Nous ne hurlerons pas avec les loups ! Oui la situation actuelle du Rwanda est inquiétante : pendant que ce pays se débat toujours dans des problèmes de survie au quotidien, où apparaît régulièrement des problèmes de disette, où l’OMS constate que plus 15 % de la population est atteinte du Sida, au moment où le pays commémore le 6ème anniversaire du génocide sans que la justice, la réintégrité de la dignité des victimes ne soient réalisé, alors que des bruits de bottes se font entendre aux frontières avec l’Ouganda, qui il y a encore quelques temps était un pays ami, le Rwanda traverse aussi une crise politique.
Dans le même temps, des rapports internationaux accusent le Rwanda de manquement graves aux droits de l’homme notamment dans les prisons et font état de cas de tortures voire de disparitions tandis qu’on estime que le nouveau Président, le général Paul Kagame, est de plus en plus isolé. Un rapport de l’ONU lui ferait même porter la responsabilité de l’attentat sur l’avion présidentiel le 6 avril 1994 qui a mis le feu aux poudres du génocide.
Ces accusations ont sans doute des fondements. Nous suivrons donc de façon vigilante l’évolution de la situation pour savoir ce qui est vrai de ce qui est fantasque. Notamment, nous attendrons les conclusions des travaux réalisés par la commission nationale des droits de l’homme présidée par Gasana Ndoba qui a lui-même fait état de plusieurs cas de torture.
Pourtant, combien de pays en guerre, puisque le Rwanda est en guerre, arrive a gérer une vacance du pouvoir comme il y a eu au Rwanda (démission du 1er ministre puis du Président), et relance les institutions politiques sans coups d’état et sans qu’une goutte de sang ne soit versée ? Le Rwanda y est arrivé.
Quel pays d’Afrique laisse la liberté à ses journalistes de critiquer les autorités et d’écrire avec la plus grande liberté même quelque fois sans preuve ni réelle déontologie journalistique ? Le Rwanda offre cette liberté de la presse.
Quel pays, qui, comme aucun autre, est confronté a la mise en place d’une justice totalement exsangue il y a 6 ans et pour rendre la justice a 1 million de victimes, juger 120000 personnes accusées du plus grave des crimes commis, celui de génocide, sans qu’il y ait une véritable hécatombe parmi les prisonniers ? Le Rwanda arrive a gérer cette situation explosive où les parties civiles, les victimes, disparaissent plus vite que les bourreaux enfermé en prison dont la mortalité ne dépasse pas ? ? ?
Non, nous ne jetteront pas aussi vite la pierre sur le Rwanda comme certains le font avec sûreté : " On vous l’avait bien dit ". Ce sont les mêmes qui, depuis plusieurs années, cloue au piloris toutes initiatives du Rwanda, qualifie de " hutu de service " les membres du gouvernement puis de " hutu modéré " une fois qu’ils ont démissionné, les mêmes qui théorise sur le thème du double génocide...
Oui, nous resterons vigilant, aussi bien sur les dérapages réels ou virtuels du Rwanda aussi bien que sur les points positifs qui ne manqueront pas de venir dans les mois qui viennent. Ce n’est pas le moment de baisser les bras, continuons notre soutien a ceux qui luttent quotidiennement à l’intérieur du pays pour reconstruire un Rwanda nouveau et réconcilié pour le futur.
Signe encourageant, la Belgique officielle lance le début d’une vraie reconnaissance du crime et des responsabilités partagés. C’est peut-être un bien faible signe encourageant dans l’avalanche de mauvaises nouvelles qui déferle en ce moment mais aussi un premier pas vers un monde plus respectueux et plus solidaire des victimes rwandaises. (TL)
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