Les sectes jouissent en principe de la même liberté de religion que d’autres courants religieux, églises et groupes philosophiques. Elles jouissent de la liberté d’association.
L’Etat doit en principe adopter une position de neutralité. Dans certains cas, on est toutefois parfois trop réticent, tandis que dans d’autres, on intervient trop vite.
Un groupe religieux ne peut bénéficier d’un statut d’exception à l’égard de la justice : la connotation religieuse ne peut constituer une entrave à une intervention. L’individu n’est pas tenu par l’obligation de neutralité qu’a l’Etat et peut donc formuler des critiques à l’égard des sectes.
D’autre part, c’est précisément l’obligation de neutralité des pouvoirs publics qui doit les inciter à se prononcer et à fournir des informations sur les sectes. L’Etat de droit pluraliste doit empêcher que différents groupes qui prétendent détenir la vérité, mais qui ne peuvent en apporter la preuve, n’acquièrent une trop grande influence dans la société.
Il incombe aux organisations philosophiques, aux églises aux organisations religieuses, aux associations laïques et aux mouvements sociaux de formuler des critiques à l’encontre des sectes qui prétendent détenir la vérité exclusive sur le plan religieux. Une telle affirmation est en effet contraire à notre éthique démocratique.
De nombreuses sectes commettent en outre des erreurs morales et juridiques tant au moment de l’adhésion de nouveaux membres qu’au départ de membres.
Par analogie avec l’éthique médicale (le principe du consentement libre et informé), les personnes qui s’affilient à une secte devraient recevoir des informations complètes sur la structure de l’organisation et ses fondements religieux ou philosophiques avant de prendre une décision définitive. Au sein des Témoins de Jéhovah et de l’Eglise de Scientologie, par exemple, il y a des membres qui ne sont toujours pas informés à ce sujet après plusieurs années.
Un autre aspect concerne la portée de l’autorité parentale. L’intervenant estime que les parents ne peuvent prendre des décisions qui mettent la vie de leurs enfants en danger sur la base de leur conviction religieuse. Les autorités ont l’obligation éthique et morale de donner la primauté à la vie des enfants plutôt qu’à la conviction des parents (par exemple, en cas de transfusion sanguine ou de vaccination). Les adultes ont le droit de faire ce choix pour eux-mêmes mais pas pour leurs enfants.
Une autre question est celle de savoir si les parents ont le droit d’éduquer leurs enfants dans un milieu tout à fait coupé des valeurs et des normes de la société (par exemple les écoles de Sahaya Yoga ou de Krishna). Le témoin peut difficilement l’accepter mais comprend que les pouvoirs publics puisssent difficilement intervenir.
Il ne faut pas confondre la tolérance avec l’indifférence sociale. Nous avons le devoir moral d’engager le débat avec les sectes, même s’il est particulièrement difficile d’avoir un débat fondamental avec el-les, du fait qu’elles refusent de remettre leur doctrine en question.
L’orateur estime que le succès des sectes est lié à l’augmentation croissante de l’indifférence sur le plan moral et philosophique.
La prévention peut consister à inciter les gens à parler de leurs convictions religieuses et philosophiques.
M. De Droogh estime en outre que le rapport français et les documents préparatoires de cette commission d’enquête montrent la difficulté de formuler une définition précise de la notion de secte. Il est vain selon lui de tenter de résoudre le problème des sectes en formulant une définition claire et précise de ce phénomène.
Le rapport français constitue un pas important dans l’élaboration d’une approche pragmatique qui repose sur un certain nombre de critères. C’est la bonne méthode pour appréhender le phénomène. L’application de ces critères pragmatiques montre que si l’ordre rosicrucien, la franc-maçonnerie, le Bahaï, l’Arche et des dizaines de groupements de la mouvance New Age peuvent être considérés comme des associations ésotériques, des sociétés secrètes ou fermées, il ne s’agit manifestement pas de sectes.
Certains groupes ont évolué. C’est ainsi que les Mormons, tels qu’ils se présentent aujourd’hui en Belgique, ne peuvent plus être qualifiés de secte. Des Mormons posent aujourd’hui des questions critiques sur les véritables fondements et sources de leur Eglise, comme cela s’est fait précédemment dans les Eglises protestante en catholique.
Baghwan était, dans les années 1970, un groupement relativement ouvert et s’est transformé en une communauté sectaire.
