Fondée à Taiwan par Tchang Kaï-Chek, le révérend Moon et des criminels de guerre nazis et nippons, la Ligue anti-communiste mondiale (WACL) a d’abord été utilisée sous Nixon pour étendre les méthodes de contre-insurrection en Asie du Sud-Est et en Amérique latine. Sept chefs d’État participaient alors à ses travaux. Elle a connu une nouvelle vitalité sous Reagan devenant un instrument conjoint du complexe militaro-industriel états-unien et de la CIA dans la Guerre froide. Elle fut alors en charge des assassinats politiques et de la formation des contre-guérillas dans toutes les zones de conflits, y compris en Afghanistan où elle était représentée par Oussama Ben Laden.
À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, les services secrets états-uniens retournent des agents nazis, fascistes et oustachis pour créer un réseau anti-communiste, le stay-behind [1]. Si les agents recrutés dans les États de la future Alliance atlantique avaient vocation à rester secrets, ceux des États passés sous contrôle soviétique devaient au contraire agir publiquement. Une internationale fasciste est donc constituée, en 1946, pour coordonner l’action des agents originaires de l’Est immigrés à l’Ouest : le Bloc anti-bolchévique des nations (Anti-Bolshevik Bloc of Nations - ABN). Fascistes ukrainiens, hongrois, roumains, croates, bulgares, slovaques, lituaniens etc. se réunirent sous la houlette de Yaroslav Stetsko. Ancien leader collaborationniste en Ukraine, Stetsko est considéré comme responsable du massacre de 700 personnes, majoritairement juives, à Lvov le 2 juillet 1941.
Huit ans plus tard, à l’issue de la guerre de Corée, les États-Unis prennent le relais de la France en Indochine [2]. Le président Eisenhower met en place un système régional de défense dirigé contre l’URSS et la Chine. Le 8 septembre 1954, l’OTASE est créée sur le modèle de l’OTAN. Elle regroupe l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Pakistan, les Philippines, la Thaïlande, le Royaume-Uni et les États-Unis. Le 2 décembre, le dispositif est complété par un traité de défense bilatéral États-Unis-Taiwan [3]. Parallèlement, la CIA, sous la direction d’Allen Dulles, structure les services de renseignement de ces États et met en place une organisation de contact entre les partis anticommunistes de la région. C’est ainsi que se constitue, autour de Tchiang Kaï-Chek lui-même, une Ligue anticommuniste des peuples d’Asie (Asian People’s Anti-Communist League - APACL).
Outre le président taiwanais Tchang Kaï-Chek, l’APACL compte dans ses rangs Pak Chung Hee, futur président de la Corée du Sud ; Ryiochi Sasakawa, un criminel de guerre devenu milliardaire et bienfaiteur du parti libéral japonais ; et le révérend Sun Myung Moon [4], prophète de l’Église de l’unification. Ainsi que le général Prapham Kulapichtir (Thaïlande), le président Ferdinand Marcos (Philippines), le prince Sopasaino (Laos) [5] ; le colonel Do Dang Cong (représentant le président Nguyen Van Thieu, Vietnam), etc.
L’APCL est totalement contrôlée par Ray S. Cline, alors chef de poste CIA à Taiwan et futur sous-directeur de la CIA [6]. Elle édite l’Asian Bulletin, dont la rédaction est confiée à Michael Lasater, futur responsable du département Asie de la Fondation Héritage [7].
La création de la WACL
Dès 1958, président du Bloc anti-bolchévique des nations (ABN), participe à Taipei aux conférences annuelles de la Ligue anticommuniste des peuples d’Asie (APACL). Cline et Stetsko supervisent la fondation de la Political Warfare Cadres Academy de Taiwan, une institution chargée de former les cadres du régime de Tchang Kaï-Chek à la répression anticommuniste L’académie est le pendant asiatique de la Psychological Warfare Center de Fort Bragg (USA) et de la School of Americas de Panama [8]. Progressivement, la CIA forme un réseau de groupes politiques et d’instructeurs en contre-insurrection à l’échelle mondiale. En 1967, l’ABN et l’APACL fusionnent sous l’appellation Ligue anti-communiste mondiale (World Anti-Communist League - WACL) et étendent leurs activités à l’ensemble du « monde libre ». Parmi les nouveaux adhérents, on relève Los Tecos ou Légion du Christ-Roi, formation fasciste mexicaine constituée pendant la Seconde Guerre mondiale. La Ligue connaît un premier essor dans les années 73-75 lorsque Richard Nixon et son conseiller de sécurité Henry Kissinger siègent à la Maison-Blanche.
Son financement est grassement assuré par l’intermédiaire de l’Église de l’Unification. Cependant, cette réalité n’est plus assumée publiquement à partir de 1975. Le révérend Sun Myung Moon prétend alors rompre avec la Ligue, mais continue à exercer son leadership via son représentant japonais Osami Kuboki.
