J’ai pris des vacances et je suis parti de Prague en voiture, j’ai traversé la Tchéquie, la Pologne et l’Ukraine, j’ai terminé en taxi jusqu’en Ingouchie. Je voulais rencontrer chef de guerre Doku Oumarov et le nouveau président Abdul Khalim Sadoulaïev. Je me suis adressé aux représentant du gouvernement d’ « Ichkérie » [1] à l’étranger et j’ai été mis en contact avec une personne venant de Turquie. Sur place j’ai acheté une carte Sim et on m’a contacté pour me fixer un rendez-vous.
J’ai passé deux jours avec Basayev et j’ai eu l’impression qu’il manquait de compagnie, il voulait vérifier si ses arguments étaient efficaces sur une personne venant de l’extérieur. Il m’a expliqué que la guerre a été déclenchée par une provocation du FSB, que les Daguestanais vivants en Tchétchénie étaient tombés dans le piège et qu’il avait été obligé de leur venir en aide.
Concernant Beslan, il m’a affirmé qu’il ne savait pas qu’il y aurait des enfants en bas âge et qu’il avait ordonné de libérer les enfants de moins de 10 ans si les revendications étaient satisfaites. Je pensais qu’il était devenu un complet wahhabite mais il appelle cela une guerre de libération nationale. Il affirme que les motifs religieux viennent au second plan. D’après lui, il ont 38 secteurs et 6 fronts dans le pays.
J’ai choisi ABC car l’émission Nightline est la meilleure émission d’analyse au États-Unis. Je suis convaincu que cette interview était utile, d’abord pour rappeler que le Kremlin a construit un monde virtuel sur la Tchétchénie réelle, ensuite parce que le terrorisme occupe une place tellement importante désormais qu’il faut étudier le phénomène. Le plus important était de montrer que nos valeurs sont supérieures. Dans l’opposition entre le communisme et le monde occidental, le communisme a perdu grâce au verbe. Ce verbe doit désormais être utilisé contre le terrorisme.
« C’est le simple fait de rencontrer Bassaïev qui a déclenché la fureur », par Andreï Babitsky, Newsweek.Ru, 14 août 2005. Ce texte est adapté d’une interview.
[1] Nom que les séparatistes donnent à la Tchétchénie
Restez en contact
Suivez-nous sur les réseaux sociaux
Subscribe to weekly newsletter