La recherche de l’argent par les sectes ne saurait se limiter aux fonds des seules personnes physiques. Le principal gisement de richesses réside bien évidemment dans les entreprises.
Aussi bien, les mouvements sectaires se sont-ils efforcés de les infiltrer car ils peuvent en attendre trois sortes d’avantages :
– attirer des fonds, au premier rang desquels ceux de la formation professionnelle, à la fois, on le verra, très importants et peu contrôlés ;
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– retirer une certaine notoriété de la collaboration avec des entreprises respectables, surtout s’il s’agit d’entreprises publiques ou de dimension nationale ;
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– développer leur prosélytisme dans un cadre particulièrement favorable puisque les relations de travail entre les individus et les contacts avec une clientèle démultiplient considérablement les possibilités de propager un message ou une doctrine et de recruter ainsi de nouveaux adeptes.
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La question de l’infiltration d’entreprises par des mouvements sectaires n’était guère apparue avant le début de la décennie 1990 au cours de laquelle plusieurs affaires d’importance ont été mises à jour.
C’est principalement la Scientologie et ses nombreuses filiales qui ont investi le monde de l’entreprise et obtenu quelques réussites rapides et spectaculaires.
Ainsi, la société Dialogic, spécialisée en ingénierie informatique et dont les dirigeants étaient adeptes de la Scientologie, avait obtenu que lui soit confiée par le RAID, service de la Police Nationale, la fabrication d’un logiciel d’aide à la décision permettant de gérer les situations de crise en temps réel.
Ainsi, le groupe INFI, composé de 7 sociétés spécialisées dans les services informatiques, avait réussi à établir, semble-t-il, des contacts avec des organismes relevant du ministère de la Défense, tels que la Direction technique de l’armement terrestre et le Groupement industriel des armes terrestres. Il avait également proposé ses services à plusieurs entreprises travaillant pour la Défense nationale, comme les Avions Marcel-Dasssault-Breguet Aviation, l’Aérospatiale et la SODETEG, filiale de Thomson.
Ainsi, la société Transylvanie, spécialisée dans la création et le conseil publicitaires, avait-elle passé un contrat avec le ministère de la Défense pour concevoir la maquette de l’encyclopédie de l’Armée de Terre.
Un des exemples les plus significatifs de tentatives d’emprise de la Scientologie sur les entreprises fut la prise de contrôle de la SOGETRAM (Société générale de travaux maritimes) suivie de sa cession en 1998 après que sa direction eut provoqué un conflit social en voulant introduire dans sa gestion des méthodes tirées des enseignements de la Scientologie.
Plus préoccupantes encore sont les tentatives scientologues pour effectuer une percée à l’intérieur d’EDF. En raison de son chiffre d’affaires conséquent (200 milliards de francs), de sa concentration de matière grise, de l’extrême sensibilité de son domaine d’activité et de l’importance de son budget consacré aux prestations de consultants et de bureaux d’étude, l’entreprise nationale paraît susciter le plus grand intérêt de la secte. Les tentatives d’infiltration se sont opérées directement par la présence de plusieurs cadres supérieurs scientologues - dont un ingénieur qui était affecté à un poste stratégique dans le secteur nucléaire - et indirectement par la collaboration avec des sociétés de conseil relevant de la mouvance scientologue.
La Commission, ayant connaissance de ces faits, a été d’abord troublée de la lenteur avec laquelle a réagi la direction générale d’EDF qui a paru, dans un premier temps, sous-estimer le problème. On est même en droit de se demander si, sans l’intervention de responsables syndicaux qui ont servi à la fois de révélateur et d’aiguillon, les tentatives de pénétration scientologues ne seraient pas restées secrètes. Mais l’attitude de l’entreprise a changé récemment. Elle s’efforce, désormais, de traiter le problème dans sa réalité et a engagé, à cet effet, une refonte de toute sa politique de sécurité.
Agissant en éclaireur, la Scientologie n’a pas gardé le monopole des tentatives d’infiltration d’entreprises par des sectes.
Il faut également citer les exemples :
– de la Soka Gakkaï, groupe d’origine japonaise que certains ont soupçonné, par le choix des implantations de ses centres, de rechercher des informations dans les secteurs du nucléaire et des nouvelles technologies ;
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– de l’association Mieux être alpha, dispensatrice de la méthode Silva, qui avait mené une vigoureuse action de prosélytisme auprès des personnels de l’entreprise Eurocopter, société de haute technologie, placée elle aussi sous le contrôle du ministère de la Défense ;
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– des cas de pénétration du mouvement Avatar auprès d’une partie de l’encadrement d’EDF, particulièrement des centrales nucléaires, par l’organisation de stages de formation professionnelle relevant de la méthode de la secte américaine et qui auraient touché environ 300 cadres. Un audit de l’inspection générale de l’entreprise, dont les conclusions ont été remises le 30 mars 1996, a permis de mettre fin à la collaboration d’EDF avec plusieurs entreprises relevant de ce réseau ;
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– de la Méditation transcendantale ayant essayé d’acquérir l’entreprise SAPITEX, manufacture de vêtements, et d’imposer à son personnel des séances quotidiennes de méditation. Ici encore, c’est l’opposition des syndicats qui a pu faire échouer le projet.
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Dans un autre registre, la Commission a eu connaissance de tentatives de mainmise des Témoins de Jéhovah sur des PME, réalisées par cooptation. Certains salariés adeptes de la secte ont cherché à imposer progressivement, au sein de l’entreprise, leur conception de la société, procédant ainsi à " l’infiltration douceâtre " (selon l’expression évocatrice employée devant la Commission) d’une structure économique.
Les exemples qui viennent d’être évoqués ont joué un rôle de signal d’alarme qui a engagé la Commission à procéder à une étude plus systématique et plus en profondeur des techniques commerciales, habilement exploitées par les mouvements sectaires.
Source : Assemblée nationale. http://www.assemblee-nationale.fr
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