« L’ONU doit aider l’Irak à devenir libre et démocratique »
President Bush Addressed the Nation Sunday Night
Service de presse de la Maison-Blanche (États-Unis)
[AUTEUR] [George W. Bush] est président des États-Unis.
[RESUME] Il y a deux ans, nous avons commencé une campagne systématique contre le terrorisme. Nous avons commencé par agir en Afghanistan, puis partout dans le monde contre Al Qaïda, ce qui a permis l’arrestation ou la mort de deux tiers de ses dirigeants. Enfin nous avons agit en Irak où l’ancien régime soutenait le terrorisme, possédait des armes de destruction massive et défiait le Conseil de sécurité depuis 12 ans.
Jusqu’au 11 septembre, les terroristes ont cru que nous étions faibles, mais aujourd’hui nous avons fait diminuer leur influence et nous apportons la liberté en Irak. La liberté est la meilleurs arme contre le ressentiment qui engendre le terrorisme. Nos ennemis le savent et c’est pour cela qu’ils font tout pour que nous échouions en Irak. Nous ignorons si les partisans de Saddam et les terroristes étrangers travaillent ensemble, mais nous savons qu’ils partagent les mêmes objectifs. Leurs attaques ne sont pas menées seulement contre la coalition, mais contre tout ceux qui veulent la liberté et le progrès en Irak.
Les terroristes souhaitent notre départ d’Irak en pensant, à tort, que cela se passera comme à Beyrouth ou en Somalie si nous subissons des pertes. Il y a deux ans, j’avais averti le Congrès que notre guerre serait longue. Aujourd’hui, la ligne de front est en Irak. Nous agirons là-bas comme nous l’avons fait en Allemagne après la Seconde Guerre mondiale. Notre premier objectif sera l’éradication du terrorisme en Irak. Nous allons également étendre la coopération internationale dans le pays et Colin Powell présentera une résolution au Conseil de sécurité. Je souhaite que l’ONU assume ses responsabilités, combatte les terroristes et aide l’Irak à devenir libre et démocratique. Enfin, nous allons continuer à rendre progressivement le pouvoir aux Irakiens.
Notre stratégie en Irak et en Afghanistan nécessite des fonds et je vais demander au Congrès de débloquer 87 milliards de dollars, tandis que le secrétaire d’État demandera à d’autres nations de contribuer financièrement à la reconstruction de ces pays.
« La voie de l’Irak vers la souveraineté »
Iraq’s Path to Sovereignty
Washington Post (États-Unis)
[AUTEUR] [L. Paul Bremer III] est le chef de l’administration de la coalition en Irak.
[RESUME] L’Irak a été libéré il y a cinq mois et désormais les Irakiens bénéficient d’une liberté telle qu’ils n’en ont jamais connu, mais pas encore de leur souveraineté. Il est pour l’instant impossible d’organiser des élections et il faut d’abord écrire une constitution, rédigée et adoptée par les Irakiens et respectueuse de leur culture et cela va prendre du temps.
La première étape s’est terminée il y a deux mois avec la constitution d’un Conseil de gouvernement de 25 membres représentatifs de la société irakienne. La seconde étape a vu la nomination d’un comité préparatoire pour la rédaction de la constitution et la troisième sera la nomination de 25 ministres. La quatrième étape sera la rédaction de cette constitution et la cinquième l’adoption de ce texte par les Irakiens.
L’élection au suffrage universel du futur gouvernement, qui suivra naturellement l’adoption de cette constitution, sera la première élection démocratique de l’histoire de l’Irak et sera un exemple pour le monde arabe. L’administration provisoire de la coalition pourra alors laisser sa place.
Les terroristes essayeront de fragiliser ce processus, mais les Irakiens sont sur la voie qui les mènera à l’exercice de leur souveraineté. L’Irak fait face à de nombreux problèmes, mais je suis confiant et je suis sûr que le peuple américain relèvera le défi.
