La semaine dernière, le gouvernement a publié les règles concernant la déportation de personnes suspectées de sympathies pour le terrorisme. Cette politique est présentée comme une politiqe clé dans la lutte contre « l’idéologie du mal » de l’islamisme. Pourtant, en agissant ainsi, il y a un grand risque que nous ne fassions qu’aggraver les choses.
Après le 11 septembre, on nous a dit que notre ennemi était un réseau bien structuré. Par conséquent on pouvait le combattre militairement et ce fut la justification de la Guerre d’Irak : empêcher ce réseau d’acquérir des armes de destruction massive. En réalité, nous ne combattons pas un réseau et notre action en Irak n’a fait que développer dans ce pays et dans tout le Moyen-Orient le ressentiment contre nous. L’année dernière, j’ai réalisé un documentaire pour la BBC, The Power of Nightmares : the Rise of the Politics of Fear, expliquant comment on avait créé le phantasme Al Qaïda : un réseau puissant et centralisé qui, contrairement aux anciens groupes terroristes, pouvaient détruire nos sociétés et notre démocratie. Mon film démontrait que ce réseau était une menace fantôme. Aujourd’hui, depuis les attentats de Londres, les « experts » ont changé leur fusil d’épaule et parlent maintenant de petits groups animés par la même idéologie. Cela semble d’avantage correspondre à la réalité.
Toutefois, bien que nous nous accordions tous aujourd’hui sur la nature de la menace, un risque persiste : que ce concept d’idéologie commune soit, à l’instar du concept de réseau, soit à nouveau élargi et distordu pour justifier des politiques. Le mouvement de l’islam politique est complexe et on peut ne pas être d’accord avec l’islamisme, toutefois, ce n’est pas une raison pour l’assimiler dans son ensemble au terrorisme. Avoir une vision réactionnaire de l’islam ne veut pas dire qu’on a forcement une action violente. Si on s’attaque de façon injuste aux idées islamistes, on ne fera que le rendre plus attrayant pour des jeunes musulmans en manque de repères.
« Creating Islamist phantoms », par Adam Curtis, The Guardian, 30 août 2005.
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