Des résistants irakiens, prisonniers à Abou Grahib, se sont constitués en groupe organisé et ont profité de libérations massives pour faire sortir un communiqué de la prison. La représentativité de ce groupe est attestée par les détenus libérés. Nous reproduisons ici l’intégralité de leur lettre qui témoigne de leur vie et de leurs combats.
Rendez-leur les droits qui leur reviennent. Immédiatement !
Les forces d’occupation en Irak ont annoncé il y a deux jours la libération d’un millier de détenus irakiens se trouvant dans leurs geôles. Dans ce contexte, nous tenons à clarifier les points suivants :
1. Plusieurs déclarations de porte-parole gouvernementaux irakiens ont indiqué que le gouvernement irakien lui-même avait demandé aux forces d’occupation de libérer ces détenus, alors que le porte-parole états-unien assurait ne rien savoir à ce sujet et que ces prisonniers étaient libérés parce qu’ils n’étaient pas inculpés.
À ce propos, notre association s’interroge :
– Si le gouvernement irakien se démarque des forces d’occupation, comme il l’a prétendu, alors pourquoi avoir attendu pour demander la libération des détenus ? Et pourquoi ne le demander que pour un nombre limité de prisonniers ?
– Si les détenus libérés n’étaient pas inculpés, et qu’ils ne seront pas jugés, alors qui répondra de leurs droits quant aux dommages physiques et psychologiques causés par leur détention ?
– Certains ont affirmé que les libérations étaient le fruit de négociations pour l’intégration de partis donnés dans le processus politique, ce qui ferait des libérations un vulgaire et inadmissible troc des droits des détenus, une violation scandaleuse des droits humains s’ajoutant aux nombreuses autres commises en Irak.
– Concernant les détenus irakiens aux mains des forces de sécurité irakiennes, notre association en a dénombré plus d’un millier dans une période allant de 24 heures à deux jours avant la libération ! N’était-il pas souhaitable pour le gouvernement de libérer des milliers de ses propres prisonniers ? De même n’était-il pas souhaitable d’enquêter sur les graves violations contre les détenus commises par les milices des partis qui endossent l’uniforme de la police et de l’armée, supervisées et soutenues par le gouvernement et les forces d’occupation ?
– Les forces de sécurité irakiennes lancent des vagues d’arrestations particulièrement dirigées contre les détenus libérés des prisons de l’occupation états-unienne. Le gouvernement va-t-il garantir la sécurité de ceux qui sont libérés ?
2. Le secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, a déclaré que la détention d’Irakiens par les forces états-uniennes en Irak n’était pas légale. Ainsi, notre association demande la libération immédiate de tous les détenus et prisonniers ainsi que la constitution d’une commission d’enquête pour leur réinsertion et les dédommagements physiques et psychologiques les concernant.
3. Le crédit pour la libération des détenus va à leur comportement héroïque, le rôle national et le comportement digne des pouvoirs nationaux irakiens qui ont refusé l’occupation, ainsi que de la société civile irakienne qui a dévoilé les actes inhumains des occupants et qui poursuit ses action là où les membres des organisations et les pouvoirs nationaux sont poursuivis, détenus et tués par les forces d’occupation et leurs sympathisants.
Il est certain que le rôle joué par les organisations civiles irakiennes de défense des droits humains qui se sont abstenues de servir les occupants et leurs sympathisants a permis de faire entendre les voix des héros prisonniers à tous les peuples du monde, de même toutes les ONG qui ont exercé une pression sur l’occupant, lui faisant libérer mille détenus. Mais ces mille prisonniers ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan d’injustice en Irak. Au même moment et avec l’aval du gouvernement, les forces d’occupation ont commencé à organiser une opération de transfert des détenus depuis leurs prisons jusqu’aux prisons des milices d’Irak qui travaillent avec les occupants et les servent. En effet les camps de détention avaient été placés jusqu’ici sous l’autorité exclusive des États-uniens, ce qui leur a valu beaucoup de scandales et d’embarras.
Ainsi, notre association demande à l’ONU et aux organisations civiles de défendre les droits des personnes qui ont été exhibées sur la chaîne satellite Al-Iraqia pour les blessures et humiliations qu’elles ont subies ainsi que leurs familles.
NOTE IMPORTANTE :
La justice dans les mains du terrorisme ou le terrorisme dans les mains de la justice ?
Qui est le dénommé « Laith Kubba », le porte-parole du gouvernement d’occupation qui a déclaré, tardivement lors d’une conférence de presse qui s’est tenue à Bagdad le 28 août 2005, dans une dernière tentative de gagner la confiance du peuple irakien qui refuse l’occupation et son gouvernement :
« Ce que la chaîne irakienne par satellite montre dans le programme Terrorism in the grip of Justice [1] n’est pas vrai et c’est même presque de la fiction quelque fois. » Il a ajouté : « Les enquêtes auprès des détenus relèvent presque du théâtre, elles ont pris un aspect sectaire ces derniers jours parce que tous les détenus montrés à l’écran sont des sunnites. ».
Nous pensons que ce programme devrait s’appeler « La justice dans les mains du terrorisme ».
Alors nous demandons à M Kubba : « Que vont devenir les trois Irakiens qui ont été condamnés à l’exécution dans le gouvernorat de Wasit après avoir confessé sous la menace sur la chaîne Al-Iraqia des crimes qu’ils n’avaient pas commis ? »
[1] Les forces d’occupation diffusent à travers la chaîne de télévision qu’ils contrôlent, Al-Iraqia, une émission de jugement en direct des résistants et d’anciens baasistes. Ces procès publics ont pour but d’impressionner la population. NdlR.
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