« Gagner la paix, calmement »
Winning the Peace, Quietly
Los Angeles Times (États-Unis)
[AUTEUR] Max Boot est membre du Council on Foreign Relations. Journaliste réputé dans les milieux économiques, il dirige la page éditoriale du Wall Street Journal. Il a publié The Savage Wars of Peace : Small Wars and the Rise of American Power. Il est expert du cabinet de relations publiques Benador Associates.
[RESUME] La situation en Irak me rappelle le Vietnam, non pas car il s’agirait d’une future défaite, mais parce que comme au Vietnam, il existe des différences énormes entre les réalités sur les champs de bataille et leur perception aux États-Unis. La vision populaire est que la guerre du Vietnam ne pouvait pas être gagnée après l’offensive du Têt de 1968 alors que cette campagne fut une victoire américaine. Cette offensive entraîna pourtant un désengagement progressif des États-Unis et Saïgon tomba en 1975.
Aujourd’hui, les troupes gagnent la guerre en Irak, mais perdent la bataille des relations publiques. Je viens de passer dix jours avec la 101ème division aéroportée et j’ai vu des hommes déterminés qui mènent une lutte efficace contre les groupes baasistes tout en préservant les innocents. L’action de nos troupes n’est d’ailleurs pas que militaire. Elles aident aussi les populations civiles et participent à la reconstruction du pays. Les médias se focalisent sur le terrorisme alors que la vie reprend un cours normal dans de nombreuses parties du pays. Les Américains sont souvent bien accueillis par la population et c’est leur départ au profit d’autres troupes étrangères qui inquiète la population.
Nous n’avons pas besoin de plus de troupes, mais de plus de moyens dans le domaine politique. L’Autorité provisoire de la coalition (CPA) manque de moyens et n’arrive pas à informer les Irakiens aussi bien que les chaînes satellites anti-américaines comme Al-Jazira. le Congrès doit donc offrir plus de moyens à la CPA et garder en tête que, comme au Vietnam, seul le défaitisme peut entraîner notre défaite.
« Une autocratie bénigne est la solution pour l’Irak »
Benign Autocracy Is Answer for Iraq
Los Angeles Times (États-Unis)
[AUTEURS] Ray Takeyh est professeur et directeurs d’études au Near East and South Asia Center de la National Defense University. Nikolas Gvosdev est chercheur au Nixon Center.
[RESUME] Le mois dernier, Condoleezza Rice a présenté un plaidoyer pour la démocratie en Irak en affirmant que c’était dans l’intérêt des États-Unis. Pourtant, dans un pays sans unité nationale forte, la démocratie pourrait plutôt donner naissance à un nouveau Liban. L’Irak n’a pas de société civile capable de promouvoir l’intérêt général. En outre, même si une démocratie pouvait s’instaurer en Irak, cela entraînerait une réaction nationaliste contre l’occupation du pays ce qui irait à l’encontre des intérêts états-uniens dans la région.
Contrairement à ce qu’affirme l’administration Bush, nos objectifs ont peu de chances d’être atteints dans un Proche-Orient plus démocratique. Nous avons besoin de stabilité et d’avoir la possibilité de nous appuyer sur les gouvernements locaux. Actuellement, ce sont les dirigeants et non les populations, qui en Égypte et en Jordanie font la paix avec Israël. Des démocraties au Proche-Orient deviendraient des pays nationalistes qui augmenteraient leurs dépenses militaires pour rivaliser avec un Israël nucléarisé. Tandis que Washington parvient à faire accepter les traités de non-prolifération aux despotes. Le mieux que peut espérer Washington est l’installation d’une autocratie libérale comme au Maroc, en Jordanie, au Qatar, au Koweit ou en Tunisie.
C’est ce modèle que doivent instaurer rapidement les États-Unis en Irak en s’appuyant sur des administrateurs locaux pragmatiques qui gagneront le soutien populaire en améliorant les conditions de vie des Irakiens.
