16.6. Du grand nombre d’expériences tragiques dont notre Groupe a reçu témoignage, rien n’a dépassé en intensité la rencontre que nous avons eue avec trois femmes qui ont pu échapper de justesse au génocide. Nous avions déjà parlé de cette rencontre dans l’introduction du présent rapport. La section qui suit est surtout inspirée par le souvenir de ces trois femmes qu’aucun de nous ne parviendra jamais à oublier.
Démographie
16.7. Selon une source récente, "peu après la fin du génocide, il a été estimé que 70 pour cent de la population du Rwanda se composait de femmes, ce qui reflète le plus grand nombre d’hommes tués durant le génocide et le fait qu’une grande partie des membres des ex-FAR et des milices ont fui le pays. Ce chiffre est encore parfois cité aujourd’hui, bien qu’il soit dépassé. En raison du retour des réfugiés et en tenant compte de la diaspora, le chiffre aujourd’hui est plutôt de l’ordre de 54 pour cent ; si nous considérons principalement la population économiquement active (en soustrayant les enfants et les femmes âgées), les données nous indiquent que les femmes comptent pour plus de 57 pour cent de la population. Cependant, même ce chiffre ne dit pas tout, puisque quelque 150 000 hommes sont dans l’armée ou en prison. Cela signifie que les femmes rwandaises doivent porter une plus grande part du fardeau des activités économiques et de reconstruction du pays[1]."
16.8. Ces chiffres placent les femmes au centre du développement économique et social futur du pays. La nature même de l’économie rwandaise accentue encore ce rôle. Parce que le Rwanda est à 95 pour cent rural, l’agriculture occupe de loin le premier rang de l’activité économique et les femmes assurent plus de 70 pour cent de la production agricole totale du pays[2]. Comme résultat, "les femmes sont les principaux agents de reconstruction et de changement aujourd’hui au Rwanda, et toute considération de l’avenir du pays doit prendre en compte les besoins différents des femmes et leur contribution à la reconstruction économique et sociale[3]." Cette réalité comporte des implications directes pour les politiques et les programmes du gouvernement rwandais, de même que pour les ONG nationales et internationales, les organisations d’aide bilatérale et internationale et les institutions financières internationales.
16.9. Peu après la fin du génocide, la moitié des ménages restants étaient dirigés par des femmes. En 1999, 34 pour cent de tous les ménages comptaient encore une femme ou une personne mineure (habituellement une femme) à leur tête, une augmentation de 50 pour cent par rapport aux données comparables avant le génocide[4]. La grande majorité de ces femmes sont devenues veuves à la suite de la guerre ou du génocide. Le grand nombre de femmes chefs de famille est un autre des problèmes économiques et sociaux pressants du Rwanda. Dans plusieurs cas, les femmes chefs de famille et leurs personnes à charge se retrouvent en situation de détresse économique à cause du décès de l’homme qui assurait leur subsistance. Le Rwanda demeure un territoire extrêmement pauvre pour la grande partie de ses habitants, mais même à cet égard, les familles dirigées par une femme sont encore plus pauvres que celles dirigées par un homme[5].
16.10. Peu après la fin du génocide, plus de 250 000 femmes se sont inscrites auprès du ministère de la Famille et des Femmes en développement. La plupart avaient perdu non seulement leur mari, mais aussi tous leurs biens. En 1996, ce sont plus de 400 000 veuves qui sollicitaient l’aide du gouvernement afin de retrouver leur autonomie financière[6]. Puisque les nouvelles lois rwandaises interdisent aux agences gouvernementales de demander l’appartenance ethnique, il n’est pas possible de savoir combien de ces femmes sont Tutsi et combien sont Hutu. De toute façon, l’appartenance ethnique n’a pas d’importance pour la réhabilitation ; toutes ces femmes subissent au même degré la pauvreté et le désespoir.
Inégalité
16.11. En vertu des lois non écrites de la coutume et de la tradition au Rwanda, les femmes ont toujours été des citoyennes de seconde classe, ce qui laisse les Rwandaises pauvres dans une situation pire encore que celles des hommes pauvres. Bien que la constitution rwandaise garantisse l’égalité juridique aux femmes, la discrimination fondée sur les pratiques traditionnelles continue de régir plusieurs domaines, dont l’héritage. Au moment du génocide, en vertu du droit coutumier, une femme ne pouvait hériter de biens à moins d’être nommément désignée comme bénéficiaire. Comme résultat, un grand nombre de veuves et de filles n’avaient aucun droit légal à la maison de leur mari ou de leur père décédé, pas plus qu’aux terres ou aux comptes bancaires de leurs parents.
16.12. Après le génocide, une commission s’est penchée sur la situation et a émis plusieurs recommandations pour la corriger et, par la suite, le gouvernement a présenté un projet d’amendement au code civil qui permettrait enfin aux femmes de posséder des biens ou d’en hériter. Toutefois, la machine parlementaire avançait lentement et l’amendement n’a pas été adopté avant l’an 2000. Même maintenant, certains craignent que l’amendement ne soit mis de côté au profit d’un projet plus vaste de refonte des aspects du code civil régissant la propriété terrienne. Bien que la question globale des terres soit incontestablement importante pour les efforts visant l’atteinte d’une paix durable et la réconciliation nationale, il n’y a pas de raison que le fait d’assurer aux femmes le droit d’hériter terre et propriété ne devrait pas être incorporé dans toutes les lois de réforme foncière[7].
