L’assassinat du cheikh Yassine nous rappelle que s’il y a bien une guerre entre Israéliens et Palestiniens, il n’y a pas eu de réels processus visant à la résoudre à court terme. La mort de Yassine va entraîner de nouvelles violences, mais à long terme la plupart des Palestiniens souhaiteraient une coexistence pacifique et ne considèrent pas le cheikh Yassine et le Hamas comme une voie acceptable pour l’avenir.
Les responsables militaires israéliens ne font pas secret de leur crainte d’apparaître comme cédant à la violence du Hamas en se retirant de Gaza. Ce qui m’a surpris, c’est que les Palestiniens que j’ai rencontrés craignaient également que le Hamas ne tire tout le mérite de ce retrait. Cette crainte réciproque devrait conduire les deux camps à trouver un accord pour que le retrait bénéficie aux Palestiniens mais, même avant l’assassinat de Yassine, une rencontre entre Ahmed Qoreï et Ariel Sharon était peu probable.
Les Israéliens restent en effet convaincus que Qoreï n’a aucun pouvoir et que c’est Yasser Arafat qui tire les ficelles. Les États-Unis pourraient intervenir pour relancer les discussions, mais Washington ne fait pas non plus confiance à l’Autorité palestinienne. Cette situation bénéficie au Hamas qui pourrait profiter du retrait de Gaza pour prendre le pouvoir. Il faut donc que, tout en continuant à négocier avec Israël, George W. Bush mène des discussions avec les Palestiniens, les Égyptiens, les Jordaniens et tous ceux qui peuvent jouer un rôle positif après l’évacuation afin de s’assurer que ce sont les Palestiniens modérés qui contrôleront les territoires. Si les Etats-Unis ne prennent pas aujourd’hui le leadership dans la bonne direction, l’action de Sharon n’aboutira qu’à plus de violence.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« Withdrawal Without Reward », par Dennis Ross, New York Times, par 24 mars 2004.