Le drame atroce de Faludja peut nous conduire au désespoir, mais cette horreur plaide en réalité en faveur de notre intervention en Irak et du changement de régime. En effet, si Saddam Hussein était resté au pouvoir encore des années, c’est tout l’Irak qui ressemblerait à Faludja. Les Ba’asistes, en jouant les tribus les unes contre les autres étaient en train de créer les conditions d’un État hobbesien. L’implosion de l’Irak aurait créé une sorte de trou noir géopolitique qui aurait poussé tous les pays voisins à s’investir en appuyant des factions afin de prendre le contrôle des ressources du pays. Les fondamentalistes en auraient alors profité pour faire du pays leur refuge. Si nous n’étions pas intervenus, nous en serions aujourd’hui à nous demander comment nous avons pu laisser s’installer la même situation qu’au Rwanda dix ans plus tôt.
Les propos de Richard Clarke laissent penser qu’il était risible de s’inquiéter d’une menace irakienne mais, vu le passé de Saddam Hussein en ce qui concerne les armes de destructions massives et, selon M. Clarke, les liens de Bagdad avec l’attentat contre le World Trade Center en 1993 et la supposé usine de poison de Ben Laden au Soudan, un président qui ne se serait pas inquiété de la situation aurait manqué à son devoir. En réalité, on peut surtout regretter que Saddam Hussein n’ait pas été renversé dès 1991 ou qu’on n’ait pas écouté Paul Wolfowitz qui réclamait sa chute dès les années 80.
Les opposants à la guerre refuse de répondre aux questions qu’aurait soulevé le maintien au pouvoir de Saddam Hussein. Ils refusent de voir les faits concernant l’Irak, comme si cette guerre n’avait été qu’une lubie soudaine de l’administration Bush. Faludja est le symbole de ce qu’aurait été l’Irak sans notre intervention.

Source
Wall Street Journal (États-Unis)

« Fallujah », par Christopher Hitchens, Wall Street Journal, 2 avril 2004.