16.13. Le gouvernement actuel s’est également engagé à adopter un plan d’action pour l’élimination systématique des autres formes de discrimination à l’endroit des femmes. Les exemples de ce genre de discrimination abondent. Le Code pénal, par exemple, prévoit une peine d’un an de prison pour les femmes trouvées coupables d’adultère, alors qu’un homme trouvé coupable du même crime sera condamné à une peine de un à six mois de prison, assortie - ou remplacée par - une faible amende[8]. Le Groupe espère fortement que les initiatives en vue d’éliminer ces écarts seront poursuivies parce que, comme nous l’avons noté auparavant, il est impossible d’assurer le succès de la transformation politique et sociale du Rwanda sans donner aux femmes, qui constituent la majorité de la population, les outils nécessaires pour refaire leur vie.
16.14. Les développements que nous avons décrits ci-dessus reflètent l’amorce d’une transformation importante de la position traditionnelle et du statut de la femme dans la société rwandaise. Comme dans plusieurs autres sociétés, les Rwandaises ont traditionnellement eu un accès limité à la vie publique et économique de leur pays. Traditionnellement, la valeur d’une femme dans la société a toujours été reliée à son statut d’épouse et de mère, et la société a toujours attendu des femmes en général qu’elles adoptent une attitude soumise face à leur mari[9].
16.15. Hamilton a décrit de quelle façon le statut affectait l’éducation et l’emploi : "En conséquence, l’éducation traditionnelle pour les filles ne passait pas par l’école, mais plutôt par l’apprentissage de son rôle d’épouse et de mère. Il n’y avait aucun incitatif à l’éducation des filles, parce que les gains économiques de leur travail passaient à une autre famille dès qu’elles se mariaient [...]. [Comme l’a dit un fonctionnaire,] ’dans la culture rwandaise, la cuisine est l’école des filles’ [...] Les femmes adultes trouvent difficilement un emploi rémunéré parce qu’elles n’ont pas eu la chance de faire des études. Dans l’ensemble de la population, le taux d’analphabétisme chez les femmes est plus élevé que chez les hommes : 50,5 pour cent des femmes sont illettrées contre 43,6 pour cent des hommes. Dans la tranche de population de plus de 30 ans, l’écart est beaucoup plus élevé : 67,4 pour cent des femmes sont illettrées contre seulement 43,5 pour cent des hommes [...] Les femmes et les filles de moins de 30 ans ont bénéficié des changements culturels et sociaux qui ont permis à un plus grand nombre d’entre elles de fréquenter l’école[10]."
16.16. L’évolution sociale est toujours un processus évolutif et souvent lent, mais ce sont les circonstances qui déterminent leur vitesse. Puisque les femmes forment maintenant la majorité de la population adulte rwandaise, elles assument des responsabilités et des rôles nouveaux tout simplement parce qu’elles y sont obligées. Qui plus est, comme nous le verrons ci-dessous, il existe un effort concerté des groupes de femmes et du gouvernement pour répondre aux besoins des Rwandaises et les engager dans l’important processus de reconstruction et de réconciliation.
Viol
16.17. Les Dix commandements des Bahutu ont été scrupuleusement respectés durant le génocide, avec des conséquences horribles pour les femmes. Il n’est pas étonnant, compte tenu de la difficulté de recueillir des données précises, de constater que les estimations du nombre de femmes victimes de viol varient de quelques milliers à des centaines de milliers. Un grand nombre de femmes violées ont été ensuite assassinées et ne sont donc pas recensées dans les statistiques, tandis que d’autres n’ont été épargnées que pour être violées[11].
16.18. Durant le génocide, les génocidaires recourraient couramment au viol en tant qu’arme de guerre pour détruire l’esprit des femmes et les isoler de leurs familles ou de leurs communautés et pour humilier leurs familles et leurs maris. Plusieurs femmes ont été enlevées et violées par des hommes qu’elles connaissaient - leurs voisins ou même, dans le cas de certaines écolières, leurs enseignants, ce qui a rendu extrêmement difficile leur retour dans leur communauté. Certaines, brisées par le remords et le sentiment de culpabilité, ont tenté de s’enlever la vie. Même si elles n’étaient que d’innocentes victimes, d’autres sont remplies de honte parce qu’elles ont donné naissance à un enfant à la suite du viol ou parce qu’étant Catholiques, elles ont eu recours à l’avortement, ce qui est contraire aux enseignements de l’Église catholique.
