David Kay, qui affirmait qu’il trouverait rapidement des armes de destruction massive avant de se rendre en Irak, affirme aujourd’hui que nous avions « entièrement faux » sur ce sujet et que le président George W. Bush a été mal informé par l’intégralité de la communauté du renseignement. Bush a décidé, suite à ces déclarations, de nommer une commission pour enquêter sur les échecs des services de renseignement.
En réalité, la communauté du renseignement n’a pas échoué. Elle a présenté des affirmations correctes et des avertissements qui ont été ignorés ou détournés par l’administration Bush. Chacune des affirmations d’avant-guerre de la Maison-Blanche a donné lieu à des dissensions dans le monde du renseignement, mais ces services ont été court-circuités par la création du Bureau des plans spéciaux au sein du Pentagone dont la direction a été confiée à des néo-conservateurs. Ce bureau a détourné les procédures habituelles et a mis l’accent sur les témoignages d’exilés irakiens qui avaient été jugés douteux par les autres agences de renseignement.
Dans le même temps, des pressions étaient exercées sur les analystes des agences. Dick Cheney, Newt Gingrich et Condoleezza Rice se sont rendus personnellement dans les bureaux de la CIA pour discuter avec eux. George Tenet a choisi de se faire l’avocat de la politique de Bush plutôt que de soutenir son agence et Colin Powell ne tint
pas compte des avertissements des analystes du département d’État quand il prononça son discours devant le Conseil de sécurité sur les armes de destruction massive irakiennes. Aujourd’hui que Bush demande une enquête, il affirme que s’il avait su qu’il n’y avait pas d’armes de destruction massive en Irak, il se serait opposé à l’invasion.
Powell sait quand le vent tourne et il est peut-être le premier à amorcer ce qui pourrait devenir un sauve-qui-peut général.

Source
The Age (Australie)

« How Bush misled the world », par Sydney Blumenthal, The Age, 6 février 2004.