Dans un monde où l’affaiblissement des idéologies, l’émergence de nations plus nombreuses et le réveil des nationalismes créent de nouvelles formes de conflits multiformes, il est probable que le terrorisme, phénomène ancien, a encore de beaux jours devant lui.

L’Europe, parce qu’elle est proche de plusieurs théâtres de conflits, parce que ses opinions publiques sont fragiles, parce qu’elle a des intérêts partout dans le monde peut être menacée.

La politique de défense, et plus largement la politique de sécurité doit prendre en compte cette menace.

Pour l’ensemble des pays européens, la lutte contre le terrorisme suppose de bâtir des systèmes policiers et judiciaires efficaces afin de traquer sans relâche les terroristes, de démanteler leurs réseaux d’appui, de gêner la réalisation de leurs méfaits et enfin de condamner avec une sévérité dissuasive les responsables.

Dans cette lutte, la France a pris, en raison de son histoire, une longueur d’avance en structurant ses services policiers et en adoptant une législation et une organisation judiciaire spéciale qui a démontré son efficacité. Le fait que de manière récurrente, cette organisation soit critiquée, même si certains reproches peuvent être fondés, tient surtout à l’opposition de principe de certains milieux à une organisation jugée trop marquée par les nécessités de la sécurité publique. L’opinion de notre groupe est que la France n’a aucune raison de baisser la garde et d’affaiblir sous la pression de tel ou tel groupe de pression, ses moyens juridiques de lutte contre le terrorisme.

Notre pays doit en revanche continuer à chercher à amener ses partenaires à faire preuve de la même vigilance et d’une solidarité sans faille dans la lutte anti-terroriste.

L’expérience a montré que peu à peu, à la faveur de certains dossiers et de convergences d’intérêts, les services de police et de justice de plusieurs pays européens ont pris l’habitude de travailler ensemble. Cette coopération bilatérale doit être approfondie.

Au niveau communautaire, il serait souhaitable d’approfondir la coopération déjà très avancée pour lever de manière globale et générale certains obstacles. Pour autant, nous devons être conscients que ces efforts d’harmonisation et de coordination, nécessairement lents, ne produiront pas de résultats rapidement. Surtout, on peut craindre, que cette harmonisation se fasse a minima et que la France doive renoncer à sa spécificité. De plus, il existe un risque qu’une législation européenne soit plus influencée par les différents groupes prétendant défendre les droits de l’homme au détriment de l’efficacité de l’action publique que ne le sont les Etats, plus conscients des nécessités de l’ordre public. La voie de la reconnaissance mutuelle des législations, celle de la coopération bilatérale doivent être privilégiées.

Par ailleurs, cette étude a révélé l’importance de disposer d’un dispositif de renseignement efficace.

Enfin, l’histoire montre que si la lutte policière permet de rendre très difficile la réalisation d’actes terroristes, seul un règlement politique permet l’extinction du phénomène en faisant disparaître les revendications qui le nourrissent.

La France et l’Europe ont donc là un champ d’intervention tout indiqué. Il peut s’agir d’aider des Etats européens ou tiers à lutter contre les mouvements terroristes. Les moyens de la coopération militaire et policière peuvent être renforcés à cette fin. Il peut s’agir de favoriser les règlements politiques et la promotion des valeurs démocratiques et de coexistence pacifique afin d’éviter que des conflits historiques ne débouchent sur la violence.

Le renseignement et la prévention des situations de crise devraient donc constituer les priorités de la politique de lutte contre le terrorisme.


Source : Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN) http://www.ihedn.fr