16.19. Plusieurs femmes ont été violées par des hommes qui se savaient porteurs du VIH et qui tentaient sadiquement de transmette le virus à des femmes Tutsi et à leur famille. Des femmes et des filles ont été violées dans leur maison, dans les fourrés, dans des endroits publics et à des barrages routiers. Parfois, on les tuait peu de temps après. Certains assaillants ont gardé leurs victimes captives durant des semaines ou des mois pour assouvir leurs besoins sexuels. Les assaillants mutilaient souvent leurs victimes durant le viol ou avant de les assassiner. Après leur avoir coupé les seins, le nez, les doigts et les bras, ils laissaient les victimes saigner à mort.
16.20. Puisque le viol était largement considéré honteux pour la victime, il était souvent gardé secret. Il est donc difficile de compiler des statistiques sur les viols commis durant le génocide. Il n’est toutefois pas permis de douter que le viol ait été systématiquement utilisé comme arme par les penseurs du génocide dans le but d’exterminer la race Tutsi. Selon les témoignages des survivantes, nous pourrions conclure que la quasi-totalité des femmes et des filles de plus de 12 ans ayant survécu au génocide ont été violées. Compte tenu de la difficulté qu’implique l’évaluation du nombre total de viols, il est impossible de confirmer ou de rejeter cette conclusion. Toutefois, nous pouvons être certains que presque toutes les femmes qui ont survécu au génocide ont été directement victimes de viol ou de violences sexuelles, ou qu’elles en ont été profondément affectées. Le fait que la plupart des survivants signalent que le viol était une norme pour presque toutes les femmes durant le génocide est significatif à cet égard. Il implique que la plupart des femmes du Rwanda ont choisi de garder le silence sur cet épisode et que, en quelque sorte, elles ont collectivement décidé de ne pas chercher à obtenir justice pour cet aspect particulier du génocide.
16.21. Comme c’est le cas partout ailleurs, si justice doit être faite, il faudra demander aux victimes de viol de faire l’effort extraordinaire de rendre public ce sujet extrêmement douloureux. Malgré une sensibilité accrue de la population à cette question, l’injuste réprobation sociale rattachée au viol n’est encore disparue nulle part au monde, et le Rwanda ne fait certainement pas exception à la règle.
16.22. Le triste sort de la victime de viol est souvent occulté et l’accent mis sur la honte et la dégradation sociale qu’elle est censée jeter sur sa famille ou sa communauté. Il en résulte que le blâme est souvent reporté de l’agresseur sur la victime, qui est stigmatisée et victimisée à perpétuité, condamnée à l’isolement longtemps après l’attaque. Dans plusieurs communautés, le viol est associé à l’adultère, ce qui ajoute aux pressions imposées aux femmes pour qu’elles gardent le secret.
16.23. Au Rwanda, la honte associée au viol est souvent exacerbée par le fait que les victimes de viol sont souvent perçues, par les survivants et par ceux qui reviennent d’exil, comme des collaboratrices de l’ennemi, des femmes qui ont échangé des services sexuels contre leur vie tandis que leur famille était massacrée. Plusieurs se sont retrouvées frappées d’ostracisme par leur communauté. Dans plusieurs cas, ce sont des femmes qui ont été emmenées de force pour servir d’"épouses" à des membres des milices et des forces armées et qui ont été traitées comme des esclaves sexuelles et forcées d’accomplir des actes sexuels à répétition pour un ou plusieurs hommes. Les femmes qui ont survécu à ces "mariages" forcés dévoilent d’immenses conflits intérieurs lorsqu’elles décrivent leur supplice. Une femme peut reconnaître qu’elle n’avait pas le choix et mépriser l’homme qui l’a ainsi gardée captive, mais en même temps se débattre avec le fait qu’elle n’aurait probablement pas survécu si cet homme n’avait pas fait d’elle son esclave.
16.24. Des femmes tant Hutu que Tutsi ont été violées, mais il existe des différences tant sur le nombre que sur les motifs de ces actes. Les femmes Tutsi avaient été ciblées en raison de leur ethnicité. Il y a eu moins d’attaques contre des femmes Hutu, choisies principalement en raison de leur affiliation politique ou de leurs liens familiaux avec des Tutsi. Plusieurs autres femmes et jeunes filles ont été attaquées sans motif ethnique ou politique, simplement pour leur beauté et parce que les agresseurs voulaient prouver qu’ils pouvaient s’en prendre à n’importe qui en toute impunité. Plusieurs femmes Hutu qui avaient fui la guerre et le génocide découvrirent que les camps de réfugiés du Zaïre et de la Tanzanie étaient des zones de cauchemar, contrôlées par les génocidaires. Le viol y était courant et beaucoup de celles qui sont revenues au Rwanda partagent les mêmes traumatismes et souffrent des mêmes problèmes que les femmes et les jeunes filles violées durant le génocide.
16.25. Les femmes qui ont été victimes d’abus sexuels durant le génocide ont souffert de problèmes de santé persistants depuis lors, en particulier de maladies transmises sexuellement dont la syphilis, la blennorragie et le VIH/SIDA. Plusieurs souffrent des séquelles physiques et psychologiques des mutilations. Parce que l’avortement était illégal dans le Rwanda catholique depuis l’époque coloniale, les médecins ont signalé que beaucoup de femmes ont dû être traitées pour des complications sérieuses résultant de tentatives d’auto-avortement et d’avortements clandestins après des grossesses consécutives à un viol. Malheureusement, le nombre de médecins disponibles pour assurer l’énorme quantité de soins requis est largement insuffisant.