Le rôle de la WACL dans la réalisation des Plans Phoenix (1968-71) et Condor (1976-77), prévoyant l’assassinat de milliers de personnes suspectées de sympathies communistes en Asie du Sud-Est et en Amérique latine est encore insuffisamment documenté.
L’Opération Phoenix a probablement été mise en œuvre au Vietnam par la Joint Unconventionnal Warfare Task Force du major général John K. Singlaub, qui devint ultérieurement le président de la WACL. Cependant Singlaub a toujours nié son implication dans cette opération.
Par ailleurs, le général Hugo Banzer Juarez, qui imposa sa dictature en Bolivie de 1971 à 1978, présida la branche latino-américaine de la WACL. Il organisa un plan d’élimination systématique de ses opposants communistes, en 1975. Le Plan Banzer fut présenté, comme un modèle à suivre, lors d’une réunion latino-américaine de la WACL à Assomption, en 1977, en présence du dictateur du Paraguay le général Alfredo Stroessner. Une motion visant à procéder identiquement à l’élimination dans toute l’Amérique latine des prêtres et religieux adeptes de la théologie de la libération fut présentée par la délégation paraguayenne et adoptée par la conférence mondiale de la WACL, en 1978 [9].
De même, on ignore précisément le rôle de la WACL dans la stratégie de la tension qui frappa l’Europe à cette période. Le Français François Duprat, fondateur d’Ordre nouveau, l’Italien Giorgio Almirante, fondateur du MSI, l’Espagnol Jesus Palacio, fondateur du CEDADE, le Belge Paul Vankerhoven, président du Cercle des nations et d’autres encore y ont milité. Et c’est la Ligue qui exfiltre Stefano delle Chiaie [10], lorsque la justice italienne le recherche pour terrorisme, vers la Bolivie d’Hugo Banzer, où il est immédiatement nommé adjoint de Klaus Barbie à la tête des escadrons de la mort.
Enfin, on dispose de peu de documentation sur le rôle de la WACL dans la guerre du Liban. Tout au plus sait-on qu’elle a recruté les mercenaires intégrés dans les rangs des milices chrétiennes de l’ancien président Camille Chamoun, en 1975, quelques semaines avant que n’éclate le conflit.
En entrant à la Maison-Blanche, en 1977, Jimmy Carter souhaite mettre fin aux pratiques sordides de ses prédécesseurs. Il nomme l’amiral Stanfield Turner à la tête de la CIA et s’applique à renverser les régimes autoritaires d’Amérique latine. C’est une période vaches maigres pour la WACL qui n’est plus financée que par ses adhérents. Elle devient alors le repaire des anti-Carter préparant des jours meilleurs et noue spontanément des relations avec la principale organisation anti-Carter aux États-Unis, la Coalition nationale pour la paix par la force (National Coalition for Peace Through Strength). Ce front du refus est une émanation de l’American Security Council, que le président Eisenhower désignait sous le terme de « complexe militaro-industriel » [11]. Il est co-présidé par le général Daniel O’Graham [12], qui participa avec George H. Bush à la réévaluation de la menace soviétique au sein de la Commission Pipes dite Team B [13] et par le général John K. Singlaub [14]
De nombreux responsables de la Ligue s’impliquent dans les Comités de campagne pour l’élection de Ronald Reagan. Pour beaucoup, le gouverneur républicain de Californie n’est pas un inconnu. En effet à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il participa comme porte-parole de la Croisade pour la liberté (Crusade for Freedom) à la levée de fonds nécessaire à l’installation aux États-Unis pour l’immigration d’Européens de l’Est fuyant le communisme, en réalité pour le transfert des nazis, fascistes et oustachis membres du Bloc anti-bolchévique des nations (ABN). Quant au vice-président George H. Bush, c’est aussi un ami. Il a été, en qualité de patron de la CIA, le chef de l’Opération Condor.
L’âge d’or de la WACL
Dés l’arrivée de Ronald Reagan et de George H. Bush à la Maison-Blanche, la WACL retrouve sa vigueur et reprend son développement. Les contacts précédents portent leurs fruits. Le complexe militaro-industriel états-unien prend en charge la création d’une section états-unienne de la WACL sous la dénomination Conseil pour la paix mondiale (Council for World Freedom - USCWF). Le général John K. Singlaub en est président tandis que le général Daniel O’Graham en est vice-président. Mais les choses ne s’arrêtent pas là. Le complexe militaro-industriel s’empare de la WACL pour en faire l’outil central de la répression anti-communiste mondiale. Singlaub est donc élu président de la WACL.
