La défense antimissiles fait l’objet depuis plusieurs années, d’une réflexion au sein de l’OTAN mais uniquement en ce qui concerne la défense contre les missiles balistiques tactiques. Le concept de " défense aérienne élargie " a ainsi été défini, afin d’englober la protection contre ce type de missiles dans la défense globale contre la menace aérienne.

Les travaux menés dans le cadre de l’OTAN ont, dans un premier temps, pour objet d’analyser les différentes possibilités techniques et les moyens de mettre en place une défense antimissiles de théâtre. Le programme de défense des troupes engagées contre les missiles de théâtre est actuellement dans une phase d’étude et pourrait passer en phase de réalisation à partir de 2004. Compte tenu du niveau des investissements nécessaires, les moyens d’alerte contre les éventuels tirs de missiles pourraient reposer sur les capacités américaines, le programme OTAN étant centré sur l’acquisition des systèmes d’interception proprement dits.

S’agissant de la protection de leur propre territoire contre les missiles balistiques à longue portée, la quasi-totalité des pays européens de l’OTAN considèrent aujourd’hui que la mise en place d’un tel système n’est pas d’actualité.

On peut toutefois se demander si l’importance grandissante que ne manquera pas de prendre la défense antimissiles dans le débat stratégique des prochaines années, ne créera pas, tôt ou tard, une pression pour que cette question soit traitée au sein de l’Alliance atlantique. L’inscription au programme présidentiel du gouverneur Bush d’une extension de la NMD aux alliés des Etats-Unis, tout comme la relance, par le Président Poutine peu après sa rencontre avec le Président Clinton au début du mois de juin, de l’idée d’une coopération internationale pour contrer une menace balistique potentielle, sont autant d’éléments qui tendent à impliquer davantage les pays européens de l’OTAN dans le débat.

L’extension à l’Europe de défenses contre les missiles à longue portée constituerait alors un ferment de division au sein des pays européens de l’OTAN. Ce sujet pourrait surtout perturber le processus d’édification de la défense européenne qui exige une concentration de l’effort européen de défense sur les priorités définies en matière de capacités de projection, de renseignement, de commandement et de communication, et trouve déjà difficilement des ressources financières à la hauteur de telles ambitions.


Source : Sénat (France) : http://www.senat.fr