16.26. Un sondage réalisé par le ministère de la Famille et de la Promotion de la femme et l’UNICEF peu de temps après le génocide auprès de 304 femmes indique que 35 pour cent d’entre elles ont déclaré être devenues enceintes après avoir été violées. Une autre étude, menée en février 1996 par le même ministère, indique que sur les 716 cas de viol étudiés, 472 femmes sont devenues enceintes et plus de la moitié d’entre elles ont subi un avortement[12]. Le Bureau national de la population estime entre 2 000 et 5 000 le nombre de "grossesses de guerre", d’"enfants de la haine", d’"enfants non désirés" ou d’"enfants du mauvais souvenir" (autant d’euphémismes pour les enfants nés d’un viol)[13] ; de toute évidence, le nombre de grossesses consécutives à un viol fut beaucoup plus élevé. Les femmes qui ont décidé de garder un enfant né d’un viol ont souvent dû faire face à la résistance de leur famille et de leur groupe ethnique et se sont retrouvées ostracisées et isolées. Plusieurs de ces femmes ont refusé d’enregistrer la naissance de leur enfant ou de recevoir des traitements médicaux, par crainte de représailles si leur situation devait être connue. Dans la plupart des cas, les femmes qui sont devenues enceintes à la suite d’un viol ont mis fin à leur grossesse par un avortement, parfois aussi tard qu’au dernier tiers de leur grossesse. La honte et la peur ont également entraîné des cas d’infanticide.
16.27. En vertu de l’article 360 du Code pénal du Rwanda de 1977, le viol est un crime punissable d’une peine de cinq à dix ans d’emprisonnement. Le pays est également obligé de poursuivre les auteurs des viols en vertu de deux conventions internationales ratifiées par le Rwanda, les Conventions de Genève et leurs protocoles facultatifs et la Convention sur le génocide. En vertu de la Loi organique adoptée le 30 août 1996, la violence sexuelle est considérée comme un crime au premier degré.
16.28. De l’horreur des viols commis durant le génocide ont émergé quelques développements positifs sur le plan du droit international. Le Tribunal pénal international pour le Rwanda, qui siège à Arusha (Tanzanie) et dont nous discuterons dans un prochain chapitre, a créé un Comité sur les agressions sexuelles chargé d’enquêter sur les actes de violence de nature sexuelle, et il a entrepris des poursuites et émis des condamnations pour des crimes de nature sexuelle. C’était la première fois qu’un tribunal pénal international condamnait une personne accusée de viol. Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (et son équivalent pour la Yougoslavie) sont les deux premiers tribunaux internationaux à inclure dans leur mandat le viol en tant que crime contre l’humanité et crime de guerre. La portée de cette condamnation a été d’établir un précédent en droit international à l’effet que même s’il n’est pas en tant que tel un acte de génocide, le viol est à tout le moins un crime contre l’humanité. La condamnation d’un bourgmestre (maire), Jean-Paul Akayesu, accusé de viol dans le cadre d’un plan systématique, et le procès de la ministre Pauline Nyiramasuhuko pour avoir ordonné l’utilisation du viol comme arme durant le génocide, sont des étapes importantes pour le Rwanda et pour les droits de la personne sur le plan international.
16.29. Grâce à l’intervention d’un groupe d’universitaires défenseurs des droits des femmes et d’organisations non gouvernementales, l’acte d’accusation contre Jean-Paul Akayesu a été modifié durant son procès en 1997 pour y ajouter trois chefs d’accusation en vertu des Conventions de Genève et de leurs protocoles. Il s’agissait notamment du viol en tant que crime contre l’humanité, d’autres actes inhumains en tant que crimes contre l’humanité et d’outrages à la dignité personnelle, dont le viol, le traitement dégradant et humiliant et l’attentat à la pudeur. Ces trois nouveaux chefs d’accusation ont établi des précédents sur le plan du droit international.
16.30. Akayesu a été déclaré coupable de crimes contre l’humanité pour viol et violence sexuelle. Le Tribunal a conclu d’après la preuve qu’il avait ordonné et entrepris des actes de violence sexuelle, mais qu’il n’avait pas participé lui-même aux viols. Les groupes de défense des droits de la personne ont plaidé que le viol et les autres formes de violence sexuelle, y compris le meurtre de femmes enceintes, constituaient un acte de génocide et que dans le cas spécifique du Rwanda, le viol et la violence sexuelle étaient partie intégrante de la campagne génocidaire[14]. Le Tribunal n’a toutefois pas accusé Akayesu de viol dans le contexte d’un génocide.
16.31. Il est également significatif que, pour la toute première fois, une femme ait été accusée de viol par un tribunal international. Pauline Nyiramasuhuko, la ministre de la Famille et des Affaires féminines durant le génocide, a été accusée de viol alors qu’elle était en position de commandement. En d’autres termes, si la preuve s’avère concluante, elle sera tenue responsable d’avoir su que ses subordonnés violaient des femmes Tutsi et de n’avoir rien fait pour les en empêcher ou pour les punir[15]. Le jugement du Tribunal sera d’un très grand intérêt pour le monde entier.
