La Maison-Blanche
Bureau du secrétaire de presse
Le 6 mars 2003

Conférence de presse du président Bush

Le président - Bonsoir. Je suis heureux de répondre à vos questions ce
soir et de discuter avec les Américains des problèmes graves auxquels
doivent faire face notre pays et le monde.

Cette semaine a été importante sur deux fronts de notre guerre contre
le terrorisme. Premièrement, grâce au dur labeur de responsables
américains et pakistanais, nous avons capturé le cerveau des attaques
du 11 septembre contre notre pays. Khaled Cheikh Mohammed a conçu et
planifié les détournements d’avions et orchestré les actions des
pirates de l’air. Nous croyons que sa capture va encore plus perturber
le réseau terroriste et sa capacité de préparer d’autres attaques.

Deuxièmement, nous sommes parvenus à un moment clé de l’affrontement
de la menace que représentent Saddam Hussein et ses armes de
destruction massive pour notre pays et pour la paix. Demain, à New
York, le Conseil de sécurité des Nations unies recevra une mise à jour
du chef des inspecteurs du désarmement. Le monde attend de lui la
réponse à une seule question : le régime irakien a-t-il, oui ou non,
complètement et inconditionnellement désarmé, comme l’exige la
résolution 1441 ?

Le dictateur irakien a fait grand cas, publiquement, de la déclaration
et de la destruction de quelques missiles - des missiles qui violent
des restrictions imposées il y a plus de 10 ans. Pourtant, nos
services du renseignement indiquent qu’alors même qu’il est en train
de détruire ces quelques missiles, il a ordonné la poursuite de la
production de ce même type de missiles.

Des agents irakiens continuent de dissimuler des substances
biologiques et chimiques afin d’éviter que les inspecteurs ne les
détectent. Dans certains cas, ces matières ont été déménagées toutes
les 12 ou 24 heures, ou placées dans des véhicules garés dans des
quartiers résidentiels.

Nous savons de multiples sources des milieux du renseignement que les
scientifiques irakiens spécialisés dans les armements sont toujours
menacés de représailles s’ils coopèrent avec les inspecteurs. Les
services irakiens du renseignement exigent que ces scientifiques
portent des appareils d’enregistrement dissimulés sous leurs vêtements
durant les interviews, et les hôtels où se déroulent les entretiens
sont truffés de micros.

Ceci n’est pas le comportement d’un régime qui est en train de
désarmer. Ce sont les actions d’un régime engagé dans une mascarade
préméditée. Ce sont les actions d’un régime qui défie le monde
systématiquement et délibérément. Si le régime irakien était en train
de désarmer, on le saurait, parce que ça se verrait. Les armes de
l’Irak seraient présentées aux inspecteurs, et le monde serait témoin
de leur destruction.

Au lieu de cela, alors que le monde exige le désarmement et que plus
de 200.000 troupes sont positionnées près de son pays, la réponse de
Saddam Hussein consiste à montrer quelques armes pour épater la
galerie, pendant qu’il cache les autres et qu’il va même jusqu’à en
construire de nouvelles.

Les équipes d’inspection n’ont pas besoin de plus de temps, ni de plus
de personnel. Ce dont elles ont besoin est précisément ce qu’elles
n’ont jamais reçu, à savoir l’entière coopération du régime irakien.
Des gestes symboliques ne sont pas acceptables. La seule issue
acceptable est celle qui a été définie par un vote unanime du Conseil
de sécurité : le désarmement total.

La Grande-Bretagne, l’Espagne et les Etats-Unis ont soumis une
nouvelle résolution affirmant que l’Irak n’a pas tenu ses engagements
en vertu de la résolution 1441. Saddam Hussein ne désarme pas. C’est
un fait. On ne peut le nier.

