S’adressant une vingtaine de minutes a la nation états-unienne, le président George W. Bush a justifié sa politique d’interventions tous azimuts : guerre mondiale contre le terrorisme, attaque de l’Afghanistan, puis de l’Irak. À ceux qui, derrière Brent Scowcroft et une partie des conseillers de George Bush père, voient une contradiction et une dispersion des forces entre guerre mondiale au terrorisme et renversement de régimes, il a répondu que l’Irak est l’actuel front de la guerre au terrorisme. Une belle formule qui ne signifie pas grand-chose, mais révèle les difficultés militaires des États-Unis face a la résistance irakienne. Lire à ce sujet Tribunes libres internationales numéro 183.
Bonsoir. Je tiens à vous informer de ce que les États-Unis font dans le cadre de la guerre contre le terrorisme.
Il y a près de deux ans, à la suite des attaques mortelles portées contre notre pays, nous avons commencé une campagne systématique contre le terrorisme. Ces mois ont constitué une période de nouvelles responsabilités, de sacrifices, de détermination nationale et de grands progrès.
Les États-Unis et une vaste coalition ont d’abord agi en Afghanistan en détruisant les camps d’entraînement des terroristes et en faisant tomber le régime qui donnait asile au réseau Al-Qaïda. Au cours d’une série de raids et d’opérations dans le monde entier, près des deux tiers des chefs connus d’Al-Qaïda ont été capturés ou tués, et nous continuons de pourchasser ce réseau. Nous avons mis à jour des groupes de façade des terroristes, bloqué les comptes de terroristes, pris des mesures pour protéger notre territoire et découvert des cellules à l’état dormant dans notre pays. Nous avons aussi agi en Irak, où l’ancien régime parrainait la terreur, possédait et utilisait des armes de destruction massive et avait bravé pendant douze ans les exigences claires du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies. Notre coalition a imposé ces exigences internationales en lançant l’une des campagnes militaires les plus rapides et les plus humaines de l’histoire.
Pendant la vingtaine d’années précédant le 11 septembre 2001, des terroristes et leurs alliés extrémistes ont attaqué des innocents au Moyen-Orient et ailleurs, sans se heurter à une réaction soutenue et importante. Les terroristes sont devenus convaincus que les pays où règne la liberté étaient décadents et faibles. Ils ont agi avec plus d’audace, croyant que l’histoire était de leur côté. Depuis que les États-Unis ont éteint les feux du 11 septembre, pleuré la mort des victimes et déclenché la guerre, l’histoire a pris un tournant différent. Nous avons porté la lutte chez l’ennemi. Nous faisons reculer la menace terroriste pesant sur la civilisation non pas dans les limites marginales de son influence, mais au centre de son pouvoir.
Cette tâche se poursuit. En Irak, nous aidons la population de ce pays qui souffre depuis longtemps à mettre en place une société respectable et démocratique dans le centre du Moyen-Orient. Ensemble nous transformons un lieu parsemé de salles de torture et de charniers en un pays doté de lois et d’institutions libres. Cette entreprise est difficile et coûteuse, mais elle est digne de notre pays et essentielle à notre sécurité.
Le Moyen-Orient deviendra soit un lieu de progrès et de paix, soit un exportateur de la violence et du terrorisme qui feront d’autres victimes aux États-Unis et dans d’autres pays où règne la liberté. Le triomphe de la démocratie et de la tolérance en Irak, en Afghanistan et ailleurs constituerait un échec grave pour le terrorisme international. Les terroristes prospèrent grâce au soutien de tyrans et au ressentiment des peuples opprimés. Lorsque les tyrans tombent et que le ressentiment cède la place à l’espoir, les hommes et les femmes, quelle que soit leur culture, rejettent l’idéologie du terrorisme et tournent leur attention vers les occupations de la paix. Partout où la liberté prendra pied, le terrorisme reculera.
