Des manifestations ont eu lieu en Europe et au Moyen-Orient pour protester contre le projet du gouvernement français d’interdire le port du voile dans les écoles publiques. La France et les autres pays européens accueillent des minorités musulmanes devenant de plus en plus active politiquement. Elles sont les premières responsables de l’augmentation du nombre d’incidents antisémites en Europe et influencent lourdement les reportages des médias européens sur le conflit israélo-palestinien. Cette minorité a également influencé la politique étrangère de la France sur l’Irak, mais le soutien à la cause arabe n’empêche pas les inquiétudes sur les tendances futures.
En effet, le 11 septembre a révélé les faiblesses de l’intégration en Europe puisque c’est là, et non dans les pays arabes, que Mohammed Atta s’est radicalisé. On se souvient également du match France Algérie, joué peu après le 11 septembre, où une foule de nord-Africains de la deuxième ou troisième génération avait sifflé la Marseillaise et scandé le nom de Ben Laden. Contrairement à l’Allemagne, les Français ont toujours accepté le principe d’intégration. La nouvelle politique sur le voile peut être vue comme une intégration forcée, reste à savoir si elle sera efficace.
La politique d’intégration en Europe fait face à un politiquement correct étouffant. Tout comme la race aux États-Unis, il existe une forte corrélation entre l’immigration et la délinquance en Europe, mais il aura fallu les assassinats de Pim Fortuyn aux Pays-Bas et l’arrivée au second tour de Jean-Marie Le Pen pour que cette tendance soit reconnue et que la situation soit enfin combattue par le pugnace Nicolas Sarkozy.
L’intégration passe par un mélange culturel. Il est directement lié aux mariages hors de la communauté, ce qui renvoie au contrôle de la sexualité des filles par la communauté. Le voile symbolise l’indisponibilité sexuelle des filles pour les non-musulmans. Du fait des évolutions démographiques, l’immigration est devenue une nécessité, mais les différences entre les modèles états-uniens et européens dans ce domaine creusent encore plus le fossé entre eux que celles apparues en politique étrangère. Les États-Unis ne peuvent pas faire grand-chose pour modifier la politique européenne, mais ils peuvent faire quelques pas pour que les problèmes de l’Europe ne deviennent pas les leurs.
« Voile et contrôle sexuel », par Francis Fukuyama, Le Monde, 4 février 2004.
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