Octobre 1990 :
L’attaque du Front patriotique rwandais (FPR), issu de la deuxième génération des exilés tutsis, suscite une intervention franco-belgo-zaïroise.
Bientôt, seules restent les troupes françaises, sur décision de François Mitterrand. De 1990 à 1994, le président de la République sera sans cesse au courant de la situation militaire au Rwanda - même durant ses déplacements.
Décembre 1990 :
Diffusion du texte raciste dit des "10 commandements du Hutu" dans la revue Kangura, notoirement soutenue par la belle-famille du président Habyarimana et l’aile dure du régime. En dernière page figure un portrait de François Mitterrand. En légende, ce dicton local : "Les grands amis, on les rencontre dans les difficultés".
Février 1991 :
L’ancien membre des "escadrons de la mort" Janvier Afrika affirme avoir été formé durant quatre mois, à partir de 1991, par des militaires français, qui auraient également "instruit" des miliciens Interahamwe.
Novembre 1991 :
Selon Me Éric Gillet, de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), les interrogatoires musclés des prisonniers du FPR sont menés par des officiers français.
Mars 1992 :
Un contrat égyptien de six millions de dollars de fournitures d’armes au Rwanda est couvert par le Crédit lyonnais.
Janvier 1993 :
Une commission d’enquête internationale, conduite notamment par la FIDH, parcourt le Rwanda. L’un des membres de cette commission, Jean Carbonare, affirme avoir vu des instructeurs français dans le camp de Bigogwe, où l’"on amenait des civils par camions entiers" qui "étaient torturés et tués".
En mars, la commission d’enquête internationale dénonce les pratiques de génocide au Rwanda et la responsabilité au plus haut niveau des autorités rwandaises dans ces massacres.
Janvier 1994 :
En principe partis du Rwanda depuis décembre, onze militaires français du Détachement d’assistance militaire à l’instruction (DAMI) sont reconnus à Kigali, en civil, durant le premier trimestre. Le capitaine Paul Barril, prestataire de services de sécurité au régime rwandais, fréquente aussi cette capitale (voir l’interview de P. Barril).
6 avril 1994 :
Attentat contre l’avion (piloté par trois Français) transportant le président du Rwanda Juvénal Habyarimana et le président du Burundi Cyprien Ntaryamira. En moins de 3/4 d’heure, avant même que la nouvelle soit annoncée à la radio, des barrages sont installés aux grands carrefours de Kigali, et les rues principales se jonchent de cadavres.
La garde présidentielle interdit à la Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (Minuar) de se rendre sur les lieux de l’attentat. Un commandant français y aura pourtant accès. Quatre jours plus tard, un commando militaire français est envoyé au point de chute de l’avion présidentiel.
Fin avril 1994 :
La France reçoit le ministre des Affaires étrangères du Gouvernement intérimaire rwandais (GIR) - gouvernement autoproclamé au lendemain de l’attentat et composé des tenants du Hutu Power. Il est accompagné du chef de la faction ultra du régime, la Coalition pour la défense de la république (CDR).
9-13 mai 1994 :
Visite d’Ephrem Rwabalinda, adjoint du chef d’état-major des Forces armées rwandaises (FAR) - l’armée du régime Habyarimana - à la mission militaire du ministère de la Coopération (voir notre encadré). Une aide militaire multiforme est promise et le général français Huchon apporte ses conseils pour "retourner l’opinion internationale" en faveur du camp du génocide.
D’avril à juin,
les FAR sont ravitaillées en armes et munitions par des Boeing 707 atterrissant à Goma (Zaïre). Toutes les sources sur place se déclarent certaines que ces livraisons d’armes ont été "payées par la France".
Juillet-août 1994 :
Durant l’opération Turquoise, la plupart des responsables du génocide se replient sur la Zone humanitaire sûre avant de passer au Zaïre. Aucun n’est interpellé, pas plus que les préfets, sous-préfets ou chefs miliciens, qui ont, localement, organisé les massacres. Le chef des FAR, le général Bizimungu, est aperçu à Goma dans un véhicule de l’armée française.
Des officiers français dissuadent de rentrer à Kigali ceux des officiers des FAR qui souhaitent renouer avec le gouvernement d’union nationale.
Début octobre :
Le président du MRND (l’ancien parti unique), responsable des milices Interahamwe, indique à l’AFP qu’il rentre d’un voyage en France.
8 novembre 1994 :
Témoignage sur la collaboration d’un colonel français avec les ex-FAR. Selon les services des Nations unies, la DGSE utiliserait des entreprises françaises (voire britanniques) pour continuer de ravitailler les ex-FAR.
Selon le commandant en chef des Nations unies dans la région, les forces zaïroises participeraient à leur entraînement. Or, les liens militaires franco-zaïrois ont été considérablement renforcés depuis l’opération Turquoise.
Depuis janvier 1995,
plusieurs organisations (Human Rights Watch, Amnesty, MSF), ainsi que deux reportages diffusés par la BBC, mais aussi les enquêtes de journalistes (souvent britanniques ou belges) confirment le soutien logistique et militaire que notre pays a continué d’apporter aux génocideurs bien après le début des massacres.
En juillet 1995,
des sources fiables indiquaient que les hommes de l’unité amphibie du 2e Régiment étranger de parachutistes se trouveraient stationnés dans l’est du Zaïre, à proximité immédiate du Rwanda, de l’autre côté du lac Kivu.
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