TRAVAIL AU SEIN DE LA SECTE

Il ressort d’une série de témoignages que certains mouvements font travailler leurs membres gratuitement ou à un tarif dérisoire. Voici quelques exemples dont la commission a pu prendre connaissance :

— L’Ecole de Philosophie, qui fait faire des tâches ménagères aux personnes qui fréquentent ses cours.

— Le psychothérapeute signalé à la commission, qui a fait démolir un bâtiment et en a fait nettoyer les pierres par ses patients, leur a fait effectuer d’autres travaux d’entretien à la maison et dans le jardin, alors que ces patients devaient en outre acquitter des honoraires très élevés pour la soi-disant thérapie.

— La Nouvelle Acropole, qui exige un certain nombre d’heures de travail bénévole dans " l’école ", comme des tâches d’accueil, de ménage et du travail de secrétariat.

— Sûkyô Mahikari, qui exige de ses adeptes qu’ils prestent des services pour le centre.

— L’Eglise de Scientologie, qui fait travailler pour son compte, gratuitement ou à un tarif dérisoire (de loin inférieur au salaire minimal), des personnes qui suivent ses cours parce qu’elles ne parviennent pas à payer le droit d’inscription très élevé de ces cours (selon M. Vaquette, un cours de management " coûte " deux ans de travail au service de l’Eglise de Scientologie). Certains engagements sont conclus pour un " milliard d’années ", c’est-à-dire pour l’éternité.

— L’OEuvre, qui, selon certains ex-membres, écrémait les revenus des membres (pratique courante dans les couvents et communautés), mais refusait d’assurer la sécurité sociale des intéressés. De plus, les ex-membres ont décrit les conditions de travail comme une forme d’esclavage. Ces propos sont toutefois contestés par les responsables actuels de l’OEuvre.

— Ogyen Kunzang Chöling (OKC), qui demande à ses membres du travail communautaire, et leur fournit gratuitement en échange le logis, le manger et l’enseignement.

— Les adeptes de l’Association internationale pour la conscience de Krishna (AICK), qui sont envoyés dans les rues pour vendre des écrits et des objets de pacotille, et pour mendier. Selon des informations provenant d’autres sources, on peut ajouter à cette liste :

— Les Témoins de Jéhovah, contraints de faire de la prédication 12 heures par mois et de vendre 12 périodiques. Ils doivent en outre rendre chaque semaine un rapport de leurs activités sur le terrain. Les pionniers doivent quant à eux s’acquitter de 100 heures de prédication par mois et les pionniers spéciaux doivent sortir encore plus fréquemment pour des missions de prédication et des visites. Les Témoins doivent d’abord payer comptant les périodiques qu’ils sont tenus de vendre (professeur Denaux, 1981). Au quartier général situé aux Etats-Unis, des centaines de personnes travaillent gratuitement pour l’organisation.

— L’Opus Dei, qui dispose de " numéraires " totalement disponibles pour le travail de prédication et qui cèdent leur salaire au mouvement.

— La Fraternité Blanche Universelle, qui contraint ses membres à des prestations non rémunérées pour la société commerciale Prosveta (notamment une permanence à un stand dans le cadre de la foire du livre de Bruxelles) (M. Lallemand, 1994).

La majorité des mouvements étudiés n’a toutefois pas recours à de telles pratiques. En outre, les motivations sous-tendant ces pratiques peuvent être très variées :

— Dans les groupes thérapeutiques, cette mise au travail peut avoir une fonction thérapeutique. Les efforts physiques et certains travaux manuels occupent d’ailleurs une place importante dans plusieurs programmes thérapeutiques.

— L’obligation de prester plusieurs heures de travail bénévole peut en outre viser à renforcer l’engagement des membres au sein du groupe et, de la sorte, leur solidarité avec le mouvement. Les membres de groupes non sectaires assument, eux aussi, un certain nombre de responsabilités, ce qui est d’ailleurs nécessaire à la survie du groupe.

— Dans un nombre limité de groupes, il s’agit toutefois avant tout de gagner de l’argent en exploitant les membres. L’objectif premier de ces groupes est la vente et les activités commerciales.

— Il est enfin reproché à certains groupes de soumettre leurs membres à de durs travaux afin de les épuiser physiquement et de saper leur vigilance physique, de manière à accroître les chances d’endoctrinement.