16.32. Bien qu’il s’agisse là d’avancées juridiques historiques dont nous nous réjouissons sans réserve, elles ne procurent dans l’immédiat que peu de réconfort ou de sécurité aux victimes des viols elles-mêmes. La plupart refusent de parler ouvertement de leur expérience. Certaines ne savent pas que les outrages dont elles ont été victimes sont punissables par la loi. D’autres ont peu confiance dans le système judiciaire et craignent les représailles. Il est facile de comprendre qu’elles ne se sentent pas à l’aise de raconter leur histoire à des avocats de la poursuite ou des interprètes mâles et craignent qu’en signalant le crime, elles risquent non seulement d’être victimes de représailles, mais aussi d’ostracisme de la part de leur communauté. Les dommages d’un viol sont toujours graves, complexes et durables et le contexte du génocide a seulement exacerbé toutes les conséquences habituelles.
Femmes coupables
16.33. Il faut bien comprendre que les femmes n’ont pas été seulement des victimes de ce génocide. Certaines y ont participé - contre des hommes, mais aussi contre des femmes. Ce phénomène était suffisamment étendu pour qu’African Rights, l’organisme de protection des droits de la personne qui fut le premier à dresser un inventaire systématique des horreurs du génocide, publie en 1995 une étude intitulée Not So Innocent : When Women Become Killers ("Pas si innocentes : quand les femmes deviennent des assassins"), qui traite plus particulièrement de la participation des femmes dans le génocide. Plusieurs femmes se sont rendues coupables de crimes de nature sexuelle. La plupart d’entre elles étaient pauvres, parfois très pauvres, mais d’autres provenaient de toutes les couches de la société rwandaise Hutu : enseignantes, paysannes, jeunes étudiantes, religieuses et mères de famille. Certaines femmes en ont pris d’autres en captivité et demandé qu’elles soient violées en leur présence. Dans d’autres cas, elles ont utilisé des bâtons et d’autres instruments pour commettre les viols elles-mêmes.
16.34. Les dirigeants du mouvement Hutu Power, dont certains étaient des femmes, ont encouragé ces atrocités, mais des femmes ordinaires ont aussi commis ce genre de crime. Une fois le génocide lancé, une violence débridée a éclaté chez beaucoup de Hutu moyens - résultat de plusieurs années de pauvreté, de privations et de répression, combinées à des années de déshumanisation rituelle des Tutsi et de manipulation constante de la part des dirigeants Hutu. Ce que certaines femmes Hutu ont fait subir à certaines femmes Tutsi n’est qu’une autre manifestation d’une société qui, durant 100 jours, a perdu complètement le contrôle d’elle-même et a souffert d’une perte collective d’humanité. Ce phénomène de violences menées par des femmes contre d’autres femmes ne semble pas s’être produit souvent dans d’autres situations similaires et il mérite une étude plus approfondie.
16.35. Quelque 1 200 femmes ont été emprisonnées au Rwanda pour avoir présumément participé au génocide - environ 3 pour cent de la population carcérale totale. Lorsque ces statistiques ont été recueillies, 20 pour cent de ces femmes allaitaient un enfant, ce qui présente un autre dilemme - les problèmes auxquels les enfants de ces femmes vont devoir faire face[16].
Femmes et développement
16.36. Quel que soit leur statut - Hutu, Tutsi, déplacées, survivantes - il n’est pas exagéré de dire que toutes les femmes du Rwanda ont dû faire face à des problèmes énormes en raison des bouleversements causés par le génocide, une situation rendue pire encore par le statut de seconde classe accordé à leur sexe dans leur pays. Toutefois, la tragédie a laissé place à une lueur d’espoir. Des développements importants et favorables sont survenus, fondés sur la reconnaissance de la place centrale qu’occupent les femmes dans l’espoir de reconstruction et de réconciliation, ainsi que sur l’émergence parallèle d’un grand nombre d’organisations de femmes établies depuis la fin du génocide pour se pencher sur les nombreux problèmes auxquelles les femmes doivent faire face. Au cours des dernières années, le monde entier a réalisé que la participation des femmes était indispensable au succès du développement, et cette vérité est encore plus incontournable au Rwanda. Parce que les femmes forment la grande majorité de la population active, elles jouent un rôle de premier plan dans le développement économique et la reconstruction. De plus en plus de gens réalisent que l’atteinte d’une paix durable sera encore plus difficile sans un réel progrès vers un développement économique équitable.
16.37. Depuis l’indépendance, les Rwandaises se sont regroupées en associations socioprofessionnelles, en coopératives et en associations de développement. Les associations féminines ont toutefois pris un nouvel essor dans la société post-génocide et se penchent sur les problèmes particuliers aux femmes et sur l’absence de services sociaux gouvernementaux.