Saddam Hussein a un long passé d’agressions téméraires et de crimes
terribles. Il participe au financement et à l’entraînement de
terroristes, et leur offre asile - des terroristes qui n’hésiteraient
pas à utiliser des armes de destruction massive contre l’Amérique et
d’autres pays épris de paix. Saddam Hussein et ses armes constituent
une menace directe pour notre pays, notre peuple, et tous les peuples
libres.

Si le monde ne parvenait pas à éliminer la menace posée par le régime
irakien, refusant l’utilisation de la force, même en dernier recours,
les nations libre prendraient des risques immenses et inacceptables.
Les attaques du 11 septembre 2001 ont montré ce que les ennemis de
l’Amérique peuvent faire avec quatre avions. Nous n’attendrons pas de
voir ce que des terroristes, ou des Etats terroristes, peuvent faire
avec des armes de destruction massive.

Nous sommes résolus à faire front aux menaces, d’où qu’elles viennent.

En cas de conflit, l’Amérique accepte sa responsabilité de protéger
les vies innocentes par tous les moyens possibles. Nous apporterons
des vivres et des médicaments au peuple irakien. Nous aiderons ce
pays, qui a subi des années de dictature brutale, à établir un
gouvernement juste. Il appartient au peuple irakien de choisir la
forme que prendra ce gouvernement. Quoi qu’il choisisse, ce sera mieux
que la misère, la torture et les assassinats qu’il a connus sous la
férule de Saddam Hussein.

Dans le monde entier, et dans l’ensemble de l’Amérique, des gens de
bonne volonté espèrent et prient pour la paix. Notre objectif est la
paix - pour notre pays, pour nos amis et alliés, et pour les peuples
du Moyen-Orient. Les gens de bonne volonté doivent aussi reconnaître
qu’autoriser un dictateur dangereux à défier le monde et à abriter des
armes de destruction massive et des terroristes n’aboutit à la paix
pour personne ; c’est une illusion. La cause de la paix ne sera
avancée que lorsque les terroristes perdront un riche parrain et
protecteur, et lorsque le dictateur sera enfin complètement désarmé.

Ce soir je remercie les hommes et les femmes de nos services armés et
leurs familles. Je sais que leur déploiement si loin de chez eux est
difficile pour de nombreuses familles. Notre pays est profondément
reconnaissant à tous ceux qui servent dans l’armée. Nous apprécions
votre engagement, votre idéalisme et votre sacrifice. Nous vous
soutenons, et nous savons que s’il faut défendre la paix, vous êtes
prêts.

(...)

Question - (...) Sommes-nous à quelques jours seulement du moment où
vous allez décider si oui ou non nous allons entrer en guerre ? Et
quel mal y aurait-il à donner à Saddam Hussein un dernier ultimatum ?
Un délai de deux ou trois jours pour soit désarmer soit s’exposer à la
force ?

M. Bush - Eh bien, nous n’en avons pas tout à fait fini avec la
diplomatie. Je passe beaucoup de temps au téléphone, à parler à mes
homologues chefs d’Etat, à propos de la nécessité, pour le Conseil de
sécurité des Nations unies, d’exposer les faits, et c’est que Saddam
Hussein n’a pas désarmé. La résolution 1441 que le Conseil de sécurité
a adoptée à l’unanimité l’automne dernier dit clairement que Saddam
Hussein a une dernière chance de désarmer. Il ne l’a pas fait. Nous
oeuvrons donc à résoudre cette question avec les autres membres du
Conseil de sécurité.

(...)

C’est de cela que le Conseil de sécurité débat depuis douze longues
années. Il faut que cette question soit décidée une fois pour toutes
au Conseil de sécurité, et elle le sera. Pour ce qui est des
ultimatums et de toutes les spéculations concernant ce qui pourrait ou
non se produire après la semaine prochaine, attendons de voir.

Question - (...) La Corée du Nord est un autre point chaud. Si la
Corée du Nord relance sa production d’uranium, est-ce que cela
changera votre philosophie sur la façon d’aborder la crise, ou
êtes-vous résigné à ce que la Corée du Nord devienne une puissance
nucléaire ?