« Américains, si vous saviez »
Américains, si vous saviez (partie I)
Américains, si vous saviez (partie II)
Le Figaro (France)
[AUTEUR] Régis Debray, philosophe, écrivain et professeur des universités, est membre de la Commission de réflexion sur l’application du principe de laïcité dans la République. Il est un ancien conseiller du président français François Mitterrand. Il est rédacteur des Cahiers de Médiologie. Cette tribune a été publiée en deux parties dans les éditions du 5 et 6 septembre du Figaro
[RESUME] Malgré les insultes que nous avons subies de l’autre côté de l’Atlantique, il faut constater que les Français avaient raison dans leur jugement sur l’avenir de l’Irak en cas d’attaque américaine. Les États-Unis se sont mis dans une situation dans laquelle ils vont devoir choisir entre un revers historique, s’ils s’accrochent, ou un revers temporaire s’ils décrochent.
Maintenir l’Irak sous occupation, c’est le déstabiliser toujours plus. Après le départ de la coalition, il y aura sans doute une guerre civile qui débouchera sur l’avènement d’un régime intégriste. Mais les Anglo-saxons auront remplis une partie de leur programme en soulageant Israël de son principal adversaire extérieur, en détruisant un État fort, en pouvant retirer leurs troupes d’Arabie saoudite et en s’assurant un accès à l’or noir tout en préparant l’arrivée de Bill Gates, de Mac Donald’s et du blé. S’ils s’obstinent, nous assisterons à une escalade terroriste et multiforme.
Malheureusement, la direction américaine rêve le monde et se piège elle-même en utilisant trois maître mots :
– Le terrorisme : il s’agit d’un mode d’action. Cela n’existe pas le terrorisme. Il ne s’agit pas d’un ennemi, ni d’une doctrine. C’est une arme qui a été utilisée aussi bien par le tueur corse que par le résistant français, algérien ou israélien. Il n’y a pas d’ennemi, donc pas d’armistice ou de capitulation possible.
– La démocratie : ce mot est utilisé comme le vieux colonialisme utilisait le mot « civilisation » mais, à de rares exceptions près une démocratie parlementaires montée sur missile est en général mal accueillie. Les États-Unis ont de toute façon rarement installé ou soutenu les démocrates en dehors de leurs frontières et la région semble n’avoir le choix qu’entre des dictatures laïques et des démocraties islamistes.
– Les armes de destruction massive : le 11 septembre, ce n’est pas de ce type d’armes technologiques qu’est venu l’attaque. Cependant l’argument a un bon impact dans les populations alors que ce sont les États-Unis qui sont le seul pays à avoir utiliser des armes non conventionnelles.
Face à l’agression américaine, malheureusement, l’ONU défenseur du droit international a capitulé. La France, l’Allemagne, la Russie, le Mexique, le Chili et d’autres pays ont tenté de redonner au Conseil de sécurité un rôle délibératif plutôt que le rôle de chambre d’enregistrement des volontés impériales qui lui est dévolu depuis 1989. Cette parenthèse s’est peut-être terminée avec l’adoption de la résolution 1483 entérinant la rapine. En Irak, l’ONU n’a plus que l’image de l’alibi de l’occupant et n’a plus de légitimité.
En Irak, Washington remplace la réalité objective par un transfert de sa mentalité aux élites étrangères. Ils ’agit de l’égotisme envahissant des empires depuis trois millénaires. Le mépris de l’autre ne paye jamais. Les mécanismes sont toujours les mêmes depuis la Rome antique. L’homme libre n’est pas « anti-américain », il est anti-impérial.
Dans un siècle, les Américains auront sans doute sur la « prise de Bagdad » le même regard gêné que nous, Français, avons sur la prise de Tunis ou de Hué.
