La victoire électorale d’un parti nationaliste dirigé par un criminel de guerre inculpé n’est pas la dernière manifestation de la détérioration de la situation dans les Balkans. La coopération américano-européenne est en train de tourner à l’échec et la promesse d’adhésion à l’Union européenne est insuffisante pour transformer la région.
Même si on ne risque pas un retour à un conflit dans les Balkans, cette région mérite qu’on continue à s’y intéresser sous peine de voir apparaître un petit « trou noir » en Europe où le nationalisme violent, le crime et le terrorisme sont rampants. En Serbie, le Premier ministre Zoran Djindjic a été abattu car il allait s’attaquer au crime organisé. Malgré une aide occidentale considérable et une réforme économique notable, la Serbie reste dans un marasme politique qui en fait un État nationaliste et quasi mafieux.
L’Occident a mis trop longtemps à s’en apercevoir et ce n’est pas sa seule erreur. Il tient à tout prix à maintenir le Monténégro et la Serbie dans une union qui ne fonctionne plus et qui détourne les responsables politiques des deux pays des réformes intérieures. En outre, au lieu de préparer la Serbie à la perte du Kosovo, les Occidentaux se comportent comme si Belgrade pouvait restaurer sa souveraineté sur ce territoire. Ils pensent que le gouvernement serbe est fragile et qu’il faut éviter de le fragiliser davantage. Par ailleurs, certains gouvernements sont opposés à l’indépendance de ce pays.
En refusant de confier le pouvoir au gouvernent démocratiquement élu de ce pays, les pays occidentaux ont développer les incertitudes sur l’avenir de la Serbie, du Monténégro et du Kosovo. Cette question n’est pas facile et elle devrait être tranchée lors de discussions entre Serbes et Kosovars. Une chose est sûre, on ne règlera rien en la repoussant.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« Snatching Defeat in The Balkans », par Morton Abramowitz, Washington Post, 7 janvier 2004.