Les récents attentats suicide contre les chiites en Irak ne sont pas que des exemples du terrorisme meurtrier parmi d’autres, il s’agit de quelque chose de plus profond. L’invasion états-unienne de l’Irak n’a pas seulement mis fin au régime de Saddam Hussein. Elle a mis un terme à la domination des sunnites sur le pays qui durait depuis des décennies dans un pays à majorité chiite.
Mis en place par l’empire britannique, les sunnites n’ont jamais quitté le pouvoir et le régime de Saddam Hussein n’a été que la forme la plus meurtrière de leur contrôle du pays par la violence. Depuis l’émergence d’un Irak moderne, il y a eu de nombreuses insurrections des Kurdes et des chiites contre ce pouvoir, mais elles ont toujours été réprimées. Il est désormais clair cependant que le pouvoir reviendra aux chiites si le gouvernement est représentatif. Il devra également représenter les volontés des 20 % de la population qui sont kurdes et qui ne veulent plus vivre sous domination arabe.
Les attentats contre les chiites et les kurdes sont une réaction des sunnites défaits qui sont peut-être assistés par d’autres groupes sunnites comme Al Qaïda. Trop souvent en Occident le conflit entre chiites et sunnites est présenté sur le même ton que celui qui oppose les baptistes et les méthodistes aux États-Unis, mais cela n’a rien à voir. On assiste à la fin d’une oppression et l’occident doit comprendre que, même s’il n’a pas de sympathie pour le Hezbollah chiite et pour l’Iran, l’arrivée au pouvoir marque la fin de l’hégémonie sunnite en Irak, donc du nationalisme arabe.
« Sunni hegemony shattered », par Shlomo Avineri, Jerusalem Post, 9 mars 2004.
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