Six mois après que la Convention européenne ait réussi l’exploit inespéré de se rassembler autour d’un texte, la discorde a prévalu au sommet de Bruxelles. Toutefois, la constitution européenne n’est pas morte et les négociations vont se poursuivre sous la présidence irlandaise et peut-être au-delà. Mieux vaut une absence d’accord à un mauvais compromis, le message de samedi tranche avec les marchandages à courtes vues des précédents sommets.
L’adoption d’une constitution se fera, mais qui peut dire quand ce jour viendra ? Le décalage entre une demande d’Europe toujours plus forte des peuples et la frilosité des dirigeants est préoccupant. Nous ne pouvons plus nous passer longtemps d’un président stable du Conseil européen, d’une politique étrangère commune, de règles de votes plus simples et démocratiques et d’une Europe plus en phase avec les attentes des citoyens. Nous sommes confrontés à une impasse politique, mais pas institutionnelle car le Traité de Nice permettra vaille que vaille d’intégrer les nouveaux membres.
Nous devons toutefois aujourd’hui choisir entre la simple gestion d’une vaste zone de libre échange et la constitution d’une Europe politique. Les pays qui ont cette dernière ambition doivent donc se réunir pour fonder un groupe pionnier. C’est sur cette avant-garde que repose l’avenir de l’Europe.

Source
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.

« Après la crise, le sursaut », par Pierre Lequiller, Le Figaro, 18 décembre 2003.