La commission n’a toutefois trouvé que quelques exemples de ces deux dernières formes, condamnables, de mise au travail. Le premier exemple est fourni par l’AICK, qui envoie ses adeptes dans les rues pour y mendier et y vendre de la pacotille, tout en essayant ainsi de les épuiser physiquement. Les parents d’un ancien membre ont expliqué devant la commission que le mouvement l’avait attiré en lui faisant miroiter un contrat de travail. Toutefois, au lieu d’être occupé en vertu d’un contrat de travail valable, l’intéressé a été envoyé dans les rues six jours sur sept pour y vendre les divers objets sans valeur du mouvement. Jamais, il n’a obtenu de contrat de travail valable. En outre, le mouvement stimulait le sens commercial des adeptes en leur déclarant que le meilleur " vendeur " parmi eux serait récompensé en ayant le droit de contempler de près le grand gourou.

Un autre témoin a déclaré devant la commission que, lorsqu’il était membre d’une communauté chrétienne, il devait travailler de 40 à 60 heures par semaine dans une librairie de la communauté (moyennant une dispense du pointage) et qu’il assumait en outre la responsabilité de l’encadrement des jeunes du mouvement en question. Le docteur Abgrall cite encore l’exemple d’un autre groupe sectaire, la Citadelle, qui n’est pas ou n’est guère actif dans notre pays.

Le professeur Denaux (1982) décrit la manière dont l’Eglise de l’Unification (Moon) soumet quotidiennement ses membres à des travaux pénibles durant 15 à 18 heures, tout en ne leur accordant que peu de repos nocturne et qu’une alimentation insuffisante (alimentation alternative et jeûnes fréquents), dans le but de leur faire désapprendre leurs comportements antérieurs et de les conditionner.

La commission a toutefois également constaté qu’un certain nombre de responsables déclarent travailler eux-mêmes pour des salaires minimums, alors que le mouvement pour lequel ils travaillent amasse des fortunes grâce à ses activités. C’est ainsi que le responsable de l’Eglise de Scientologie de Belgique a déclaré que la plupart des permanents de la Scientologie travaillent pour un salaire minimum, alors qu’il ressort de certaines publications que la Scientologie disposerait d’un milliard de dollars sur un compte au Grand-Duché de Luxembourg. La question qui se pose est de savoir si les responsables de ces mouvements sont eux-mêmes au courant des transactions financières qui sont effectuées à leur insu ou s’ils adhèrent tellement à la doctrine du mouvement qu’ils estiment que leur propre exploitation par le mouvement doit être acceptée en tant que service que l’on est (moralement) tenu de prester.

Dans la plupart des mouvements étudiés, il n’est toutefois pas question d’exploitation financière ou d’affaiblissement physique des membres et/ou des responsables par le travail obligatoire. Il est vrai que les membres de groupements qui vivent en communauté cèdent leur revenu à la communauté, qui vit de ce revenu, mais c’est une condition normale pour pouvoir adhérer à une communauté. C’est notamment le cas dans La Famille, l’OKC, L’OEuvre et l’Opus Dei.

ASPECTS PHYSIQUES DE LA VIE AU SEIN DES SECTES : ALIMENTATION, SOMMEIL, HABILLEMENT ET SOINS CORPORELS

Les groupements sectaires possèdent fréquemment leur propre mode d’alimentation, des habitudes de sommeil typiques et d’autres formes de comportement par lesquels ils veulent accentuer la particularité et la supériorité de leur mode de vie. Un des objectifs cachés de ces aspects physiques est toutefois également d’attacher l’adepte à la secte, ces aspects étant utilisés comme les éléments d’un processus de conditionnement. En soi, ces éléments ne sont toute- fois pas suffisamment forts pour lier les adeptes au groupe ; en combinaison, ils constituent toutefois souvent un puissant processus de conditionnement.

Alimentation alternative

Un certain nombre de mouvements, essentiellement ceux qui propagent une doctrine orientale, optent, dans le prolongement de leur doctrine, pour des formes d’alimentation alternative telles que le végétarisme, le véganisme et la macrobiotique. C’est le cas de l’OKC, de l’AICK, d’Ecoovie, de la Fraternité Blanche Universelle et de " Kreatieve Energie ". Dans le cas d’Ecoovie et de l’AICK, ce choix allait de pair avec une sous-alimentation.

