La définition de la notion de " secte " est chargée d’histoire, donc difficile et problématique.
Chaque tentative de lui attribuer un contenu clairement délimité et libre de tout jugement de valeur est vouée à l’échec tant les points de vue depuis lesquels il est possible d’aborder cette question peuvent être différents. Les quelques termes ci-après sont très révélateurs : outre le terme de "secte", on rencontre également des appellations telles que " religion de jeunes " (principalement durant les années 60), "communauté d’esprit ", " culte destructeur", "mouvement d’inspiration extrême-orientale", "organisation occulte", "organisation travaillant à l’abri de la liberté du culte (organisations-écrans) " ou (au niveau politique) "communauté religieuse communément appelée secte de jeunes ou communauté d’esprit", ou de manière plus générale "nouveau mouvement à caractère religieux". Ce dernier terme recouvre également les termes anglo-saxons "audience cult", "client cult" et "cult movement" qui insistent plutôt sur le côté organisationnel de la notion et veulent correspondre à l’aspect " désir de liberté religieuse et approche consumériste vis-à-vis d’une offre religieuse du type grande surface ". Le fait qu’il n’y ait aucune définition européenne opérationnelle sur le plan juridique constitue une difficulté supplémentaire.
Dans le langage courant, le terme de " secte " est de nature idéologique et, dans le cadre d’une religion, désigne "... un groupe de personnes professant les mêmes opinions particulières, la plupart du temps jugées hérétiques par l’institution elle-même. De nos jours, communauté fermée, à vocation spiritualiste ou religieuse, dirigée par un maître ayant un pouvoir absolu sur les membres de la secte " (source : Encyclopédie Bordas). Ce terme est souvent utilisé avec des qualificatifs tels que de " radicale ", " extrémiste ", "endoctrinante", "totalitaire" ou "destructrice", ce qui entraîne le danger d’une dépréciation globale et d’une stigmatisation non différenciée de communautés et de pensées religieuses très diverses. Les communautés étiquetées, ou qui se sentent étiquetées en tant que secte refusent cette désignation. Elles préfèrent le terme "nouveaux mouvements à caractère religieux" qui est utilisé dans le cadre des sciences religieuses et de la branche de la sociologie qui étudie les phénomènes religieux et qui est par conséquent scientifiquement neutre. De plus, ce terme a l’avantage de leur conférer une authenticité religieuse. En revanche, il soulève aussi un certain nombre de questions. Est-ce qu’un mouvement qui se définit lui-même comme étant une "Eglise", qui s’estime victime de "persécutions religieuses" et dont la substance religieuse est plutôt pauvre, peut véritablement constituer un " nouveau mouvement religieux " ? Un mouvement qui se présente comme mouvement religieux malgré des indices contraires peut-il être qualifié de groupement-écran dangereux ?
Certains mouvements adaptent leur étiquette aux particularités des Etats dans lesquels ils sont implantés. Dans un pays, ils adoptent la désignation d’" Eglise ", dans un autre ils se nomment " centre de philosophie appliquée ". Ils se déclarent importunés par la justice et se considèrent comme étant une " minorité religieuse persécutée ". Alors que les mouvements honnêtes ne sont pas sujets aux conflits, d’autres, douteux, se parent de l’étiquette " nouveau mouvement à caractère religieux " afin de pouvoir en appeler à la protection de la liberté de culte.
Le terme de " secte" n’est pas neutre et ne constitue pas une catégorie scientifique de crtaines formes de croyances ou de certains styles de vie dont les caractéristiques seraient définies avec précision (1). Cette notion est devenue un sujet de divergence politique qui nécessite - pour cette raison justement - une approche plus précise en tant que phénomène social.
(1) Flammer Philipp, " ’Sekte’ : Können wir auf dieses Wort verzichten ? " Conférence à la Paulus-Akademie de Zurich les 16 et 17 mars 1996 sur le sujet : " Missbrauchte Sehnsucht. Oder : Was ist eine Sekte ? ", in : InfoSekta, Tätigkeitsbericht 1996, pp. 20 et s.
Source : Conseil national suisse : http://www.parlament.ch
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