Dans la concurrence de plus en plus sévère que se livrent les Etats pour capter les flux financiers, Monaco bénéficie de solides atouts, que reconnaît M. Etienne Franzi, Président de l’Association monégasque des banques (AMB) : " Aujourd’hui (...), contrairement à la situation de la place bancaire il y a dix ou quinze ans, une bonne dose de professionnalisme s’est implantée dans chacune des banques, lesquelles se sont fortement développées en faisant appel à des compétences extérieures ou intérieures, de gens de qualité qui maîtrisent la gestion.

" Il y a dix ou quinze ans, la place de Monaco était essentiellement une caisse d’épargne avec des comptes à terme, des comptes sur livret. Depuis dix ou quinze ans, nous avons développé une véritable compétence en matière de gestion mobilière. Mais nous sommes encore très loin d’une place comme celle du Luxembourg qui gère de 2 500 milliards de francs, sans même parler de la Suisse qui affiche le même chiffre, mais en dollars. A Monaco, cela tourne autour de 300 milliards de francs. "

C’est la gestion de fortune qui constitue l’essentiel du fonds de commerce des établissements de crédit monégasques. Ceux-ci cherchent en effet à s’attacher une clientèle de non-résidents ou de résidents à haut pouvoir d’achat, à laquelle est proposé un service personnalisé qui va du conseil en gestion de patrimoine jusqu’à la mise en place de placements diversifiés.

La Banque de Gothard (Suisse), désormais troisième opérateur monégasque (20 milliards de francs d’actifs, 3 milliards d’euros), a récemment inauguré une salle de marché avec huit spécialistes (7). Autonome de la filiale française, la Barclays Bank Monaco (10 milliards d’actifs, 1,5 milliard d’euros) a investi de son côté 10 millions de francs (1,5 million d’euros) dans la création d’une salle de marché qui va accueillir des techniciens de la finance venus de Londres.

De grandes banques internationales (Deutsche Bank-Dresdner Bank, Krediet Bank, Hong Kong & Shanghai Bank, ABN-Amro, Resco) sont venues renforcer l’infrastructure monégasque avec des établissements très spécialisés dans le private banking. Et parmi ceux-ci figurent également Coutts Bank, Paribas-Banque Privée Monaco - filiale à 100 % de Paribas Suisse - et la Bank von Ernst, principal actionnaire de la Banque Internationale de Crédit et de Gestion Monaco (BICGM).

Les chiffres sont éloquents.

En 1998, les établissements installés dans la Principauté géraient 340 109 comptes, dont 112 988 au profit de particuliers résidents, 18 692 au profit d’entreprises mais surtout 206 975 (soit 60,9 %) au profit de personnes physiques ou morales non résidentes.

A titre de comparaison, la Principauté comptait 29 972 habitants en 1990 (dont 5 070 monégasques, 12 047 français et environ 12 900 étrangers tiers). Globalement, on compte ainsi à Monaco dix fois plus de comptes courants que de résidents !

Par ailleurs, il est intéressant d’analyser la ventilation des comptes en fonction de l’établissement gérant. Les banques françaises ne disposent ainsi que de 39,9 % du marché monégasque : si elles gèrent la moitié des comptes de particuliers (54,1 %), leur part chute à 23,5 % pour les comptes de non résidents. Inversement, les banques monégasques gèrent 63,8 % des comptes de non résidents alors que leur part de marché moyenne n’est que de 54,9 % et de seulement 39,4 % pour la clientèle particulière résidente.


Comptes courants gérés à Monaco en 1998
Ventilation par clientèle et par établissements gérants
Source : Banque de France

1998 Comptes courants %
Banques françaises 118 542 34,9
Particuliers 61 179 54,1
Entreprises 8 115 43,4
Divers 676 46,5
Non-résidents 48 572 23,5

Banques étrangères 34 913 10,1
Particuliers 7 339 6,5
Entreprises 1 150 6,2
Divers 19 1,3
Non-résidents 26 405 12,8

Banques monégasques et assimilées 186 654 54,9
Particuliers 44 470 39,4
Entreprises 9 427 50,4
Divers 759 52,2
Non-résidents 131 998 63,8

Total 340 109 100
Particuliers 112 988 100
Entreprises 18 692 100
Divers 1 454 100
Non-résidents 206 975 100


En 1998, les comptes de non résidents - particuliers et entreprises - ont représenté 67,8 millions de francs d’encours sur un total de 104,4 millions de francs d’encours toutes catégories confondues.

En d’autres termes, 64,9 % des fonds gérés à Monaco appartiennent à des agents qui n’y résident pas.


Source : Assemblée nationale. http://www.assemblee-nationale.fr