Il ne fait aucun doute que ces mouvements optent pour une alimentation alternative parce qu’ils croient sincèrement, et peut-être à juste titre, en la supériorité de telles habitudes alimentaires et en les effets positifs qu’elles ont sur la santé des intéressés (purification, élimination des toxines) et par respect pour la vie animale. Force est cependant de constater qu’en effectuant de tels choix, les dirigeants de certains mouvements tentent d’attacher mentalement les (nouveaux) disciples au groupe :

la sous-alimentation (trop peu de calories) et une alimentation très peu variée (par exemple, uniquement des aliments sucrés) entament la vigilance des membres de la secte, ce qui permet de poursuivre plus facilement leur endoctrinement. Un ancien membre de l’AICK, qui a témoigné devant la commission, a attiré à cet égard l’attention sur l’effet qu’une telle rupture au niveau des habitudes alimentaires a eu sur sa personne : " Vous avez par exemple mangé de la viande pendant 20 ou 30 ans. Vous cessez d’en manger du jour au lendemain. Inutile de préciser l’effet que cela a sur l’organisme. J’en ai fait moi-même l’expérience. C’est très malsain. L’organisme tout entier s’affaiblit. Je suis toujours végétarien, mais je m’y prends d’une toute autre manière. Ils adoptent en fait les habitudes alimentaires d’un climat méridional. Ils ne mangent même pas d’oeufs et ne peuvent pas non plus manger certaines plantes tubéreuses, ni de moutarde ou de chocolat. Lorsqu’on retire tous ces aliments de l’alimentation occidentale, tant l’esprit que le corps s’affaiblissent. On a perpétuellement l’impression que ce qui est écrit dans les livres est la vérité révélée. On veut atteindre un objectif, on y croit, on est mordu. On peut parfaitement comparer cela avec les drogues. Une fois qu’on a goûté aux drogues, on en veut encore et on retourne toujours auprès de la personne qui vous a mis en contact avec ces drogues. C’est ainsi que l’on s’attache au groupe. Cela se passe de manière très subtile. "

Sur le plan psychique, ce choix alimentaire renforce le sentiment de supériorité vis-à-vis du monde extérieur ainsi que la rupture avec ce monde, des phénomènes typiques d’une manipulation mentale et d’un endoctrinement (voir ci-dessus, Chapitre III, point B).

La plupart des groupements dont il est question dans le présent rapport ne respectent cependant aucune règle spécifique en ce qui concerne l’alimentation. Seuls les mouvements AICK, Ecoovie (voir le témoignage du juge d’instruction Van Espen) et l’Eglise de l’Unification (professeur Denaux, 1982) suivaient à cet égard un régime spartiate, en respectant des périodes de jeûne répétées.

Habitudes en matière de sommeil

Il en va de même pour les habitudes en matière de sommeil au sein de tels groupes. Les études concernant la privation de sommeil ont fait apparaître clairement que cette dernière a une incidence très nette sur le fonctionnement psychique et provoque graduellement des troubles au niveau de l’humeur (euphorie et dépression), une excitation permanente, des troubles visuels (hallucinations) ainsi qu’une confusion entre des hallucinations complexes et des sensations physiques.

Par la suite surviennent des troubles de la pensée qui, si la privation de sommeil perdure, peuvent déboucher sur des situations psychotiques graves. Les membres de la secte interprètent alors ces expériences hallucinatoires comme étant mystiques et divines.

La commission n’a toutefois pas pu constater que l’on recourait systématiquement à la privation de sommeil (trop peu de sommeil, sommeil interrompu, longues interruptions du sommeil en raison de rites et de méditations nocturnes). Seuls les membres de la secte Ecoovie, qui vivaient selon les traditions des Indiens, mais dans des conditions d’hygiène déplorables, ne dormaient que quelques heures pendant la nuit. Il ressort des commentaires du Dr. Abgrall ainsi que d’autres publications que le Mandarom et l’AICK ont également un emploi du temps qui laisse très peu de place au sommeil. L’Eglise de l’Unification (Moon) utilise également l’arme de la privation de sommeil nocturne pour s’attacher ses membres. Il semble qu’il en allait de même, du moins pour certains adeptes de l’Ordre du Temple Solaire.

