La panique qui a saisi Washington sur la situation en Irak met en évidence le fait que nous avons été trompés par les victoires apparemment faciles et sans pertes dans la décennie passée. De la Guerre du Golfe de 1991 à la Guerre d’Afghanistan de 2001, nous avons souvent gagné grâce à notre puissance aérienne. Il y avait des pertes bien sûr, mais peu de notre côté. La Guerre du Kosovo a même été menée sans que nous ayons à subir la moindre perte. Cela nous a fait oublier ce qu’était la guerre.
L’Irak nous le rappelle. Si on le compare aux guerres de la décennie précédente, les pertes sont élevées mais cela change si on compare ce conflit aux guerres antérieures. Nous devons nous fier à trois indicateurs :
– Les pertes : En Irak, 2,5 % des soldats engagés ont été blessés ou tués, ce taux s’élève à 1,5 % si on inclut la Navy et l’Air Force. Mais ce chiffre était de 6,2 % lors de la Première Guerre mondiale et de 6,5 % lors de la Seconde Guerre mondiale. Les pertes en Irak sont douloureuses mais d’un point de vue historique, elles ne sont pas si nombreuses que ça.
– La reconstruction : Nous n’avons pas établi une démocratie libérale en irak mais nous n’y sommes que depuis un an. Nous sommes restés 4 ans en Allemagne, 7 ans au japon et 50 ans au Phillipines. Nous occupons encore aujourd’hui la Bosnie et le Kosovo. Nous ne devons pas espérer un changement rapide quand on voit que la construction de la nation indienne par les Britanniques a pris des siècles.
– Les abus : Ils sont graves mais ne sont pas comparables avec My Lai au Vietnam ou des crimes commis dans les guerres passées par des militaires états-uniens. Ce n’est pas non plus comparable à l’attitude des Français en Algérie, des Anglais pendant la Guerre des Boers ou des Russes en Tchétchénie. On peut même constater que nos militaires se sont plutôt montrés pondérés.
Je ne veux pas dire que tout va bien en Irak mais il faut garder le sens des perspectives.
« Reality Check — This Is War », par Max Boot, Los Angeles Times, 27 mai 2004.
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