Nos ennemis le comprennent bien. Ils savent qu’un Irak où règne la liberté sera débarrassé d’eux, d’assassins, de tortionnaires et de la police secrète. Ils savent qu’au fur et à mesure que la démocratie s’affirmera en Irak, toutes leurs ambitions haïssables tomberont comme les statues de l’ancien dictateur. C’est pourquoi, cinq mois après que nous avons libéré l’Irak, un ramassis de tueurs cherche désespérément à entraver les progrès enregistrés dans ce pays et à y créer le chaos.
Certains des attaquants sont des membres de l’ancien régime de Saddam Hussein, qui se sont enfuis du champ de bataille et qui luttent maintenant dans l’ombre. D’autres sont des terroristes étrangers qui sont allés en Irak pour poursuivre leur guerre contre les États-Unis et contre d’autres pays où règne la liberté. Nous ne pouvons pas être certains de la mesure dans laquelle ces groupes œuvrent de concert. Ce que nous savons, c’est qu’ils ont un objectif commun : reconquérir l’Irak pour y rétablir une tyrannie.
La plupart de ces tueurs, mais pas tous, sont actifs dans une zone particulière du pays. Les attaques dont vous avez entendu parler ces dernières semaines ont eu lieu surtout dans la région du centre de l’Irak, entre Bagdad et Tikrit, qui était l’ancienne place forte de Saddam Hussein. Le nord de l’Irak est en général stable, et la reconstruction et l’autonomie y progressent. Il en est de même dans le Sud, malgré les récentes attaques lancées par des groupes de terroristes.
Même si leurs attaques sont localisées, les terroristes et les partisans de Saddam Hussein causent de graves préjudices. Ils ont fait tomber dans une embuscade des soldats américains et britanniques, qui défendent la liberté et l’ordre public. Ils ont tué des agents civils des organismes d’aide de l’ONU, qui représentent la compassion et la générosité du monde. Ils ont fait exploser une bombe à l’ambassade de Jordanie, symbole d’un pays arabe pacifique. Enfin, la semaine dernière, ils ont assassiné un dignitaire religieux et une centaine de musulmans qui priaient, lors d’un attentat à la bombe contre un lieu saint et un symbole des enseignements pacifiques de l’Islam.
La violence est dirigée non seulement contre notre coalition, mais contre toute personne qui défend en Irak la bienséance, la liberté et le progrès.
Ces attaques ne constituent pas seulement l’expression d’une rage aveugle. Les terroristes ont un objectif stratégique. Ils veulent que nous quittions l’Irak avant d’avoir achevé notre tâche. Ils veulent ébranler la volonté du monde civilisé. Les terroristes ont cité en exemple Beyrouth et la Somalie, en déclarant que si l’on faisait du mal à des Américains, ceux-ci ne relèveraient pas le défi. Eh bien, ils ont tort.
Il y a deux ans, j’avais averti le Congrès et le pays que la guerre contre le terrorisme serait une guerre longue, une nouvelle sorte de guerre, livrée sur de nombreux fronts et dans un grand nombre de lieux. L’irak en est actuellement le front principal. C’est là que les ennemis de la liberté ont engagé une lutte désespérée, et c’est là qu’il faudra les vaincre. Cela exigera du temps et des sacrifices. Mais nous ferons tout ce qui sera nécessaire, nous dépenserons tout ce qu’il faudra pour remporter cette victoire essentielle de la guerre contre le terrorisme, pour promouvoir la liberté et pour renforcer la sécurité de notre propre pays.
Les États-Unis ont déjà fait ce genre de travail. À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, nous avons relevé les nations vaincues qu’étaient le Japon et l’Allemagne, nous les avons soutenues alors qu’elles se dotaient d’un gouvernement représentatif. Nous avons consenti des années d’efforts et des ressources à cette cause. Et ce travail s’est trouvé largement récompensé, par trois générations d’amitié et de paix. Aujourd’hui, l’Amérique accepte un nouveau défi, celui d’aider l’Irak dans le même esprit, pour son salut comme pour le nôtre.
Notre stratégie en Irak vise trois objectifs : anéantir les terroristes, rassembler le soutien d’autres pays pour créer un Irak libre et aider les Irakiens à assumer la responsabilité de leur propre défense et de leur avenir.
