre la voie à suivre : ensemble, ancrés dans nos valeurs communes, et déterminés à non seulement rebâtir nos alliances et nos partenariats, mais aussi à les améliorer. Si nous y parvenons, il n’existe aucun défi que nous ne pourrons pas relever.
Merci beaucoup.
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