Tenue vestimentaire et coiffure

Dans certains groupements, les membres doivent abandonner leurs vêtements et adopter la tenue vestimentaire mise à disposition par le groupe. Les buts poursuivis sont :

— de détruire l’individualité des adeptes : ceux-ci sont privés de la faculté d’exprimer leur individualité par le choix de leurs vêtements ;

— de souligner le fait que l’adepte appartient à un groupe, y est soumis et s’y identifie. Au lieu de la tenue personnelle, propice à l’individualisation, une tenue vestimentaire uniformisante est imposée ;

— la soumission (symbolique) aux règles en vigueur au sein du groupe ;

— d’afficher clairement que l’on se soumet de manière permanente au dirigeant.

Des plaintes à ce sujet ont été exprimées contre l’AICK et L’OEuvre. Les adeptes dde l’AICK devaient revêtir des vêtements safran ou blancs et se raser le crâne en ne conservant qu’une petite queue de cheval. D’anciens membres de L’OEuvre se sont plaints d’avoir été obligés d’abandonner leurs vêtements personnels et de revêtir les vêtements mis à disposition par L’OEuvre.

Les autres groupes étudiés n’avaient pas re-cours à cette technique.

SOINS MEDICAUX

De nombreux groupements sectaires optent pour des formes de médecine alternative ou douce (voir énumération ci-dessous), et déconseillent à leurs membres ou les empêchent de recourir à la médecine classique. Il s’agit, par exemple, de :

— Au coeur de le communication (ACC) : propagation de médicaments sans valeur thérapeutique ;

— l’Ange Albert : guérison par pierres en main, eau de Melickshaff et d’autres prescriptions médicalement ineptes, des pyramides et des objets salutaires ;

— Ecoovie : interdiction de faire appel à un médecin ;

— Invitation à la vie intense (IVI) : doctrine de l’énergie, médicaments sans valeur thérapeutique, spiritualité hindoue ;

— Sûkyô Mahikari : guérison par la transmission de la lumière et omitama ;

— Sahaja Yoga : ouverture des chakras, kundalini, citrons sous les draps, méditation ;

— Père Samuel : imposition des mains ;

— Eglise de Scientologie : déblocage des énergies, formes spirituelles de guérison, purification par le sauna et par l’ingestion de vitamines ;

— Sierra 21 : la guérison est spirituelle et le membre y parvient en faisant des dons d’argent et de biens au mouvement ;

— Méditation transcendantale : guérison par l’art médical transcendant de Mahesh Yogi ;

— Trois Saints Coeurs : vente du Pianto, qui guérirait plusieurs dizaines d’affections ;

— Energie humaine et universelle (HUE) : ouverture des chakras ;

— Fraternité Blanche Universelle : médecines alternatives liées à la guérison spirituelle, Fleurs de Bach, tarots, paneurythmie (harmonisation des forces électromagnétiques du corps par des mouvements rythmiques) ; groupe cible spécifique : des femmes enceintes par l’entremise de l’ANEP (association nationale pour l’éducation prénatale).

Dans son témoignage, le docteur Berliner a donné d’autres exemples comme l’iridologie, la prise du pouls ou la cristallisation sensible pour déterminer si quelqu’un est sur le point de développer un carcinome. Les thérapeutiques douces sont notamment l’acupuncture, l’homéopathie, la médecine ayurvédique, l’aromathérapie, les élixirs de fleurs de Bach et la macrobiotique du Zen. La prière est également utilisée.

