Le Réseau Voltaire s’associe à l’appel à la vigilance, publié dans "Le Monde" daté du 13 juillet 1993, que nousq reproduisons ci-dessous. il s’accompagne de la création d’un Comité (54, Bd Raspail, 75006 Paris), et a été signé notamment par onze professeurs au Collège de France, et quatre Prix Nobel.
Les premiers signataires sont :
Miguel Abensour, Henri Atlan, Marc Augé, Lothar Baier, Norbert Bensaïd, Yves Bonnefoy, Pierre Bourdieu, Georges Charpak, Claude Cohen-Tannudji, Michel Deguy, Jacques Derrida, Louis-René des Forêts, George Duby, Olivier Duhamel, Jacques Dupin, Umberto Eco, Arlette Farge, Lydia Flem, Nadine Fresco, Jacques Glowinski, Françoise Héritier, Yves Hersant, Françoise Jacob, KS. Karol, Jean-Marie Lehn, Nicole Loraux, Patrice Loraux, Charles Malamoud, andré Miquel, Philippe Nozières, Maurice Olender, Michelle Perrot, Evelyne Pisier, Léon Poliakov, Jean Pouillon, Jacques Revel, Rossana Rossanda, Jean-Pierre Vernant, Lucie Vines, Paul Virilio...
"Nous sommes préoccupés par la résurgence, dans la vie intellectuelle française et européenne, de courants antidémocratiques d’extrême-droite. Nous sommes inquiets du manque de vigilance et de réflexion à ce sujet. C’est pourquoi certains d’entre nous ont commencé, depuis le mois de janvier 1993, à se réunir régulièrement afin d’échanger des informations et d’approfondir ces questions.
Que des idéologues d’extrême-droite déploient une activité d’auteurs et d’éditeurs au sein de réseaux antidémocrate et néonazis n’est pas un fait nouveau. Mais cette activité ne se cantonne plus désormais dans une sorte de clandestinité. Sa visibilité nouvelle la rend aisément vérifiable à qui veut bien prendre la peine de se renseigner.
Or les mêmes ont entrepris depuis un certain temps de faire croire qu’ils avaient changé. Ils mènent pour cela une large opération de séduction visant des personnalités démocrates et des intellectuels, dont certains connus pour être de gauche. Mal informés de cette activité et de ces réseaux, ou les ignorant tout à fait, ceux-ci ont accepté de signer des articles dans des revues dirigées par ces idéologues. Une fois piégées, ces signatures accréditent évidemment l’idée que le prétendu changement est une réalité.
Cette opération n’est pas isolée. Elle s’inscrit au contraire dans l’actuelle stratégie de légitimation de l’extrême-droite, qui fait feu de tout bois. Cette stratégie profite de la multiplication de dialogues et de débats autour, par exemple, de ce qu’on appelle pour le moins légèrement la fin des idéologies, de la disparition supposée de tout clivage politique entre la gauche et la droite, du renouveau présumé des idées de nation et d’identité culturelle. Cette stratégie se nourrit aussi de la thèse à la mode, qui dénonce l’antiracisme comme à la fois "ringard" et dangereux.
De la part des auteurs, des éditeurs et des responsables de la presse écrite et audiovisuelle, ces manuvres ne semblent pas encore susciter la défiance qui s’impose. Par manque d’information ou de vigilance, par scrupule envers la liberté d’expression, par souci d’une tolérance sans limites, bon nombre d’entre eux, et des plus estimables, font aujourd’hui, sans le vouloir, le jeu de cette opération de légitimation.
A la faveur de ces complicités involontaires, nous craignons de voir prochainement se banaliser dans notre vie intellectuelle la présence de discours qui doivent être combattus parce qu’ils menacent tout à la fois la démocratie et les vies humaines. Nous ne pouvons en effet oublier que les propos de l’extrême-droite ne sont pas simplement des idées parmi d’autres, mais des incitations à l’exclusion, à la violence, au crime.
C’est pourquoi en ce mois de juillet 1993, nous avons résolu de fonder un comité "Appel à la vigilance", qui se donne pour tâche de collecter et de faire circuler le plus largement possible toute information utile pour comprendre les réseaux de l’extrême-droite et leurs alliances dans la vie intellectuelle (édition, presse, universités), et de prendre position publiquement sur toute affaire relative à ces questions.
Nous nous engageons à refuser toute collaboration à des revues, des ouvrages collectifs, des émissions de radio et de télévision, des colloques dirigés ou organisés par des personnes dont les liens avec l’extrême-droite seraient attestés.
La France, à l’évidence, n’est pas le seul pays européen où se développent ces diverses stratégies. C’est pourquoi nous appelons à une Europe de la vigilance en conviant toute personne qui approuve notre initiative à signer ce manifeste."
(c) Projet Ornicar, juillet/août 1993
L’infiltration néofasciste et néonazie dans la minorité gay
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