La Ligue agit tout azimuts :
Pour combattre la présence soviétique en Afghanistan, l’American Security Council finance [15] une section thématique de la WACL : le Comité pour un Afghanistan libre (Committee for a Free Afghanistan) dont le siège social est hébergé par la Fondation Héritage. L’opération est lancée à l’occasion d’une visite officielle aux États-Unis de Margaret Thatcher et Lord Nicholas Bethell, chef de département au MI6. Elle est dirigée par le général J. Milnor Roberts. Le Comité participe directement à l’aide logistique aux « combattants de la liberté » décidée par le directeur de la CIA William Casey [16] et gérée par Oussama Ben Laden [17]. La liaison entre la WACL et l’homme d’affaire saoudien est assurée par un des collaborateurs du géant des travaux publics, le Saudi Bin Laden Group, sheik Ahmed Salah Jamjoon, et par un ancien Premier ministre du Yémen du Sud [18]
Aux Philippines, la WACL est représentée par le président Marcos. Mais lorsque celui-ci est renversé, en 1986, John K. Singlaub et Ray Cline se rendent sur place pour y choisir de nouveaux correspondants. Ils mettent en place une unité paramilitaire de contre-guérilla et jettent leur dévolu sur le général Fidel Ramos [19] de Frank Carlucci [20], George H. Bush et des Ben Laden.
Pour combattre la révolution sandiniste au Nicaragua, la WACL installe une base arrière dans la propriété de John Hull au Costa Rica avec des instructeurs argentins. Elle utilise aussi les facilités offertes au Honduras par le chef d’état-major, le général Gustavo Alvarez Martinez, qui recrute des mercenaires en utilisant la couverture humanitaire de Refugee Relief International.
Au Guatemala, la WACL compte sur Mario Sandoval Alarcon leader du Mouvement de libération nationale. Sandovan, qui fut vice-président de 74 à 78, est le seul vrai maître du pays, le général-président Romeo Lucas Garcia n’étant qu’une marionnette. Il met en place des escadrons de la mort qui feront plus de 13 000 victimes en cinq ans.
Au Salvador, la WACL s’appuie sur Roberto d’Aubuisson, qui a été formé à l’académie taiwanaise et dispose de l’aide des Guatémaltèques. Il devient le patron de l’ANSESAL, équivalent local de la CIA, et le leader d’une formation d’extrême droite paramilitaire, le parti républicain nationaliste (ARENA). D’Aubuisson met en place des escadrons de la mort et assassine notamment l’archevêque Oscar Romero.
Mais le succès de la WACL sera aussi sa chute. En 1983, le sous-secrétaire à la Défense Fred C. Iklé [21] créé au Pentagone un comité secret de huit experts, le Conseil pour la défense de la liberté qu’il place sous la présidence du général John K. Singlaub [22]. On sait que le Comité modélise l’intervention secrète en Afghanistan et en préconise l’extension au Nicaragua, à l’Angola, au Salvador, au Cambodge et au Vietnam, mais le détail de son action est insuffisamment documenté.
En 1984, Ronald Reagan choisit de confier à la Ligue en général et à John Singlaub en particulier l’ensemble des financements privés de l’Irangate, sous l’autorité directe du colonel Oliver North au Conseil de sécurité national. Le scandale, lorsqu’il éclate, en 1987, balaye tout sur son passage et détruit la WACL.
Une liste partielle des membres de la WACL établie par Scott et Jon Lee Anderson et publiée dans Inside the League, (Dodd Mead & Company éd., 1986) est consultable dans notre bibliothèque électronique.
[1] Voir « Stay-hebind : les réseaux d’ingérence américains » par Thierry Meyssan, Voltaire, 20 août 2001
[2] L’armée française perd la bataille de Diên Biên Phu, le 7 mai 1954.
[3] En outre, le 29 janvier 1955, le Congrès donne un blanc-seing au président Eisenhower. Il est autorisé à entrer en guerre pour défendre Taiwan si l’île est attaquée par les communistes.
[4] Voir « Révérend Moon, le retour » Voltaire, 26 mars 2001.
[5] Le prince Sopaisano, vice-président de l’Assemblée nationale laotienne, fut interpellé à l’aéroport de Paris-Orly, le 23 avril 1971. Il transportait dans ses bagages 60 kg d’héroïne pure.
[6] Ray S. Cline avait été l’analyste de référence pour le déclenchement de la guerre de Corée. Il fut chef de poste CIA à Taipei de 1958 à 1962. Il disposait d’une couverture de directeur de l’US Naval Auxiliary Communications Center. Il devint alors sous-directeur de la CIA à la faveur du mouvement de personnel qui sanctionna le fiasco de la baie des cochons. Il a publié des mémoires, Secrets, Spies and Scholars, Acropolis Books éd., 1976.
