La coïncidence ne manque pas d’ironie. Le jour où la Cour suprême annonçait sa décision sur les combattants ennemis, Al-Jazeera montrait une vidéo qui annonçait que les soldats américains capturés seraient exécutés par les insurgé irakiens. Keith M. Maupin, militaire américain capturé en Irak, n’a pas eu droit à un procès ou à faire appel à la justice, pour ce qu’on en sache, il n’a pas non plus reçu d’électrochoc ou été menacé par des chiens de gardes. Il a simplement reçu une balle dans la tête. Pourquoi Michael Moore ne fait-il pas un film sur ces soldats-là ?
Je ne veux pas dire que la Cour suprême a tort de demander une amélioration du sort des prisonniers, mais que nous ne devons plus être aussi naïfs que nous le sommes. La philosophie de l’armée états-unienne concernant les détenus peut être résumée par la maxime " ne fait pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse ". Cette philosophie s’incarne dans la Convention de Genève. Mais il faut comprendre que cette convention, issue du rationalisme occidental, est étrangère aux autres cultures.
Ainsi, malgré leur sauvagerie contre les juifs, les Russes ou les Polonais, tous considérés comme des " sous-hommes ", les nazis se sont bien comporté avec leurs prisonniers anglo-saxons, considéré comme des soldats dignes et qui n’ont pas eu à subir d’exaction à l’exception de cas isolés. Seul 1% des détenus américains des nazis périrent en captivité. Au contraire, pour les Japonais, pétris de morale samouraï, la rédition est un déshonneur et les prisonniers ont été très mal traités, 45 % ne retournèrent jamais chez eux. En Corée, les prisonniers subissaient des abus, mais également un lavage de cerveau communiste et 50 % n’ont pas survécu. Les proportions sont identiques au Nord-Vietnam où les prisonniers étaient torturés pour dénoncer les actions de leur gouvernement. Cela fait mieux comprendre l’héroïsme d’hommes comme John McCain. En Irak en 1991, les prisonniers américains subirent également des traitements visant à leur faire dénoncer leur gouvernement.
Nous avons commis des erreurs à Abu Ghraib ou à la prison d’Andersonville, mais nous n’avons rien fait comparé à nos adversaires et aux décapitations qu’ils pratiquent. Nous pouvons bien traiter nos prisonniers, mais nous ne pouvons rien attendre de nos adversaires.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« No Rights for Captured Gis », par Max Boot, Los Angeles Times, 1er juillet 2004.