Après les dissolutions successives par le Conseil des ministres du parti nazi français, la Fane (Fédération d’action nationaliste et européenne), les criminels qui le composaient adoptèrent une nouvelle stratégie d’infiltration et de subversion de la démocratie, plutôt que d’affrontement à visage découvert.
Cette stratégie fut théorisée sous le label de "métapolitique". Plutôt que de reconstituer une ligue dissoute, et de la voir à nouveau interdite ; plutôt que de s’exprimer à visage découvert avec le pesant héritage de la "solution finale" ; plutôt que d’exprimer explicitement le projet criminel du Nouvel ordre européen ; mieux vaut s’infiltrer et prendre le contrôle de structures politiques déjà existantes ; banaliser le fascisme et le nazisme en les relativisant d’un point de vue historique, et en les assimilant à de simples opinions ; mobiliser à partir d’enjeux uniques sans références à une vision du monde.
Ainsi a-t-on vu les sbires de la Fane se reconvertir, qui dans le régionalisme, qui dans l’écologie, qui encore dans la défense des minorités sexuelles. Chacun s’employant à montrer qu’il avait changé, abandonné ses erreurs de jeunesse, et que désormais il se consacrait sans arrière-pensée aucune à ce nouveau combat, dans un cadre démocratique parfaitement accepté et assimilé.
Les mouvements régionalistes, puis écologistes, qui n’avaient pas été préparés à affronter cette prise de contrôle, ont eu le plus grand mal à identifier les agents de l’extrême-droite, à les démasquer, et à les exclure. Au contraire, la minorité homosexuelle, malgré la fermeté d’un éphémère comité de vigilance, le Chlaf ( 1 ), a échoué face à cette infiltration. L’extrême-droite a pu prendre le contrôle de plusieurs titres de presse, de maisons d’édition, de serveurs télématiques, et d’une constellation de sociétés et d’associations. Petit à petit ses agents ont entrepris de réécrire l’histoire de la barbarie nazie, et d’instiller leur volonté d’exploiter les êtres humains jusque dans les fantasmes érotiques de certains homosexuels.
Nous vous proposons dans ce dossier une confirmation et des précisions sur ces informations, que nous réitérons depuis quatre ans, ainsi qu’un début d’analyse de ce phénomène. Nous ne sous-estimons pas la difficulté qui existe à admettre avoir été trompé. Pourtant nous invitons nos lecteurs à examiner attentivement les éléments que nous leur soumettons, et à se demander s’ils n’ont pas été abusés par cette manipulation, comme nous l’avons été nous-mêmes plusieurs fois.
(1) En juillet 1987, un groupe informel d’une trentaine de responsables associatifs réunis au sein d’un "Comité homosexuel et lesbien anti-fasciste" (Chlaf) s’est élevé contre la présence de Gaie France à l’Université d’été homosexuelle de Marseille. Ont notamment participé à cette action : Mélanie Badaire (Agir), Christian de Leusse (Collectif gais marseillais), Catherine Gonnard (Lesbia), Christian Laty (Aides), Jean Le Bitoux (Mdh), Luc Legrand (Tels Quels), Jacques Lemonnier (les Gais retraités), Claudie Lesselier (Les archives lesbiennes), Alain Modry (Aris), Geneviève Pastre (Les Octaviennes), Jean-Sébastien Thirard (Gay Pride), et Jacques Vandemborghe (Association mémoire des sexualités). Les organisations citées entre parenthèse sont celles où ces personnes exercent actuellement des responsabilités.
Plus récemment, Les Flamands roses et Les Octaviennes se sont élevés contre l’invitation de Gaie France au festival de cinéma "Questions de genre" à Lille. La librairie "Les mots à la bouche" observe un strict boycott de ces publications. Le mensuel Illico (presse gratuite) a consacré une enquête à l’extrême-droite gay, et le mensuel Gay Défi (presse de charme)s’est violemment engagé contre Gaie France.
(c) Projet Ornicar, juillet/aout 1993
L’infiltration néofasciste et néonazie dans la minorité gay
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