L’appellation " secte " ne peut pas être utilisée comme étiquette. Chaque groupe doit faire l’objet d’une évaluation spécifique. Les sectes peuvent également, d’une certaine manière, avoir des effets positifs : sentiment de sécurité et exutoire pour l’idéalisme. Certains se sentent heureux au sein de leur secte, ce qui ne signifie cependant pas qu’une secte soit une bonne chose : certains se sentent bien en prison ou dans un camp de concentration. Bref, on ne peut donc pas clôturer définitivement la liste des sectes. Les critères peuvent être plus ou moins remplis et il y a de nombreux cas limites.
Pour la VVPG, les sectes sont des groupes fermés, caractérisés par une forte cohésion interne et dirigés par un leader charismatique (homme ou femme) qui s’attribue souvent une autorité divine. Le groupe promet toujours à ses adeptes, d’une manière ou d’une autre, qu’ils se verront conférer des pouvoirs extraordinaires, qu’ils deviendront " clear " ou illuminés, qu’ils acquerront des caractéristiques divines ou qu’ils guériront. On n’espère pas le salut dans l’autre monde mais dans l’immédiat et uniquement en adhérant à ce groupe.
Les sectes sont des excroissances dogmatiques dans le domaine religieux.
Mme Eileen Barker, directrice d’un centre britannique d’aide et d’information sur les sectes, (subventionné par les pouvoirs publics), part du principe qu’il existe une situation potentiellement dangereuse lorsqu’un mouvement se sépare du reste de la société, lorsque la vision du monde des adeptes dépend de plus en plus de celle de la secte et lorsque ceux-ci ne peuvent plus lire autre chose que la littérature propre à la secte.
Le mouvement définit des limites claires et qui ne peuvent être remises en question entre le bien et le mal, entre le divin et le satanique (le monde de pensée " blanc ou noir " caractéristique). Les leaders prennent des décisions importantes concernant la vie des adeptes (par exemple chez Moon, le choix du conjoint) et s’attribuent des pouvoirs divins.
M. Kranenborg, le spécialiste néerlandais des religions affirme que les sectes ne sont pas dangereuses mais signale cependant un certain nombre de facteurs de risque que les pouvoirs publics doivent surveiller : tensions dans les relations, endoctrinement, instabilité psychique, rupture avec l’entourage, leader autoritaire, pensée manichéenne et isolement.
Deux facteurs connexes augmentent le risque : la pensée eschatologique (Jonestown, l’Ordre du Temple Solaire, David Coresh) et la promesse d’une augmentation des pouvoirs et des connaissances, non pas après la mort mais ici-bas.
Dans le milieu des sectes, quiconque est attaché à l’idéal de tolérance éprouve une impression de malaise.
La liberté de religion était à la base des droits de l’homme. On peut se demander où sont les limites de la tolérance.
Le témoin partage le point de vue du professeur Dobbelaere, selon lequel l’Eglise de Scientologie constitue, dans un sens plus large, un groupement religieux, mais que ce n’est pas parce qu’un mouve-ment est religieux que l’on ne peut poser des questions à son sujet.
Les pouvoirs publics doivent intervenir au cas où la loi est enfreinte. La liberté de religion ne peut servir à couvrir des pratiques répréhensibles (par exemple, sur le plan financier, voir l’ouvrage d’Alain Lallemand).
Il ressort par ailleurs du rapport Witteveen que les sectes disposent de capitaux dont l’origine peut difficilement être connue. Les autorités doivent veiller au respect des lois (fiscales, sociales, etc.) et protéger les personnes vulnérables et les enfants.
Le témoin plaide en faveur de l’instauration d’un code d’éthique par le prosélytisme : le prosélytisme doit être soumis à un certain nombre de règles, afin que les nouveaux membres reçoivent des informations correctes. Il estime que les autorités devraient avoir à l’égard des sectes la même attitude qu’à l’égard de l’alcool : bien qu’il nuise à la santé (mentale), nous n’optons pas pour sa prohibition mais nous proposons d’imposer diverses normes et règles afin de limiter sa nocivité.
La VVPG, qui lutte contre les sectes, ne peut pas être considérée elle-même comme une secte, contrairement à ce que certains affirment. Le conseil d’administration se compose de personnes dont les convictions philosophiques sont très diverses et qui exercent par ailleurs des activités dans de nombreux domaines. En outre, l’association prône la plus grande tolérance. Il n’existe pas non plus d’organisation de membres, les gens s’adressent spontanément à l’association. Celle-ci ne se base pas sur une philosophie bien définie.
