Les récentes brutalités au Soudan commises par les milices arabes du gouvernement de Khartoum contre les populations noires du Darfour ont été qualifiées de « nettoyage ethnique » par Kofi Annan. Cette situation dramatique illustre l’un des principaux problèmes des politiques au Moyen-Orient : le nationalisme arabe exige l’autodétermination pour lui-même, mais la refuse aux autres.
Les Kurdes sont également un exemple de ce problème. Différents des Arabes par la langue, la culture et la tradition, ils sont oppressés depuis des décennies par les gouvernements arabes irakien et syrien (ainsi que par les gouvernements non-arabes turc et iranien) et aucune voix dans le monde arabe ne s’est élevée pour demander le droit à l’autodétermination. Il en va de même pour les Berbères en Algérie ou les chrétiens maronites du Liban. Les Arabes pensent être la seule nation à avoir droit à la souveraineté dans la région et les violences au Soudan sont à rajouter à la liste des exactions commises au nom de cette croyance.
Si un pays d’Europe centrale avait affirmé être le seul État-nation légitime il aurait, à juste titre, été qualifié de raciste. Les prétentions monopolistiques arabes sont au cœur des problèmes de la région comme elle l’avaient été en Europe avant d’être abandonnées. Le nationalisme arabe doit enfin accepter la coexistence avec d’autres mouvements nationaux.

Source
Jerusalem Post (Israël)

« Self-determination for me, not for thee », par Shlomo Avineri, Jerusalem Post, 18 mai 2004.