Lors du sommet du millénaire à New York en 2000, les dirigeants du monde entier se sont fixés pour objectif de réduire de moitié la pauvreté du monde d’ici à 2015, mais ils ont aussi fixé des priorités en matière « d’environnement durable ». Malheureusement, à 10 ans de l’échéance, les avancées sont lentes. Il est possible de faire beaucoup plus.
Si le protocole de Montréal sur l’émission de gaz attaquant la couche d’ozone était appliqué, on éviterait 20 millions de cancers de la peau et 130 millions de cataractes. Ce genre de succès doit nous encourager, mais nous devons adapter notre action à l’échelle du défi qui nous attend : la déforestation s’accélère, les émissions de CO2 sont en augmentation, les espèces en voie de disparitions sont nombreuses. Le défi environnemental est particulièrement difficile à relever dans les pays en voie de développement alors que c’est là qu’il est essentiel. On notera à titre d’exemple que cinq à six millions de personnes de ces pays meurent à cause de la mauvaise qualité de l’eau ou la pollution de l’air.
Nous devons accepter le déséquilibre fondamental de l’équation environnementale mondiale : ce sont les pays riches qui polluent, mais ce sont les pays pauvres qui en souffrent. C’est donc aux pays riches de faire le maximum des efforts en transformant les modes de production et de consommation d’énergie, en réduisant les subventions et en taxant les produits nocifs. Il faut aussi apporter aux pays en voie de développement plus de ressources pour la protection de l’environnement. Pour l’instant, ces fonds sont très insuffisants. Il faut mettre en avant des dispositifs comme le Fond Carbone pour que les pays riches achètent des droits d’émission de CO2 aux pays en voie de développement, il faut aider davantage le Fonds mondial pour l’environnement. Les pays en voie de développement doivent améliorer leurs politiques de préservation de l’air et l’eau et, enfin, la communauté internationale doit s’engager en faveur des énergies renouvelables.

Source
Libération (France)
Libération a suivi un long chemin de sa création autour du philosophe Jean-Paul Sartre à son rachat par le financier Edouard de Rothschild. Diffusion : 150 000 exemplaires.

« Priorité à l’environnement », par James D. Wolfensohn, Libération, 26 mai 2004.