Bien que le monde médical lui-même ne parvienne pas à s’accorder sur l’utilité éventuelle des médecines douces pour la guérison de certaines maladies, force est de faire les constatations suivantes :

— en raison de leur croyance aveugle dans les médecines alternatives, certaines organisations sectaires empêchent tout diagnostic adéquat et examinent les malades suivant des méthodes dont l’efficacité ne repose sur aucun fondement scientifique ;

— certaines organisations sectaires déconseillent les traitements classiques tels que les rayons X, la chimiothérapie, les vaccins ou les antibiotiques et demandent ou imposent même à leurs adeptes d’interrompre des traitements dont l’efficacité a été prouvée pour les remplacer par des techniques médicales alternatives dont nul ne reconnaît l’efficacité ;

— les organisations sectaires usent et abusent de nouvelles techniques psychothérapeutiques telles que l’analyse transactionnelle, la bioénergie, la PNL et l’hypnose. Entre les mains de thérapeutes reconnus et qualifiés, ces techniques sont des instruments très utiles dans un cadre psychothérapeutique, mais elles peuvent s’avérer très dangereuses lorsqu’elles sont utilisées par des personnes non qualifiées souhaitant en abuser, étant donné que des personnes fragiles peuvent être plongées dans un état de dépendance ;

— de telles pratiques médicales sont appliquées par des personnes ne disposant d’aucune formation médicale, couvertes ou non par des médecins qualifiés. Il est d’ailleurs étonnant que certains médecins de formation subordonnent leurs connaissances médicales classiques aux pratiques de certaines personnes agissant au sein de ces organisations sectaires.

La croyance dans certaines techniques naïves de la médecine dite alternative est à l’origine d’un certain nombre de drames :

— les techniques médicales de l’Ange Albert sont carrément catastrophiques. Selon certains témoins, les pratiques médicales non fondées de ce groupement auraient déjà provoqué la mort de plusieurs personnes (voir témoignages de MM. Fisch et Berliner). Sur le plan médical, la secte est couverte par les activités de la Dr. Ragaglia, qui a été suspendue pendant une année en 1990 en raison de problèmes zwangere vrouwen via ANEP (association nationale pour l’éducation prénatale). psychiatriques. Depuis, la doctoresse concernée a poursuivi ses activités ;

— les Témoins de Jéhovah refusent d’accepter les transfusions sanguines, ce qui a déjà provoqué la mort prématurée de plusieurs personnes adultes. Les enfants risquent, eux aussi, de mourir s’ils ont besoin d’une transfusion sanguine ;

— les Trois Saints Coeurs vendent des médicaments sans valeur, fabriqués par la S.A. Pianto et prétendent qu’ils pourraient guérir toutes les maladies ;

— dans la secte Ecoovie, toute intervention médicale était refusée, ce qui n’a pas manqué d’entraîner un certain nombre de conséquences pénibles ;

— une enfant (la petite Annaëlle) est décédée après avoir été traitée de façon inadéquate par un médecin qui recourait aux concepts anthroposophiques, mais qui - aux dires des représentants de la Société anthroposophique

— n’était pas membre de l’association des médecins anthroposophiques.

Ajoutons, par souci d’exhaustivité, que la plupart des organisations figurant dans le tableau (figurant à la fin du présent rapport) n’excluent pas le recours à la médecine classique et réservent les techniques médicales alternatives aux affections psychosomatiques ou y recourent en guise de complément à la médecine classique.

PRATIQUES SEXUELLES

Un certain nombre de groupements sont accusés de propager des formes de comportement sexuel contraires à la loi pénale (pédophilie, viol, abus d’autorité, ...). Certains groupes prônent une sexualité très libre, à telle enseigne que les détracteurs des sectes pensent y voir un important facteur qui explique l’attirance pour ces groupements. C’est le cas de La Famille et de Raël. Dans d’autres groupements, le gourou abuse du pouvoir que lui confère sa fonction de chef pour entretenir des relations sexuelles avec les adeptes.

Certains groupements propagent une morale sexuelle très libre :

— Raël incite à la pratique de la méditation sensuelle, de la sexualité libre et, selon certains détracteurs, également à la pédophilie : " tu éveilleras l’esprit de ton enfant, mais tu éveilleras aussi son corps, car l’éveil du corps va de pair avec l’éveil de l’esprit. L’éducation sensuelle doit apprendre comment l’on peut avoir du plaisir par ses organes en ne recherchant que le plaisir sans rechercher forcément à utiliser ses organes dans le but utilitaire qui est le leur. Il faut expliquer aux enfants comment ils peuvent s’en servir pour en retirer du plaisir. " On apprendrait aux enfants comment pratiquer l’onanisme, notamment avec leurs parents. Un arrêt du 19 juin 1984 de la cour d’appel de Liège renvoie explicitement à ces pratiques.

