Le 5 juin 2003, S. Exc. Mgr Josef Homeyer, président de la Commission des Épiscopats de la Communauté Européenne (COMECE), a adressé une lettre à M. Valery Giscard d’Estaing, président de la Convention européenne. Le prélat félicite son interlocuteur d’avoir réussi à écarter la notion de « contrat social » du projet de Constitution de l’Union européenne et de lui avoir substitué la notion de « valeurs communes ». Cependant, il considère que la moitié du chemin seulement a été parcourue. Aussi invite-t-il le président Giscard d’Estaing à œuvrer pour inclure une référence au christianisme et une mention explicite de Dieu.
Monsieur le Président,
Le travail que vous réalisez au fil de ces jours et ces semaines dans l’intérêt des citoyens européens est colossal, et je tiens, avant toute chose, à vous exprimer ma profonde reconnaissance et mes sincères remerciements pour votre engagement. En publiant l’intégralité du projet de Constitution, vous avez amorcé les étapes finales du débat sur l’avenir de l’Union européenne.
C’est avec grand intérêt que mes confrères et moi-même avons pris connaissance du très attendu projet de préambule de la Constitution de l’Union européenne.
Le Présidium propose un projet de préambule qui reconnaît la contribution de l’héritage religieux de l’Europe en déterminant les valeurs communes qui sont à la base du processus de l’intégration européenne. Comme vous le savez, cette reconnaissance a une importance toute particulière pour les Églises chrétiennes et je vous en remercie.
Une Europe qui désavouerait son passé, qui nierait le fait religieux et qui n’aurait aucune dimension spirituelle serait bien démunie face à l’ambitieux projet qui mobilise ses énergies : construire l’Europe de tous !
Je me permets cependant de vous exprimer mon étonnement quant au fait que le préambule, qui contient une liste d’éléments importants de la civilisation européenne, ne fasse justement pas mention de la contribution du Christianisme. Sans vouloir rabaisser d’autres contributions, aucune autre religion ou courant philosophique n’a empreint l’Europe comme le Christianisme.
Permettez-moi également de renouveler notre proposition en vue d’une référence à Dieu. Rappeler les limites du pouvoir humain, la responsabilité devant Dieu, l’Humanité et la Création, serait montrer de manière claire que le pouvoir public n’est pas absolu. L’Union reconnaîtrait alors, à ceux de ses citoyens qui le souhaitent, la possibilité d’invoquer Dieu librement, qu’ils soient chrétiens, juifs ou musulmans. Cette reconnaissance constituerait en même temps une garantie pour la liberté de la personne humaine et pourrait promouvoir l’identification de nombreux citoyens avec les valeurs européennes ainsi que l’adoption de la future Constitution. Les Constitutions polonaise et allemande sont une bonne preuve qu’une telle référence ne doit pas avoir un caractère discriminatoire.
Je vous adresse ce courrier car de telles considérations ont été exprimées non seulement par mes confrères mais surtout par nombre d’autres citoyens de l’Union européenne et des pays adhérents.
Conscient des importants défis qu’il vous faudra relever au cours des prochains jours et des prochaines semaines, je vous serais infiniment reconnaissant de prêter attention à notre demande.
Je souhaite que vous, ainsi que tous les membres de la Convention, trouviez l’inspiration et le courage nécessaires et mes prières vous accompagnent dans votre travail vers un consensus définitif.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, mes respectueuses salutations.
+ Josef Homeyer
Évêque de Hildesheim
Président de la COMECE
Source : COMECE
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