À l’heure où les Israéliens se rendent aux urnes, aucun des principaux partis ne propose de gagner la guerre contre les Arabes palestiniens. C’est une lacune frappante et dangereuse. Historiquement, une guerre est gagnée quand l’un des deux camps se voit contraint de renoncer à ses objectifs ; tant que les deux camps continuent de croire qu’ils peuvent obtenir ce qu’ils veulent, les combats se poursuivent ou au moins peuvent reprendre.
Ces objectifs sont simples, statiques et binaires. Les Arabes luttent pour éliminer Israël ; Israël lutte pour se faire accepter par ses voisins. L’intention des premiers est offensive, celle du second est défensive. Les premiers sont barbares ; le second est civilisé. Pendant près de 60 ans, les Arabes qui rejettent l’existence d’Israël ont utilisé différents moyens : propagande, attaques économiques via le boycott, terrorisme, menace d’armes de destruction massive. Mais en dépit de leurs efforts, ils ont échoué : Israël est un pays riche, puissant et moderne mais toujours rejeté par les Arabes. Ce semi-échec a entraîné un sentiment de confiance chez les Israéliens modérés et un complexe de culpabilité chez les Israéliens de gauche. De fait, très peu d’Israéliens s’intéressent encore à cette tâche inachevée : convaincre les Arabes d’accepter la présence permanente de l’État juif. Ainsi, plutôt que d’aspirer à la victoire, les Israéliens ont développé une longue liste d’approches permettant de gérer le conflit. Toutes ignorent la nécessité de vaincre le rejectionisme palestinien. Toutes cherchent à faire l’impasse devant la guerre au lieu de la gagner.
Le seul à avoir compris qu’Israël est en guerre est Uzi Landau, mais il n’est que 14ième sur la liste du Likoud et il a peu de chances d’être élu. On s’attend en outre à voir le Likoud lui-même obtenir moins de 15% des voix, ce qui montre à quel point l’idée de gagner la guerre est impopulaire parmi les Israéliens. Les Israéliens doivent se préparer à reprendre le long, difficile, amer et coûteux effort nécessaire pour convaincre les Palestiniens, et d’autres, que leur rêve d’éliminer Israël est mort. Si les Israéliens n’y parviennent pas, c’est Israël qui mourra.
« Israel Shuns Victory », par Daniel Pipes, New York Sun, 28 mars 2006.
« Try victory », Jerusalem Post, 29 mars 2006.
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