16.38. Sur le plan local, les femmes créent ou reconstituent des groupes ou des coopératives d’assistance pour aider les survivantes, les veuves ou les réfugiées qui rentrent chez elles, ou tout simplement pour aider les femmes à assurer la subsistance de leur famille[17]. Les ONG et les donateurs ont compris les avantages potentiels de ces groupes pour la reconstruction et le développement et ils leur ont apporté leur aide ou ils ont contribué à en créer de nouveaux. L’un de ceux-ci est le programme Femmes en transition (FET), établi en partenariat par le ministère rwandais de la Famille, du Genre et des Affaires sociales (MIGEFASO) et l’USAID en 1996, pour répondre à l’accroissement marqué du nombre de femmes chefs de famille. Durant les deux premières années de son existence, le programme a permis d’identifier les organisations féminines sérieuses et leur a apporté de l’aide sous forme de développement de refuges, d’aide agricole, de bétail ou de microcrédit[18].
16.39. Un autre important projet de développement s’adressant aux femmes, l’Initiative des femmes rwandaises du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, travaille avec de nombreux groupes de femmes à titre de partenaire de mise en œuvre. Selon l’UNICEF, les groupes de femmes sont devenus "d’authentiques relais fonctionnels pour les projets de développement réalisés à la base", parce qu’ils "favorisent une gestion directe et participative qui facilite la participation des femmes aux programmes de formation et aux projets générateurs de revenus et qui leur donne accès aux moyens de production. Ce sont aussi et par-dessus tout des groupes de solidarité qui permettent à des femmes en difficulté de se réunir en groupes de pression pour assurer aux besoins des femmes une meilleure place à l’ordre du jour. Enfin, ils facilitent l’intégration des femmes qui reviennent d’exil, en intervenant directement dans les projets de réintégration [...][19]."
16.40. Les associations de femmes sont également actives sur le plan national, où elles s’efforcent de répondre aux besoins particuliers des survivantes et de celles qui reviennent d’exil, permettent aux femmes de se donner un poids politique et économique et participent à la reconstruction de la société rwandaise. Trente-cinq organisations de droits des femmes, de développement et de paix se sont regroupées au sein d’une fédération appelée Pro-Femmes Twese Hamwe (Pro-femmes toutes ensemble ; ironiquement, la racine de l’expression est la même qui a donné naissance au mot "Interahamwe" - ceux qui se tiennent ensemble). Le plan d’action triennal de Pro-Femmes énonce que l’organisation travaille "à la transformation structurelle de la société rwandaise en mettant en place les conditions politiques, matérielles, juridiques, économiques et morales favorables à la restauration de la justice et de l’égalité, afin de bâtir une paix réelle et durable". Outre son programme de paix et de reconstruction, Pro-Femmes offre également à ses membres un appui au développement des compétences et les aide à mettre en place des programmes de communication, d’information et d’éducation.
16.41. La participation des femmes sur le plan local s’est également accrue récemment avec la création de "comités femmes" aux quatre échelons de l’administration gouvernementale. Initiative conjointe du MIGEFASO et des organisations de femmes, ces structures comprennent chacune 10 femmes, choisies par des élections ouvertes aux femmes seulement pour faire valoir les préoccupations féminines à chaque palier de gouvernement.
16.42. L’importance de tels développements ne doit pas être minimisée. Suzanne Ruboneka, de Pro-Femmes Twese Hamwe, qui a contribué à la mise sur pied de ces comités, a expliqué à un chercheur étranger pourquoi il était important de créer des forums ouverts aux femmes seulement pour les amener à participer au processus décisionnel. "Dans notre culture, des barrières empêchent encore les femmes de s’exprimer en public. Les femmes n’osent pas prendre la parole en public, surtout quand des hommes sont présents. En conséquence, il n’existe aucun endroit permettant aux femmes de réfléchir, de chercher des solutions et donc de jouer un véritable rôle politique. Beaucoup de femmes sont illettrées et leur point de vue n’est jamais pris en compte. Comment faire alors pour motiver les femmes, leur donner la chance de se regrouper pour se faire entendre sans crainte[20] ?"
16.43. Les contraintes traditionnelles ne sont pas les seuls obstacles auxquels les femmes doivent faire face. Il est à la fois surprenant et désolant de constater que l’aide internationale considérable apportée au Rwanda a mis beaucoup de temps à reconnaître leurs besoins particuliers. Bien que certains programmes leur soient maintenant spécifiquement dédiés, plusieurs agences continuent de regrouper les difficultés particulières des femmes avec d’autres problèmes de nature plus générale. Certains organismes considèrent que l’aide aux femmes est assurée dans le cadre des programmes d’aide aux groupes vulnérables, comme les programmes de relocalisation et de logement. La plus grande partie de l’aide américaine au Rwanda, par exemple, tend à se répartir sur deux axes : démocratie et gouvernance d’une part, et aide aux personnes déplacées d’autre part. L’aide aux femmes passe habituellement sous le couvert de cette deuxième catégorie, qui comprend aussi la santé, la sécurité alimentaire, la réunification des familles et l’aide aux orphelins.
