Le dernier sommet de Bruxelles ne fut pas un succès car nous ne nous sommes pas mis d’accord sur tout. Il ne fut pas non plus un échec car il a néanmoins permis des avancées. Il est vrai cependant que nous avions sous-estimé la portée des problèmes soulevés dont il fallait encore débattre et il y a eu trop d’empressement dans la présentation du projet de la Convention européenne comme le meilleur compromis possible.
Il aura fallu que nous nous engagions dans une controverse pour qu’une fraction des participants de la convention commence à exprimer ses opinions critiques. La position de la Pologne dans cette controverse a été caricaturée. Nous avons simplement estimé que la facilité des procédures de prises de décision ne peut pas forcément aboutir à long terme à la cohésion et à la coopération. La spécificité de l’Union européenne, l’art de trouver des compromis, peut être remis en cause si des décisions trop faciles à prendre sans concertation et prise en compte des opinions de chacun créent l’amertume.
Lors de la Conférence intergouvernementale, nous nous sommes déjà accordés sur un certain nombre de questions et nous pouvons désormais nous concentrer, sous la présidence irlandaise, sur celles qui restent en suspens. Nous devons chercher un accord non pas sur des solutions à caractère technique et procédural, mais par un rapprochement de nos idées sur l’Europe à laquelle nous aspirons. La Pologne ne changera pas d’avis sur le système de vote, mais nous écouterons les arguments de nos partenaires pour parvenir à un accord.
Toutefois, cet accord ne peut être obtenu que si les critiques injustes ou les pressions sont abandonnées et que les échanges ont lieu dans un environnement serein.
« Parlons de l’Europe », par Wlodzimierz Cimoszewicz, Le Monde, 15 janvier 2004.
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