L’ambassadeur Jean-Daniel Levitte répond dans le Los Angeles Times à la campagne, dont nous rendions compte hier, selon laquelle la Russie et la France auraient été soudoyées par Saddam Hussein. Il remarque que ce n’est pas la première campagne anti-française depuis la querelle irakienne, et que l’usage d’arguments de mauvaise foi n’améliorera pas les relations des uns et des autres. Enfin, pour se faire bien comprendre, il rappelle que les États-Unis achetaient 44 % du pétrole irakien quand la France n’en achetait que 8 %.
Autre critique de l’unilatéralisme de Washington : le ministre russe de la Défense, Sergeï Ivanov, exprime dans le New York Times l’inquiétude de son pays face à l’évolution de l’OTAN. La Russie ne saurait accepter de se laisser encercler par une organisation militaire, ni voir l’OTAN évoluer en une force d’intervention méprisant l’ONU.

Frank J. Gaffney Jr, le coordinateur des faucons, revient sur les imputations selon lesquelles l’administration Bush aurait, au départ, été trop absorbée par le programme anti-missiles et aurait négligé la lutte contre le terrorisme. Mais c’est pour renverser cette logique dans le Washington Times. En effet, pour lui, la question spatiale reste prioritaire et n’est pas dissociable de celle du terrorisme puisque des terroristes pourraient se procurer des missiles et les lancer sur les États-Unis depuis un bateau.

Le sénateur Edward Kennedy mène campagne pour John Kerry avec plus d’ardeur que celui-ci. Lors d’un discours, prononcé lundi devant la Brookings Institution, et partiellement reproduit par The Independent, il souligne que l’administration Bush a perdu toute crédibilité, au plan national et au plan international, à force de mensonges. La crise de confiance est sans précédent, bien plus forte encore que du temps de Nixon. En termes politiques autant que militaires, l’Irak, conclut-il, c’est le Vietnam de Bush.
Paul Crespo, de la Fondation pour la défense des démocraties, décrit dans le Washington Times sa réaction aux images des corps exhibés de quatre civils états-uniens massacrés en Irak. Il a cru revoir à Faludja les scènes vécues à Mogadiscio, qui poussèrent Clinton à se retirer de Somalie. Il en conclut, a contrario, qu’il ne faut pas céder, mais y « mettre le paquet ». L’Irak n’est peut-être pas encore le Vietnam, en termes de réalités militaires, mais c’est effectivement pareil en termes de débats politiques.

Jean-Marie Colombani, directeur du Monde, fait l’éloge de l’entente cordiale dans The Independent. L’exercice est difficile. Au-delà des poncifs obligés, il en profite pour dire son admiration du New Labour et de l’atlantisme blairien dont il voudrait faire des modèles pour la France. Dommage, ces modèles, les Britanniques sont en train de les remettre en question.
Ainsi, l’ancien conseiller du ministre britannique des Affaires étrangères, David Clark, souligne dans le Guardian que, face aux erreurs stratégiques de la Maison-Blanche, Tony Blair a préféré privilégier sa relation avec Bush que de lui faire entendre raison. Or, au lieu de cibler les groupes terroristes, la Coalition a attaqué un État et sa population ; au lieu d’isoler les terroristes, elle leur a fourni une légitimité et un soutien populaire.

À l’annonce de la visite d’Hosni Moubarak à la Maison-Blanche, le Washington Post donne la parole à deux points de vue contradictoires.
L’ancien ministre des Affaires étrangères égyptien et ancien secrétaire général de l’ONU aujourd’hui président de la Commission nationale des droits de l’homme, Boutros Boutros-Ghali, admet que le régime a fait passer la sécurité face au terrorisme devant les droits humains et que la pente est longue à remonter.
Au contraire, le sénateur Mitch McConnell pense que le résultat du régime est globalement négatif et qu’il n’y a donc aucune excuse au manque de libertés. Il préconise donc de conditionner l’aide économique à une ingérence politique accrue. Une position qui serait plus crédible si McConnell ne participait pas, depuis des années, à des campagnes d’organisations sionistes cherchant à affaiblir l’Égypte par tous les moyens.

Enfin, le sénateur George Allen plaide, dans le quotidien mooniste Washington Times, pour le maintien du statu quo à Taïwan : le gel de la question des deux Chine a favorisé la prospérité des uns et des autres.