« Si l’on considère le fait que le Moyen-Orient est, de nos jours, le principal défi auquel sont confrontés les États-Unis, alors le travail des professeurs John Mearsheimer et Stephen Walt doit être considéré comme un service rendu à la collectivité. En effet, il a permis d’initier un débat - fort nécessaire - sur l’influence du « Lobby israélien » dans les choix de politique étrangère des États-Unis. La participation de lobbies ethniques ou en faveur de puissances étrangères à la politique états-unienne n’est rien de neuf. Dans ma carrière publique j’ai eu affaire à bon nombre d’entre eux. Pour ma part, je considère le lobby Israëlien-Américain, le lobby Cubain-Américain ainsi que le lobby Arménien-Américain comme étant les trois groupes d’influence les plus efficaces. Les Grecs et les Taiwanais sont également des champions dans ce domaine. A une époque le lobby Polonais était également une force sur laquelle il fallait compter (Franklin Roosevelt s’en était plaint à Joseph Stalin). A mon avis nous devrions bientôt entendre parler de lobbies Mexicain, Hindous et Chinois.
Mearsheimer et Walt ont adopté une attitude vis à vis de ce lobby israëlien ainsi que vis à vis de certaines attitudes d’Israël dans l’histoire récente. Ils ne machent pas leurs mot concernant les mauvais traitements qu’Israel fait subir depuis de longues années aux Palestiniens. D’une manière générale ils sont souvent en désaccord avec les politiques israéliennes et pourraient donc être catégorisés comme étant, d’une certaine manière, anti-israéliens. Mais le fait d’être anti-Israël ne fait pas automatiquement de vous un anti-Sémite. Accuser quelqu’un d’anti-sémitisme parce qu’il ose critiquer les décision politiques d’Israël équivaut à demander une immunité particulière pour ce pays, le pays devient intouchable et imperméable à la critique habituellement faite aux Etats sur leur conduite.
L’étude publiée par Mearsheimer et Walt ne méritait pas les accusations hystériques d’anti-sémitisme, proférées par des scientifiques de renom, ni les articles infamants publiés dans les principaux journaux des Etats-Unis.
« A Dangerous Exemption » par Zbigniew Brzezinski, Foreign Policy, Juin 2006.
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