Le vote clair des Chypriotes grecs rejetant le plan de l’ONU sur Chypre semble démontrer que la division de l’île est irréversible. Si un plan de l’ONU et de l’Union européenne ne parvient pas à ramener la paix, personne ne pourra réduire le fossé gréco-turc sur l’île. Il est probable que deux pays vont émerger du refus des Chypriotes grecs.
En fait, le vote du 24 avril est moins un rejet du plan de Kofi Annan que de la réunification. Les Chypriotes grecs ont rejeté toute idée d’union avec les Chypriotes turcs pauvres. Les nouveaux Européens du Sud ne voulaient pas de 200 000 musulmans dans l’Europe et ils ont préféré demeurer une entité culturellement et religieusement homogène. Les Turcs du Nord ont peut-être été rejetés, mais ils sont peut-être également les grands vainqueur de ce vote : leur occupation de 1974 et leurs colonies illégales ont été reconnues de fait.
La Turquie aussi est gagnante car elle a montré qu’elle traité désormais les questions internationales de façon très différentes que lors de l’époque kémaliste. Recep Tayyip Erdogan a montré une capacité de compromis que n’avait pas ses prédécesseurs. Le Sud de l’île n’a pas perdu non plus, il va continuer à prospérer et il est désormais membre de l’Union européenne.
De ce rejet, on peut attendre la reconnaissance du droit des minorités à la souveraineté culturelle. Tous ceux qui pensent encore à la solution d’un État unique dans le conflit israélo-palestinien devraient y penser.
« Two states for two peoples », par Alon Liel, Jerusalem Post, 4 mai 2004.
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