— La Famille appliquerait également (ou aurait appliqué) de telles pratiques. Jusqu’en 1987, les contacts sexuels entre les adeptes et les non-membres étaient autorisés et même recommandés dans le cadre de " l’oeuvre missionnaire ". Les membres de La Famille interprètent en effet littéralement le précepte biblique de l’amour du prochain ; les rapports sexuels font également partie de l’amour du prochain. Ce " flirty fishing " a toutefois été supprimé en 1987 et la charte actuelle de La Famille interdit à présent les contacts sexuels avec les non-membres en raison du risque de contracter le sida. Les responsables belges reconnaissent qu’il y a eu des abus par le passé. Le flirty fishing n’aurait toutefois jamais été toléré dans le cas des enfants, pas plus que la pédophilie, ce que démentent les critiques. Après avoir fait procéder à l’examen des enfants-victimes par des experts, les tribunaux n’ont jamais constaté de cas d’abus sexuels.

— Enfin, dans le cadre de leurs rituels, les satanistes accorderaient également une place importante au sexe. Ils seraient également impliqués dans le trafic de matériel pornographique dans lequel pourraient apparaître des enfants. L’instruction judiciaire en cours devra établir dans quelle mesure ces accusations sont justifiées.

Le Docteur Abgrall estime que le fait de propager des normes " déviantes " a un fondement psychologique. D’une part, l’adoption d’une morale sexuelle alternative constitue une des manières dont les adeptes manifestent (sur les instances du gourou) leur opposition à la morale et aux conceptions en vigueur dans la société. D’autre part, ces pratiques montrent comment la secte donne carte blanche au gourou pour réaliser tous ses fantasmes.

D’autre part, des abus sexuels flagrants commis à l’encontre d’adeptes sont constatés dans certaines organisations sectaires, ce qui prouve que le chef spirituel abuse de ses prérogatives de chef :

— un psychothérapeute a persuadé son groupe de patients que les rapports sexuels avec lui faisaient partie du " processus de croissance " que les membres devaient traverser. Des relations sexuelles avec les autres membres du groupe étaient également imposées. Dans ce cas, le chef ne faisait pas que profiter des faveurs charnelles de ses patients, il les liait en outre implacablement à son groupe et à sa thérapie, car il était impossible aux patients d’avouer ces pratiques, par honte et par crainte des réactions de leur partenaire ;

— des reproches semblables sont adressés au chef du groupe Ecoovie. Le chef de ce mouvement contraignait les membres masculins (enfants et adultes) à avoir des rapports sexuels avec lui. Le gourou en question organisait des initiations sexuelles pour les jeunes adeptes.

A l’inverse, d’autres groupes respectent une morale rigoureuse. L’AICK par exemple ne tolère que les rapports sexuels avec l’épouse, et encore une seule fois par mois, lorsque la femme est fertile, afin de mettre au monde de nouveaux disciples. Selon un témoin, cette règle n’était valable que pour les membres et non pour le gourou qui avait une conception beaucoup plus libérale de la sexualité.

VIE EN COMMUNAUTE

On constate également, dans certains groupements, une préférence pour une vie communautaire en soi légitime. Tel était et est encore le cas en ce qui concerne l’Eglise de l’Unification (Moon), l’OKC, la Famille, Sierra 21, L’OEuvre et L’Opus Dei.

— Environ la moitié des membres de l’Eglise de l’Unification vivent de manière autonome dans leur propre logement, tandis que l’autre moitié d’entre eux vivent dans des centres locaux. Ces centres sont dirigés par les " parents du centre ", qui y exercent un pouvoir absolu au nom de Moon. Les membres vivant dans de tels centres y mènent une vie bien remplie et entièrement consacrée au service. La journée s’y déroule de la manière suivante : 5 h 30, lever ; 6 h 00, 40 minutes de prière ; 7 h, déjeuner ; 7 h 30, rangement et vaisselle ; 8 h, étude des principes divins ; 9 h-19 h, prosélytisme ; 19 h 30, souper ; 20 h 30, activités ; 23 h, coucher précédé de 10 minutes de prière. Cette vie exigeante se caractérise également par de fréquentes périodes de jeûne (voir point 2) (Professeur Denaux, 1981).