16.44. Comme nous l’avons cependant constaté, il y a des exceptions importantes à cette règle, et nous ne pouvons qu’espérer que ces exceptions représentent la voie de l’avenir. Les pays donateurs et la communauté des ONG ont reconnu que les comités femmes sont un véhicule de choix pour l’aide au développement. Le gouvernement rwandais a donné à chaque comité le mandat de mettre sur pied, de financer et de gérer des Fonds communautaires des femmes (FCF). Encore aux tout premiers stades de développement, ces fonds sont destinés à favoriser le lancement d’activités économiques à l’échelle des communes et des secteurs tout en permettant aux groupes de femmes de participer aux décisions financières qui ont des répercussions dans leur vie. Cela s’accomplit, entre autres, par l’entremise d’activités de microcrédit, par lesquelles les FCF consentent de petits prêts à un taux d’intérêt minimal à des femmes qui n’auraient pas autrement accès au crédit.
16.45. Dans une percée importante, l’USAID a reconnu l’aide aux femmes comme l’un des objectifs de son mandat. De concert avec les fonctionnaires, l’organisme finance le programme Femmes en transition qui, à son tour, finance les activités des comités femmes sur le plan communal et assure la formation et l’orientation des comités femmes responsables de la gestion des FCF[21].
16.46. En parallèle, le Fonds de développement des Nations Unies pour les femmes, l’UNIFEM, a financé des programmes pour les femmes dans certains camps pour personnes déplacées et dans certains groupes de femmes revenues d’exil. Dans le cadre de son initiative Femmes africaines en crise, l’UNIFEM a mis l’accent sur la santé de la reproduction, la gestion des traumatismes et l’amélioration de la qualité de vie des femmes et des jeunes filles. L’UNICEF a mis sur pied avec le ministère de la Justice un programme pour la protection des enfants en conflit avec la loi, qui prévoit notamment des services d’aide judiciaire et de soutien aux femmes enceintes et aux femmes incarcérées avec leurs enfants ; ce programme renforce l’Unité d’inspection du ministère de la Justice afin de mieux surveiller les conditions de détention des femmes et des enfants.
16.47. Pour nous, une conclusion semble s’imposer d’évidence. À la fin de notre rapport, nous soumettons que le Rwanda a massivement droit à réparation de la part d’un monde qui l’a trahi au moment où il avait le plus besoin d’aide. Nous n’entretenons cependant pas l’illusion que cette réparation va arriver facilement ou rapidement. Dans l’intervalle, des besoins doivent être comblés en priorité. Compte tenu de l’effrayant manque de ressources au Rwanda, des besoins sans fin de financement pour la reconstruction et le développement et du fait que l’aide internationale compte pour 80 pour cent du budget annuel de l’État, on doit accorder une attention toute particulière au rôle des femmes[22]. Si les ONG, les donateurs bilatéraux et les institutions financières internationales choisissent de ne pas prendre en compte les besoins particuliers des femmes du Rwanda et leur apport particulier à la reconstruction, ils ignoreront celles-là mêmes qui sont les plus essentielles à la reconstruction morale et physique du pays. Nous croyons que les donateurs doivent incorporer une forte composante axée sur les femmes dans tous leurs programmes, porter une attention particulière aux nouveaux rôles joués par les femmes dans l’économie rwandaise, ainsi que nous l’avons décrit, et concevoir les projets de développement et de réconciliation en conséquence.
Femmes, réconciliation et paix
16.48. Certaines Rwandaises ont décidé qu’elles avaient un rôle particulier à jouer pour mettre un terme à l’amertume du passé et aux divisions du présent, et nous les en félicitons chaleureusement. Selon une étude récente : "[...] Rose Rwabuhihi, une Rwandaise travaillant pour l’ONU, pose la question suivante, qui est sûrement au cœur du débat : ’Pouvons-nous vivre ensemble ?’ Suzanne Ruboneka, de Pro-Femmes Twese Hamwe, doute profondément de la possibilité d’une réconciliation telle que l’envisagent certains donateurs internationaux et certaines ONG, convaincue qu’ils n’ont pas bien compris certaines nuances de la culture rwandaise. Elle a proposé un concept de réconciliation spécifique pour les femmes rwandaises. ’Nous devons nous demander pourquoi nous en sommes arrivées là. Toutes les rwandaises doivent se poser la même question. Chacune d’entre nous doit se demander, qu’ai-je fait pour arrêter cela ? Parce que ce petit groupe de Rwandais qui ont tué, c’étaient nos frères, nos maris, nos enfants. En tant que femmes, qu’avons nous fait, quel fut notre rôle dans tout cela ? Chaque personne doit adopter une position en vue de l’avenir. Que puis-je faire pour que l’avenir soit meilleur, qu’il n’y ait pas de nouveau génocide, pour que nos enfants puissent vivre en paix ? Chacune d’entre nous a la responsabilité de se réconcilier avec elle-même’ [23]."