L’association est opposée à la déprogrammation et l’a déjà fait savoir de manière explicite depuis quelques années.
Cette pratique existe surtout aux Etats-Unis où la situation est d’une extrême gravité.
L’association discute effectivement avec des adeptes de sectes mais il n’y a ni enlèvements ni séquestrations. Ces entretiens ont généralement lieu à la demande des familles.
Les statistiques sont établies sur la base des entretiens avec les intéressés et en appliquant les critères qui peuvent être considérés comme une espèce de définition de travail. Comme cela a été précisé par netempel, David Coresh) ailleurs, il s’agit d’une définition pragmatique basée sur une multitude de critères.
Certains groupes attendent très longtemps avant de faire connaître leurs véritables intentions et préparent peu à peu les intéressés à un rituel initiatique (exemple : l’Ecole de Philosophie). Toutes les personnes contactées ne deviennent pas membres (selon Eileen Barker, trois personnes sur dix mille deviennent membres dans le cas de l’Association pour l’unification du christianisme mondial). D’autres quittent la secte après un certain temps. Les personnes qui s’intègrent totalement à la secte sont les seules qui connaissent des problèmes. Ce sont les sectes qui vivent en communauté ou qui isolent leurs membres qui font l’objet du plus grand nombre de plaintes.
Le " background " social des adeptes diffère assez fortement selon la secte. Les Témoins de Jéhovah comptent davantage de membres peu instruits, tandis que d’autres groupes, tels que Bhagwan, attirent plutôt les intellectuels. L’attrait de la pensée dogmatique ne s’exerce assurément pas seulement à l’égard des catégories inférieures de la population.
Le fait que le centre ait eu à prendre en charge 601 cas en cinq ans, tandis que très peu d’affaires ont été constatées au niveau des parquets pendant cette période, s’explique peut-être par le fait que les personnes qui ressentent un sentiment de malaise concernant leur appartenance à une secte ne s’adressent pas toujours à la justice. On n’est pas convaincu que l’exploitation psychologique puisse être portée devant les tribunaux.
Un certain nombre d’affaires (divorce, droit de garde, etc.) sont liées aux sectes mais ne sont pas enregistrées en tant que telles. Les avocats déconseillent parfois à leurs clients de parler de la secte.
Beaucoup souhaitent rester discrets sur leur ancienne appartenance à une secte. Ils veulent oublier cet épisode et recommencer une nouvelle vie.
Jusqu’à présent, les membres de l’association n’ont pas été vraiment agressés par les sectes dans leur vie privée. Les discussions sont parfois désagréables mais elles sont importantes.
L’attention consacrée par les médias au phénomène des sectes et la création d’une commission d’enquête parlementaire ont provoqué une augmentation du nombre des demandes d’aide et des demandes d’information. Les demandes ont littéralement explosé à la suite d’une émission de télévision.
Il ne s’agit pas d’un problème qui ne touche que les jeunes. Les groupes chrétiens, le dogmatisme de l’église catholique plaisent, dans une très grande majorité des cas, aux personnes un peu plus âgées.
La " philosophie " intéresse apparemment plutôt les gens une fois qu’ils ont fait leur entrée dans la vie professionnelle.
Les parents obligent généralement leurs enfants à devenir membre de la secte.
On raconte que des enfants qui ont subi une trans-fusion sanguine contre le gré de leurs parents sont rejetés par leur famille, et que si ce n’est pas le cas, c’est la famille elle-même qui est exclue de la secte. Il ne s’agit pas d’un ordre à proprement parler, mais d’une pression exercée par le groupe.
Les petits groupes peuvent être aussi dangereux que les sectes plus grandes et plus connues. Quelque-fois il n’y a qu’une dizaine de personnes groupées autour d’un dirigeant.
Les groupements psychothérapeutiques ou les " human potential movements " doivent, eux aussi, être considérés comme des sectes dans certains cas.
La notion de religion a en effet considérablement évolué par suite de la sécularisation de la société. Dans ce cas aussi, le dirigeant invoque souvent des capacités extraordinaires, qui n’ont pas nécessairement un rapport avec l’image classique de Dieu.
Source : Chambre des Représentants de Belgique http://www.lachambre.be
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