— L’Eglise du Christ de Bruxelles encourage également ses membres à vivre en communauté. Les célibataires sont encouragés à cohabiter et, éventuellement, à épouser un membre du mouvement. Les prêtres de ce mouvement prétendent trouver dans la Bible des éléments justifiant une telle démarche. Des témoins reprochent à ce mouvement d’accorder une importance telle à cette vie communautaire que toute forme de vie privée en est bannie (par exemple, les portes entre les différents locaux d’habitation).

— Les membres de La Famille vivent en famille au sein de communautés. De telles communautés existent,en autres, dans la région anversoise, dans la région de Raeren, à Tongres, Verviers, Bure et Saint-Nicolas. Toutes les activités se déroulent en commun : manger, dormir, se détendre. L’emploi du temps est structuré en fonction des groupes d’âge. Les couples mariés disposent d’une chambre privée (M. Lallemand, 1994).

— Les membres de l’AICK séjournant au château de Durbuy prient six fois par jour dès 4 h 30 du matin, consacrent un temps considérable aux aspects rituels du culte et vont en outre demander l’aumône et vendre l’une ou l’autre chose.

— Au sein de l’Opus Dei, les numéraires (célibataires qui se consacrent totalement à l’apostolat) vivent au sein d’une communauté dont ils assurent les tâches administratives et formatrices.

— Des adeptes de l’OKC vivent au château des Soleils à Castellane dans un climat plutôt spartiate. M. Lallemand indique que les membres doivent s’y lever à 4 h, prier à 4 h 30 (à 6 h, selon les responsables), déjeuner à 8 h, effectuer ensuite des travaux communautaires interrompus par le dîner et suivis par la prière du soir et le souper à 20 h. M. Lallemand précise encore que les membres y sont soumis à des règles très strictes en ce qui concerne le silence, l’obligation de travailler et la présence. Selon les déclarations faites par des adeptes, un certain nombre de ces règles très strictes (silence, interdiction de se chauffer, interdiction de fumer et de boire) auraient toutefois été assouplies. Pour d’autres membres, la vie en communauté se limite à des célébrations religieuses et au dîner. Les personnes seules disposent d’une chambre et les familles d’un petit appartement privé.

— Les membres de L’OEuvre vivent en communauté tels des moines.

Les membres de la plupart des autres groupes vivent en famille et assistent aux réunions du mouvement.

PROSELYTISME

Les organisations sectaires sont contraintes d’attirer de nouveaux adeptes pour se perpétuer. Dans la mesure où la raison d’être du groupe est d’ordre financier, l’arrivée de nouveaux membres est synonyme de nouveaux revenus. Les mouvements suivants axent particulièrement leurs efforts sur la conversion et le recrutement :

— L’Eglise de Scientologie, qui incite ses élèves à recruter d’autres personnes intéressées en échange de réductions octroyées sur le prix d’autres cours. La recherche s’oriente vers des personnes intéressantes d’un point de vue financier et qui ne sont pas trop réticentes à une telle entreprise. De nouveaux candidats sont également enrôlés par le truchement de questionnaires inclus dans les publications de l’Eglise de Scientologie, ainsi que par des annonces de recrutement publiées par les organisations satellites de l’Eglise de Scientologie, notamment par les services de formation U-Man et Management Efficiency.

— L’Eglise du Christ de Bruxelles, qui incite ses membres à convertir leurs parents : " Ecoute, tu vas essayer de convertir tes parents. Et si tu n’y arrives pas, tu pourrais plutôt les considérer comme des géniteurs, rester très gentil avec eux, mais prendre un peu tes distances par rapport à tes parents et les considé-rer comme de simples géniteurs. ".

— L’Opus Dei, qui incite ses membres à en recruter de nouveaux, surtout des jeunes et des universitaires, provenant de préférence de familles riches et influentes.

— L’OEuvre, qui recrutait ses membres par le bi-ais de formations au travail d’aide familiale et qui recrute actuellement par l’entremise d’écoles. L’OEuvre nie toutefois recourir à cette dernière pratique.

— L’Eglise de l’Unification (Moon), qui recrute ses candidats adeptes en faisant de la propagande en rue. Les candidats sont alors invités à des conférences, puis à des séminaires et à des week-ends.


Source : Chambre des Représentants de Belgique http://www.lachambre.be