[7] Michael Laseter était le principal responsable de l’Église universelle et triomphante (CUT) d’Elizabeth Claire. La secte fut au centre d’un scandale au milieu des années soixante-dix alors que l’on découvrit un arsenal militaire à son siège californien. C’est un de ses autres responsables qui fut nommé comme directeur exécutif de l’antenne de la WACL en Afghanistan dans les années 80.
[8] La School of Americas fut transférée ultérieurement à Fort Benning, USA. Un annuaire complet des élèves de l’école, de 1947 à 1996, est disponible dans notre bibliothèque électronique.
[9] Cette opération semble avoir été conduite en lien avec Mgr Alfonso Lopez-Trujillo, qui était alors secrétaire général de la Conférence épiscopale latino-américaine (CELAM).
[10] Voir « 1980 : carnage à Bologne, 85 morts », Voltaire, 12 mars 2004.
[11] La Coalition nationale pour la paix par la force a rassemblé 257 membres du Congrès.
[12] Le lieutenant général Daniel O’Graham fut sous-directeur de la CIA chargé des relations avec les autres agences de renseignement (1973-74), puis directeur de la DIA (1974-76). Directeur exécutif de l’American Security Council, il fut l’un des principaux avocats de la « guerre des étoiles ». Il fonda High Frontier qu’il présida jusqu’à sa mort, en 1995.
[13] En 1975, l’extrême droite accuse la CIA d’être infiltrée par les communistes et de minimiser le péril rouge. Le président Ford nomme alors George H. Bush à la direction de l’Agence et autorise une contre-expertise. « L’équipe B » est constituée par Richard Pipes. Elle publiera un rapport alarmiste qui justifiera de la relance de la course aux armements. On sait aujourd’hui que la Commission Pipes truqua délibérément les données pour ouvrir des marchés au complexe militaro-industriel. Voir à ce sujet : « Les marionnettistes de Washington » par Thierry Meyssan, Voltaire, 13 novembre 2002, et « Daniel Pipes, expert de la haine », Voltaire, 5 mai 2004.
[14] John K. Singlaub fut officier de l’OSS pendant la Seconde Guerre mondiale. Il forma la guérilla du Kuomintang de Tchang Kaï-Chek contre les Japonais. Pendant la guerre de Corée, il fut chef de poste CIA, puis, pendant celle du Vietnam, il dirigea les Bérêts verts. Par la suite, il fut instructeur en contre-insurrection à Fort Benning. Admis à la retraite, il devint directeur de la formation de l’American Security Council. C’est à ce titre qu’il prit la co-présidence de la Coalition, puis la présidence de la Ligue.
[15] Le financement du Comité sera pris en relais par la Fondation nationale pour la démocratie à partir de 1984. Il reversera alors une partie des fonds reçus à des organisations humanitaires servant ses buts politiques en Afghanistan, notamment Médecins sans frontières de Bernard Kouchner et Aide médicale internationale.
[16] Les États-Unis ont délibérément déstabilisé l’Afghanistan, mais ils ont été surpris par l’ampleur de la réaction militaire de Moscou. Ils ont alors mobilisé leurs alliés pour s’impliquer dans la guerre, non pour « libérer » les Afghans, mais explicitement pour empêcher l’URSS de se tailler un couloir vers la mer d’Oman.
[17] En 1983, la WACL imprime des tee-shirts avec l’effigie d’Oussama Ben Laden et cette légende « Support the Afghan Freedom Fighter. He Fights For You ! » (Soutenez le combattant afghan de la liberté. Il se bat pour vous !).
[18] Oussama Ben Laden n’est pas présenté à l’époque comme un musulman pieux, mais comme un homme d’affaires anti-communiste choisi par le prince Turki, directeur des services secrets saoudiens, pour participer aux côté des États-Unis à la guerre contre les Soviétiques. Ben Laden s’occupe d’abord de diriger la construction des infrastructures nécessaires aux « combattants de la liberté », puis il gère l’intendance des moudjahidins étrangers qui les rejoignent. Il ne se transformera en musulman pieux que tardivement pour prendre autorité sur ces derniers.
[19] Le général Fidel Ramos sera élu président en 1992. À l’issue de son mandat, en 1998, il rejoindra le Carlyle Group. Voir « Le Carlyle Group, une affaire d’initiés », Voltaire, 9 février 2004.
[20] Voir « L’honorable Frank Carlucci » par Thierry Meyssan, Voltaire du 11 février 2004.
[21] Fred C. Iklé était l’adjoint de Caspar Weinberger au Pentagone. Ce « guerrier froid » historique est aujourd’hui membre du Center for Security Policy (CSP), du Project for a New American Century (PNAC) et administrateur de la Smith Richardson Foundation.
[22] Ce comité comprend les généraux Harry Aderholt et Edward Lansdale, le colonel John Waghelstein, Seale Doss, Edward Luttwak, le major F. Andy Messing Jr et Sam Sarkessian.
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