Tout d’abord, nous entreprenons une action directe contre les terroristes en Irak même, ce qui est le moyen le plus sûr de prévenir de futures attaques contre les forces de la coalition et contre le peuple irakien. Nous restons sur l’offensive, au moyen d’une série de frappes précises menées contre des cibles ennemies sur la base de plus en plus fréquente de renseignements fournis par la population.
Depuis la fin des principales opérations militaires, nous avons lancé des raids qui nous ont permis de saisir de nombreuses caches d’armes et des quantités énormes de munitions, et nous avons capturé ou tué des centaines de partisans de Saddam Hussein et de terroristes. À ce jour, sur les 55 personnalités irakiennes les plus recherchées, 42 ont été tuées ou emprisonnées. Notre message est clair : quiconque veut s’en prendre à nos soldats doit savoir que nos forces sont à sa poursuite.
Secundo, nous sommes résolus à accroître la coopération internationale en faveur de la reconstruction et de la sécurité de l’Irak, comme nous le faisons en Afghanistan. Nos commandants militaires en Irak m’informent que l’effectif actuel de soldats américains dans ce pays, soit près de 130.000, suffit à l’accomplissement de leur mission. Se sont joints à eux plus de 20.000 soldats de 29 autres pays. Deux divisions multinationales commandées par les Britanniques et les Polonais sont présentes aux côtés de nos forces, et afin de partager le fardeau plus largement, nos commandants ont demandé une troisième division multinationale pour l’Irak.
Certains pays ont réclamé une autorisation explicite du Conseil de sécurité des Nations unies avant d’envoyer des troupes en Irak. J’ai demandé au secrétaire d’État Colin Powell de déposer au Conseil de sécurité un nouveau projet de résolution autorisant la création en Irak d’une force multinationale que dirigeraient les États-Unis.
Je reconnais que tous nos amis n’ont pas été d’accord avec notre décision de faire appliquer les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et de chasser Saddam Hussein du pouvoir. Mais nous ne pouvons pas laisser nos divergences passées entraver nos obligations actuelles. Des terroristes en Irak ont attaqué des représentants du monde civilisé ; les contrecarrer doit être la cause du monde civilisé. Les membres des Nations unies ont aujourd’hui l’occasion et la responsabilité d’assumer un rôle plus large en vue de garantir que l’Irak deviendra un État libre et démocratique.
Tertio, nous encourageons la passation ordonnée de la souveraineté et de l’autorité au peuple irakien. Arrivée en Irak en libératrice, notre coalition repartira en libératrice. À l’heure actuelle, l’Irak possède son propre Conseil de gouvernement, composé de 25 dirigeants représentant la population irakienne dans toute sa diversité. Ce conseil de gouvernement a récemment désigné des ministres pour diriger les départements ministériels. D’ores et déjà, plus de 90 % des villes d’Irak ont une administration locale qui s’occupe de rétablir les services de base. Nous contribuons à la formation de forces de la défense civile chargées de maintenir l’ordre, de gardes-frontières irakiens qui aideront à sécuriser les frontières et d’une nouvelle armée irakienne. Dans tous ces rôles, on compte aujourd’hui quelque 60.000 citoyens irakiens sous les armes, occupés à défendre la sécurité de leur pays, et nous accélérons la formation d’unités supplémentaires.
L’Irak est prêt à faire les prochains pas vers l’autonomie. La résolution que nous avons soumise au Conseil de sécurité encouragera le Conseil de gouvernement irakien à soumettre un plan et un calendrier en vue de la rédaction d’une constitution et de la tenue d’élections libres. Dès le début, nous avons exprimé notre confiance dans la capacité du peuple irakien à se gouverner lui-même. Maintenant, il doit assumer les responsabilités d’un peuple libre et garantir les bienfaits de sa propre liberté.