16.49. Quel est donc le rôle particulier des femmes dans le processus qui doit mener à la cohabitation pacifique - qui constitue, après tout, la clé de la réconciliation nationale ? Comme l’a indiqué Rose Rwabuhihi dans une entrevue, les femmes font face à des problèmes communs dans les domaines de la santé, de l’alimentation, de l’eau et des soins aux enfants, tous rendus plus difficiles que jamais en raison de la crise économique et sociale qui a suivi le génocide. Elles ont également en commun une absence de pouvoir formel au sein du système qui leur permettrait d’influencer les décisions qui ont des répercussions dans leur vie. "Nous faisons face aux même problèmes : peut-être pourrions-nous rechercher la paix ensemble", indique-t-elle, notant par ailleurs que "la crise me tue autant qu’elles."
16.50. Suzanne Ruboneka croit aussi que les luttes communes des femmes leur donnent un rôle particulier dans l’effort national de rétablissement de la paix. "Ce sont les femmes et les enfants qui ont été les plus grandes victimes de ces guerres - veuvage, viols, grossesses ; allons-nous continuer d’être les victimes des prochains conflits ? Ce sont les hommes qui font la guerre. Les femmes disent : ’Arrêtez la guerre. Nous voulons la paix’."
16.51. Ces porte-parole des femmes rwandaises ne disent pas que les femmes sont, par nature, plus paisibles que les hommes et donc plus naturellement prédisposées à construire la paix. Le génocide fournit malheureusement trop de preuves du contraire. Ce qu’elles avancent plutôt, c’est que les femmes du Rwanda - souvent sans l’aide des hommes - ont maintenant pour tâche de reconstruire la société et que, pour ce faire, elles devront surmonter d’innombrables problèmes qui transcendent les considérations politiques et ethniques. Comme le comprend bien cet impressionnant groupe de dirigeantes, c’est en s’attaquant ensemble à ces problèmes que les femmes pourront bâtir des ponts vers l’avenir.
16.52. C’est l’approche qu’a adoptée Pro-Femmes Twese Hamwe dans ses efforts pour rétablir la paix entre les femmes du Rwanda. Comme le dit Suzanne Ruboneka, la stratégie consiste à amener les femmes à "voir la réalité des choses. Nous sommes ici dans le même pays, nous devons toutes y vivre et nous devons y vivre en paix [...] Nous sommes toutes des femmes et c’est ce qui nous unit, que nous soyons des survivantes ou des réfugiées (anciennes ou nouvelles), professionnelles ou femmes de la base, intellectuelles ou illettrées. Nous avons l’occasion de travailler ensemble, de dire la vérité. Nous avons compris que nous devons nous affranchir des différences du passé pour faire face aux vrais problèmes."
16.53. Une universitaire résume l’initiative en ces termes : "La campagne en faveur de la paix de Pro-Femmes Twese Hamwe est conçue pour permettre aux femmes de reconnaître la nécessité de vivre en paix et leur donner les outils dont elles ont besoin pour vivre ensemble sur le plan local. Elles mettent sur pied des ’clubs de discussion’ dans autant de comités femmes qu’elles le peuvent et qui permettent aux représentantes élues de réunir régulièrement les femmes de leur communauté pour parler du conflit. Dans chaque club, la première discussion porte sur les causes du génocide. Les organisatrices espèrent en arriver à créer un club de discussion dans chaque comité femmes local au Rwanda[24]." Selon nous, ces belles initiatives ne peuvent qu’avoir un effet positif sur le processus de paix et de réconciliation dans un pays qui a désespérément besoin de l’une comme de l’autre.
[1] Heather B. Hamilton, "Rwanda’s Women : The Key to Reconstruction", Journal of Humanitarian Assistance (10 janvier 2000), 1.
[2] UNICEF, "Children and Women of Rwanda : A Situation Analysis", 1997, 106.
[3] Hamilton, 2.
[4] Ibid., 4.
[5] Banque Mondiale "Rwanda Poverty Note : Rebuilding an equitable society, poverty and poverty reduction after the genocide", rapport no 17792-RW, 1998, 6.
[6] Binaifer Nowrojee, "Shattered Lives : Sexual Violence During the Rwandan Genocide and its Aftermath" (Human Rights Watch/Africa, Human Rights Watch Women’s Rights Project, Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme), septembre 1996, 2.
[7] Hamilton, 5 et 8.
[8] Ibid.
[9] UNICEF, "Children and Women of Rwanda", 103.
[10] Hamilton, 6.
[11] Ibid., 3.
[12] Nowrojee, 78.
[13] Ibid., 3.
[14] "The Amicus Brief regarding Rape in Rwanda", sur le site web www.hri.ca/doccentre/violence/amicus-brief.shtml, mars 2000.
[15] "Woman Charged with Rape by Rwanda Genocide Tribunal", Pan African News Agency, 13 août 1999.
[16] UNICEF Rwanda, "Rwanda Emergency Programme Progress Report 2", avril 1995 - janvier 1996.
[17] UNICEF, "Children and Women of Rwanda", 110.
[18] Hamilton, 6.
[19] UNICEF, "Children and Women of Rwanda", 110.
[20] Hamilton, 7.
[21] Ibid.
[22] Ibid., 10.
[23] Ibid., 9.
[24] Ibid.
Source : Organisation de l’Unité Africaine (OUA) : http://www.oau-oua.org
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