Le « plan pour le grand Moyen-Orient » est le nom donné par George W. Bush à son projet, qu’il soumettra au prochain sommet du G8, pour réformer la région. L’Europe devrait proposer également un plan pour la région. Cette fameuse région regroupe tous les pays arabes auxquels on a rajouté la Turquie, l’Afghanistan, le Pakistan, l’Iran et Israël. Dans cette scène géographique (qui place le Maroc et la Mauritanie dans le Moyen-Orient), les Arabes sont minoritaires, ce qui est important pour Israël, mais les musulmans, favorables à la cause palestinienne, restent majoritaires.
Les docteurs états-uniens et européens s’intéressent à ce patient en particulier plutôt qu’aux autres parce qu’ils affirment que sa maladie peut être contagieuse pour les pays du G8. Je ne veux pas discuter des deux projets mais, bien que les deux portent sur le terrorisme et ses liens avec les régimes autocratiques dans la région, l’Europe doit reconnaître, contrairement aux États-Unis, que la résolution du conflit israélo-palestinien est la base de la stabilisation de la région. Les Européens se méfient du plan américain car ils craignent que Washington veuille faire de la région une base politique et militaire permanente. Toutefois, l’Europe ne parvient toujours pas à transformer ses paroles en actes et elle ne s’opposera pas au projet états-unien lors du G8.
De leur côté, les pays de la région doivent donc répondre à ce plan de la façon suivante :
  Ils ne doivent pas s’y opposer mais le critiquer objectivement.
  Il faut présenter nos commentaires via des documents officiels envoyés aux États-Unis et à l’Union européenne.
  La Ligue arabe doit présenter un plan de réforme lors de son prochain sommet.
  Le programme doit être rationnel et réalisable.
  Il doit éviter un conflit entre les États-Unis et le monde arabe.

Source
Dar Al-Hayat (Royaume-Uni)
Dar al Hayatest un quotidien arabe de politique international, basé au Royaume-Uni. Tirant à 110 000 exemplaires, ce journal mêle des articles purement informatifs et un grand nombre d’analyses et d’éditoriaux écrits par des intellectuels du monde arabe. L’une des figures les plus éminentes de la rédaction est Jihad Al Khazen, figure détestée des éditorialistes néo-conservateurs états-uniens. Libanais à l’origine, il a été racheté en 1990 par le prince et maréchal saoudien Khaled ibn Sultan.

« The Greater Middle East Plan », par Amin Houweidi, Dar Al-Hayat, 16 mars 2004.