M. Bush - C’est une question régionale (...) Je pense que la meilleure
façon d’approcher la question, c’est de façon multilatérale, en
convainquant ces nations qu’elles doivent assumer leurs
responsabilités, avec les Etats-Unis, afin de convaincre Kim Jong-il
que la mise au point d’un arsenal nucléaire n’est pas dans l’intérêt
de son pays, et que s’il souhaite de l’aide afin d’atténuer les
souffrances du peuple nord-coréen, le meilleur moyen de l’obtenir
c’est de ne pas aller de l’avant avec ses projets.

(...)

Question - (...) Comment se fait-il que les nations qui ne sont pas
d’accord avec les Etats-Unis (au sujet de l’Irak) soient peu disposées
à considérer que la menace est tellement réelle, tellement imminente,
qu’il nous faut nous préparer immédiatement à la guerre ?

M. Bush - (...) Je pense que la menace est réelle. Beaucoup de
personnes au sein de mon gouvernement pensent la même chose. Et, comme
je crois que la menace est réelle, et que ma responsabilité suprême
est de protéger la sécurité du peuple américain, c’est exactement ce
que nous ferons. Ce que nous demandons, c’est que Saddam Hussein
désarme. Nous espérons qu’il le fait. Nous avons travaillé avec la
communauté internationale afin de le convaincre de désarmer. S’il ne
désarme pas, nous le désarmerons.

(...)

Question - (...) Pourriez-vous nous faire part des (...) plus
mauvaises tournures (que pourrait prendre la situation), ce qu’il
pourrait en coûter en termes de vies américaines, ce qu’il pourrait en
coûter à l’économie américaine, et quels pourraient être les risques
d’attaques terroristes en représailles ici aux Etats-Unis ?

M. Bush - Mon travail, c’est de protéger l’Amérique, et c’est
exactement ce que je vais faire (...) Je considère que Saddam Hussein
constitue une menace pour le peuple américain (...) Le coût de
l’inaction est bien plus élevé que le coût de l’action, si besoin est.
Nous ferons le maximum pour minimiser le nombre de victimes. Le coût
des attaques contre l’Amérique - le coût des attaques du 11 septembre
contre l’Amérique - a été énorme. Il a été significatif. Et je ne suis
pas disposé à prendre encore un tel risque (...)

Question - Ainsi que vous l’avez dit, le Conseil de sécurité pourait
avoir à voter une résolution autorisant implicitement une attaque
contre l’Irak. Allez-vous demander que cette résolution soit soumise à
un vote, même si vous n’êtes pas sûr qu’il ira dans votre sens ?

M. Bush - Eh bien (...) Elle (la nouvelle résolution) dit en fait
qu’il (Saddam Hussein) défie la résolution 1441. On a du mal à croire
que quiconque pourrait dire qu’il ne défie pas cette résolution, car
elle dit bien qu’il doit désarmer. Oui, nous demanderons un vote (...)
Peu importe les pronostics, nous réclamerons un vote. Nous voulons que
les gens déclarent publiquement ce qu’ils pensent de Saddam Hussein et
de l’utilité du Conseil de sécurité des Nations unies. Il est temps
qu’ils mettent cartes sur table, qu’ils fassent savoir au monde de
quel côté ils se placent au sujet de Saddam Hussein..

(...)

Je tiens à vous rappeler que c’est à lui (Saddam Hussein) qu’il
appartient de décider si nous allons ou pas entrer en guerre. Le choix
est le sien. Jusqu’ici, il a fait le mauvais choix. S’il le faut, dans
l’intérêt de la sécurité du peuple américain, dans l’intérêt de la
paix dans le monde, et pour la liberté du peuple irakien, nous
désarmerons Saddam Hussein.

 Version française établie par le département d’État états-unien.
 Texte original en anglais disponible sur le site de la Maison Blanche