Mordechai Vanunu est le héros de l’ère nucléaire : il a risqué sa vie pour prévenir le monde et son pays de l’extension du danger nucléaire auquel nous faisons face. Il a payé un grand prix pour avoir fait ce qu’il devait faire et ce que d’autres auraient dû faire.
Le « crime » de Vanunu a été commis en 1986 quand il a donné au Sunday Times des photos qu’il avait prises des infrastructures nucléaires israélienne dans lesquelles il travaillait comme technicien. Par cet acte, il a montré un programme nucléaire d’une ampleur que la CIA ne soupçonnait même pas. Il a été enlevé à l’aéroport de Rome par le Mossad, jugé devant une cour à huis clos et condamné à 178 ans de prison, dont les premières 11 années et demie ont été passées en confinement. Il va être libéré aujourd’hui, mais sa « liberté »est limitée : il ne peut pas quitter Israël et il doit rester dans une même ville. Il ne peut pas communiquer avec des étrangers par quelque moyen que ce soit (c’est une mesure purement punitive, les informations dont il dispose étant totalement obsolètes).
L’ironie est qu’Israël est l’un des pays qui appelle le plus à la lutte contre la prolifération nucléaire. Ce pays mène pourtant une politique contre productive dans ce domaine et c’est ce que Vanunu souhaitait révéler pour provoquer un débat démocratique sur la question. La décision de devenir une puissance nucléaire ne s’est jamais faite démocratiquement dans aucun pays et il faut plus de Vanunu, pas seulement en Israël. Toutes les puissances nucléaires ont des programmes secrets en violation du Traité de non prolifération nucléaire et chaque fonctionnaire en ayant connaissance devrait faire ce qu’a fait Vanunu ou ce que j’ai fait en 1971.
« Nuclear Hero’s ’Crime’ Was Making Us Safer », par Daniel Ellsberg, Los Angeles Times, 21 avril 2004.
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