Notre stratégie en Irak nécessitera de nouvelles ressources. Nous avons effectué un bilan complet de nos besoins sur le plan des opérations militaires et de la reconstruction en Irak, ainsi qu’en Afghanistan. Nous allons bientôt présenter au Congrès une demande d’attribution budgétaire de 87 milliards de dollars. Cette somme couvrira les opérations militaires et de renseignement en cours en Irak, en Afghanistan et ailleurs qui, selon nos prévisions, coûteront 66 milliards de dollars l’année prochaine. Cette demande de crédits nous permettra également de financer l’engagement que nous avons pris d’aider les peuples irakien et afghan à reconstruire leur pays après des décennies d’oppression et de mauvaise gestion. Nous leur fournirons des fonds pour les aider à améliorer leur sécurité. Et nous les aiderons à rétablir les services essentiels, notamment l’électricité et l’eau, et à construire de nouvelles écoles, des routes et des cliniques. Cet effort est essentiel du point de vue de la stabilité de ces pays et, en conséquence, de notre propre sécurité. Maintenant et à l’avenir, nous soutiendrons nos troupes et nous tiendrons la promesse que nous avons faite à plus de 50 millions d’Afghans et d’Irakiens.
Dans le courant de ce mois, le secrétaire d’État Colin Powell s’entretiendra avec des représentants de nombreux pays afin de discuter de leurs contributions financières à la reconstruction de l’Afghanistan. Le mois prochain, il convoquera une semblable conférence sur le financement de la reconstruction de l’Irak. L’Europe, le Japon et de nombreux États du Proche-Orient bénéficieront tous du succès de la liberté dans ces deux pays, et ils devraient y contribuer.
Le peuple irakien émerge d’une longue période éprouvante. Pour lui, il n’est pas question de retourner à l’époque de la dictature, à la misère et à l’humiliation infligées à ce noble pays. Pour le Moyen-Orient et le monde entier, il n’est pas question de revenir à l’ère de la peur, durant laquelle un tyran brutal et agressif possédait des armes terribles. Et pour l’Amérique, il n’est pas question de renouer avec le confort illusoire duW monde dangereux qui a précédé le 11 septembre 2001. Nous avons appris que l’usage de la force n’engendre pas les attaques terroristes ; c’est au contraire une faiblesse perçue qui les invite. Et le meilleur moyen d’éviter des attentats contre notre propre peuple, c’est d’attaquer l’ennemi là où il vit et élabore ses plans. Aujourd’hui, nous combattons l’ennemi en Irak et en Afghanistan afin de ne pas avoir à le rencontrer dans les rues de nos villes.
Comme toujours, le plus lourd fardeau de notre guerre contre le terrorisme retombe sur les hommes et les femmes de nos forces armées et de nos services du renseignement. Ils ont éliminé des menaces qui s’accumulaient contre l’Amérique et ses amis, et ce pays tire une grande fierté de leurs incroyables accomplissements. Nous leur sommes reconnaissants de leur compétence et de leur courage, ainsi que de leurs actions charitables qui ont montré le caractère de l’Amérique au monde entier. Nous honorons le sacrifice de leurs familles. Et nous pleurons chaque Américain mort si bravement, si loin de chez lui.
Les Américains qui prennent de grands risques à l’étranger comprennent la noble cause qu’ils servent. Il n’y a pas si longtemps, j’ai reçu une lettre d’un capitaine de la 3e division d’infanterie à Bagdad. Il évoque la fierté qu’il ressent à servir une cause juste, et son profond désir de voir les Irakiens accéder à la liberté. « Je le vois, écrit-il, tous les jours ici, dans les yeux de ceux qui ont faim. Ils ont faim de liberté et de possibilités. » Il conclut ainsi : « J’ai juste pensé que vous aimeriez avoir des nouvelles de la ligne de front de la liberté. » Ce capitaine, et tous nos soldats qui participent à la guerre contre le terrorisme, sont en effet sur la ligne de front de la liberté. Et je tiens à ce que chacun d’eux sache que leur pays les remercie et les soutient.
Mes chers concitoyens : au cours de ces 24 derniers mois, nous avons été mis à l’épreuve, et le danger ne s’est pas dissipé. Pourtant, les Américains réagissent avec courage et confiance. Nous acceptons les devoirs de notre génération. Nous sommes actifs et résolus dans notre propre défense. Nous servons la cause de la liberté, qui est celle de l’humanité tout entière.
Je vous remercie. Que Dieu continue de bénir l’Amérique.
Source : Département d’État des États-Unis.
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