" (...) Mais l’on ne pouvait qu’être inquiété par les conditions de naissance de la mission parlementaire. D’abord par la personne de son Président fondateur, Paul Quiles, ancien ministre de la Défense, à ce titre peu enclin à pousser trop loin des investigations qui auraient pu gêner certains éléments de l’armée, et surtout peu soupçonnable d’acrimonie envers François Mitterrand. Ce dernier point, s’est confirmé par la suite, avec le recrutement d’une attachée de presse venue de chez Michel Charasse, encore moins suspect d’antimitterrandisme. Suspecte, au contraire, la rapidité de réaction de Paul Quiles : à peine quelques universitaires et organisations humanitaires, soutenus par une poignée de Verts et de Communistes, avaient-ils réclamé une commission d’enquête en des termes modérés qu’aussitôt il s’empressait de lancer sa mission , comme s’il avait attendu cet appel.
(...) On savait depuis longtemps que, pour enterrer un problème ou un scandale, il suffisait de créer une commission d’enquête. Saura-t-on dorénavant que, pour en niez l’existence même, on dispose de mieux encore : une " mission d’information " ? Notre représentation parlementaire n’aura-t-elle pas été capable de réaliser ce qu’a accompli la Belgique, si souvent moquée par les français ? Et le fait que les Etats-Unis, plus grande démocratie autoproclamée du monde, n’envisagent pas même de créer une " mission d’information " sur leur rôle dans la guerre et les crimes contre l’humanité commis à l’est du Congo en 1997 ne saurait en aucun cas constituer une excuse pour des députés qui auront en ce cas laissé bafouer l’honneur de la République. "
(Dominique Franche, Les Inrockuptibles N°178, 16 décembre 1998)
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