« La France n’est pas onusienne, elle est antiaméricaine ! »
« La France n’est pas onusienne, elle est antiaméricaine ! »
Le Figaro (France)
[AUTEUR] Jean-François Revel est philosophe, essayiste et académicien. Chantre de l’anticommunisme systématique depuis les années 70, puis proche de la secte Moon au début des années 80, il est aujourd’hui membre de la Nouvelle initiative atlantique de l’American Enterprise Institute. Il est l’époux de la journaliste Claude Sarraute.
Ce texte est un résumé des propos tenus lors d’une interview accordée au Figaro. Nous avons choisi de nous concentrer sur les parties de l’interview où il était question de politique internationale et de ne pas traiter sa vision de la politique intérieure française.
[RESUME] Au début, les Irakiens ont bien accueilli les troupes américaines et le départ d’un des dictateurs les plus cruels du XXème siècle, pourtant les difficultés actuelles étaient prévisibles. En effet, pour construire une démocratie, il faut des démocrates. Et les Irakiens ne le sont pas. Ce peuple est incapable de se gouverner lui-même, mais en raison d’une xénophobie courante dans les pays arabes, il refuse d’être gouverné par d’autres, ce qui explique qu’il s’en prenne aussi bien à l’ONU qu’aux Américains.
Il sera très difficile d’implanter la démocratie en Irak car c’est un pays islamique. Et dans ces pays, la seule vision du monde admise est celle du Coran. On peut cependant espérer l’installation d’un régime qui, sans être totalement démocratique, ne piétinerait pas non plus complètement les libertés. C’est ce qu’était le régime du Shah d’Iran, renversé car il voulait émanciper les femmes. Quoi qu’il en soit, on ne risque pas d’avoir un régime pire que celui de Saddam Hussein. Il faudra s’appuyer sur les exilés irakiens qui, eux, sont familiarisés avec la culture démocratique. D’une manière générale, hormis en Afrique, la démocratie a fait d’énorme progrès en 20 ans dans le monde et il n’y a plus guère qu’à Cuba et en Corée du Nord qu’il n’y a aucune liberté.
Les États-Unis reviennent vers l’ONU et la France devrait voter oui à la résolution américaine proposée au Conseil de sécurité. Mais cela n’en prend pas le chemin car la France n’est pas onusienne, pas plus que les opposants à la guerre n’étaient des pacifistes. Elle est anti-américaine et croit pouvoir continuer de contrôler l’Europe avec l’Allemagne, ce qui correspond à une époque révolue. Toutefois, nous nous orientons vers une solution internationale, ce qui est une bonne chose. En outre, vu qu’il y a une reprise économique aux États-Unis, George W. Bush pourrait réussir son pari et être réélu.
« Au Liberia oublié, la tragédie continue »
Au Liberia oublié, la tragédie continue
Le Monde (France)
[AUTEUR] Ancienne président de la République d’Irlande (1990-1997), Mary Robinson a été haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme (1997-2002). Elle est présidente honoraire d’Oxfam International et dirige l’Initiative pour une mondialisation éthique.
[RESUME] Le Libéria a quitté la Une des médias avec la signature de l’accord entre le gouvernement et les rebelles, mais les Libériens mènent toujours une lutte acharnée pour survivre. La priorité absolue est de rétablir la sécurité de façon à ce que la population soit mise hors de danger et que les organismes d’entraide puissent leur porter secours.
Il faut plus d’employés humanitaires et 15 000 soldats de plus selon Jacques Klein, le représentant spécial des Nations unies pour le Libéria. Pourtant, les États-Unis ont déjà retiré la moitié des marines après 11 jours de présence. Si Washington veut vraiment faire évoluer la situation, les États-Unis doivent étendre leur rôle de leader dans les opérations de maintien de la paix. Les autres pays riches doivent également tenir leurs promesses faites au sommet du G8 d’Évian et aider les pays d’Afrique. le Libéria offre la possibilité de démontrer la validité de cet engagement.
Une génération entière de Libériens n’a connu que la guerre et le pays est inondé d’armes. Un accord de paix ne suffit pas. Il faut agir ou c’est l’ensemble de la région qui sera déstabilisée.
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