Le complot terroriste déjoué le 10 août 2006 par le gouvernement Blair n’a guère de crédibilité. Non sans humour, le romancier Tom Greene imagine les difficultés d’un jihadiste pour embarquer discrétement son matériel à bord d’un avion de ligne et s’isoler trois heures dans les toilettes pour fabriquer son explosif.
Fabriquer une quantité suffisante de TATP pour faire exploser un avion en vol n’est pas aussi simple que cela a été présenté par la presse dominante lorsque les autorités britanniques ont révélé le prétendu « complot du 10 août ». Il ne suffit pas de s’éclipser aux toilettes et de mélanger deux liquides inoffensifs.
Pour commencer, vous devez vous procurer une quantité suffisante de peroxyde d’hydrogène et ayant la bonne concentration. Ce n’est pas un produit facile à se procurer à l’état pur. Bien sûr, vous pouvez en acheter dans les drogueries sous forme de décolorant pour cheveux. Mais ces solutions contiennent 97 % d’eau. Vous allez donc devoir faire bouillir le liquide pour extraire l’eau et concentrer le peroxyde. Vous risquez par la même occasion de mettre le feu à votre laboratoire improvisé et de tout perdre avant même qu’un seul « suppôt du Grand Satan » n’ait péri.
Mais bon, mettons que vous avez trouvé un moyen de vous procurer du peroxyde d’hydrogène dans la concentration adéquate ou que vous avez pu en fabriquer en faisant bouillir du décolorant sans que votre cuisine ait explosé. Très bien. Il vous reste à vous procurer de l’acétone et de l’acide sulfurique. Ces ingrédients sont nettement plus faciles à acheter dans le commerce.
Passons aux choses sérieuses. Prenez votre peroxyde d’hydrogène concentré, votre acétone et votre acide sulfurique, dosez soigneusement chaque liquide et versez le dans des bouteilles de soda afin de les passer discrètement par la douane et de les introduire à bord de l’avion. Vous pouvez gagner de la place en mélangeant dans une même bouteille le peroxyde d’hydrogène et l’acétone - mais dans ce cas il est impératif de garder le liquide au frais. Vous allez donc devoir transporter, dans vos bagages à main, (outre votre exemplaire du Coran dédicacé par Oussama Ben Laden en personne), plusieurs packs de glace (à transporter dans une glacière ou un emballage isotherme en polystyrène), ainsi qu’un thermomètre, une grande éprouvette à bec, une baguette mélangeur en verre et une pipette en verre, jaugée. Vous allez en avoir besoin.
Je vous conseille vivement de prendre un billet de première classe et de commander du champagne dès votre arrivée à bord. Si vous voyagez avec une compagnie aérienne correcte, ils devraient vous fournir votre bouteille dans un seau à glace. Le seau et la glace vous seront utile - en plus des packs de froid et de l’emballage isotherme - pour maintenir votre mélange à une température suffisamment basse pour qu’il ne prenne pas feu dans les toilettes de l’avion avant d’avoir atteint la concentration suffisante pour devenir de l’explosif.
Une fois que l’avion a décollé et est en route vers les États-Unis, ne perdez pas de temps, il vous faut plusieurs heures pour fabriquer l’explosif. Transportez discrètement tout votre attirail dans les toilettes. Vous devrez probablement faire plusieurs voyages pour ne pas attirer l’attention du personnel de bord. Une fois que vous avez tout rassemblé, enfermez-vous dans les toilettes, placez l’éprouvette graduée dans le bain de refroidissement (le seau à glace du champagne) et versez-y doucement le mélange acétone-peroxyde d’hydrogène contenu dans la première bouteille. Placez le thermomètre dans l’éprouvette et, à l’aide de la pipette, commencez à y ajouter, goutte à goutte, l’acide sulfurique contenu dans la deuxième bouteille. Prévoyez un masque respiratoire et des lunettes de piscine car les vapeurs dégagées sont corrosives et vous avez besoin de votre autre main pour touiller en permanence votre mélange. Ne laissez pas votre vue se brouiller car vous devez garder un œil constant sur le thermomètre. Au fur et à mesure que vous ajoutez l’acide, la mixture va s’échauffer et si elle devient trop chaude, vous vous retrouverez avec un explosif de faible puissance. Au pire, si elle devient vraiment trop chaude, elle risque de prendre feu ou d’exploser prématurément et de vous tuer, vous, en faisant juste un peu de dégâts dans les toilettes de l’avion, c’est tout. Ce n’était pas le but de l’opération et vous risquez de vous voir priver de vos 70 vierges quand vous arriverez au paradis des martyrs.
Après quelques heures de touillage et d’ajout d’acide goutte à goutte, vous obtenez une quantité de TATP suffisante pour mener à bien votre projet - à condition bien sûr que les vapeurs acides dans cet espace confiné ne vous aient pas suffoqué, qu’elles n’aient pas attiré l’attention des autres passagers ou du personnel de bord et qu’aucun passager ne soit venu tambouriner contre la porte des WC... Si rien de tout cela ne s’est produit, c’est un vrai miracle (preuve que vous êtes vraiment un combattant de Dieu) et il ne vous reste plus qu’à laisser sécher votre mélange pendant environ deux heures et demie. Ensuite il n’y a plus qu’à le détonner, ce qui est relativement simple à faire à l’aide d’un petit appareil électrique quelconque.
Comme vous pouvez le constater, fabriquer du TATP à bord d’un avion est à la portée du premier jihadiste venu. Il faut simplement s’assurer qu’on en fabrique en quantité suffisante pour provoquer la destruction de l’avion et qu’on a pris les précautions nécessaires pour obtenir une qualité suffisante et éviter une combustion prématurée. On ne peut pas faire l’impasse sur la qualité quand on veut commettre « un meurtre de masse à une échelle inimaginable » comme l’affirme Paul Stephenson, chef-adjoint de la police britannique. Car même si vous pouvez toujours obtenir un cocktail explosif en mélangeant au jugé les ingrédients, il y a peu de chances pour qu’il fasse suffisamment de dégâts pour détruire l’avion. Au mieux, vous casserez quelques hublots et vous tuerez quelques croisés infidèles - victimes des débris volants quand la cabine sera subitement dépressurisée. Mais c’est à peu près tout ce que vous arriverez à obtenir, même dans les meilleures conditions possibles.
Texte adapté avec autorisation de l’auteur à partir d’un article publié dans The Register.
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