Mesdames et Messieurs,
Je remercie MM. Blix et El Baradei pour les informations qu’ils viennent de nous fournir sur la poursuite des inspections en Iraq. Vous avez relevé les progrès essentiels de votre travail mais aussi les déficits de coopération du régime iraquien avec les inspecteurs.
Bagdad doit corriger ces déficits sans délai. L’Iraq ne doit posséder aucune arme de destruction massive et doit désarmer complètement. Bagdad doit coopérer activement et totalement avec la COCOVINU et l’AIEA, et remplir sans condition les obligations découlant des résolutions pertinentes.
Les inspecteurs nous ont fait part de leurs progrès : les premiers entretiens privés avec des experts iraquiens ont eu lieu sans surveillance. Le problème des avions de reconnaissance aérienne U2 est résolu. La COCOVINU disposera d’hélicoptères, de drones, de mirages et d’avions Antonov ; le contrôle de l’espace aérien est ainsi généralement assuré.
Les inspecteurs ont donc connu certains succès. Leur présence en Iraq a réduit efficacement, à ce jour déjà, le danger de ce pays. Les expériences avec les nouvelles méthodes visant à atteindre l’objectif commun de désarmement total doivent maintenant être rassemblées et étudiées. Pourquoi devrions-nous écarter maintenant cette approche ? Pourquoi interrompre maintenant les inspections ? Au contraire, les inspecteurs doivent disposer du temps nécessaire pour mener à bien leur mission.
La voie à suivre est fixée par les résolutions 1441 et 1284. Elles comportent les trois éléments-clés suivants : coopération totale, inspection et vérification.
Tout d’abord, l’Iraq doit coopérer totalement, sans restriction et activement avec les inspecteurs pour que la tragédie qui se dessine soit évitée.
Deuxièmement, le dispositif des inspections doit être organisé plus efficacement. La France a formulé des propositions très concrètes sur ce point. Elles prévoient l’augmentation du personnel des équipes d’inspection et l’amélioration de l’équipement technique. De plus, les possibilités de coordination, de renseignement et d’intervention des inspecteurs doivent être précisées et renforcées. Nous soutenons expressément ces propositions car elles permettent de mieux répondre à cette mission complexe.
Troisièmement, enfin, les mécanismes de vérification et de contrôle, tels qu’ils sont exigés par la résolution 1284, doivent être parallèlement renforcés et développés. Une surveillance de longue durée doit empêcher, à terme, le réarmement. Nous avons besoin de structures qui garantissent durablement le désarmement et l’endiguement de l’Iraq. Cela revêt une grande importance pour toute la région.
Un dispositif à tel point renforcé des mécanismes d’inspection et de vérification pourrait également être utilisé par les Nations Unies dans d’autres crises relatives aux armes de destruction massive.
Tous les moyens disponibles de règlement pacifique de la crise iraquienne doivent être exploités. Le Conseil de sécurité seul prendra les décisions nécessaires. Il demeure dans ce domaine la seule enceinte légitimée internationalement.
Outre les graves conséquences humanitaires qu’elle entraînerait, une intervention militaire menacerait surtout la stabilité d’une région en proie à de graves tensions. Les conséquences pour le Proche et le Moyen-Orient pourraient être désastreuses.
La résolution 1441 ne contient aucune automaticité du recours à la force militaire. Toutes les alternatives doivent être exploitées. C’est ce que les gouvernements russe, français et allemand ont à nouveau souligné dans une déclaration commune lundi dernier. La diplomatie n’a pas encore dit son dernier mot.
Je vous remercie.
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