Où que j’aille dans le pays, je rencontre des commerçants ou des entrepreneurs qui s’accordent à dire que l’Amérique peut mieux faire avec une administration qui favorise davantage les entreprises. Des directeurs de société comme Warren Buffett, Lee Iacocca et Robert Rubin soutiennent ma campagne parce qu’ils pensent que les entreprises se porteraient mieux si nous changions nos PDG. Depuis janvier 2001, l’économie a perdu 1,6 million d’emplois dans le secteur privé La famille moyenne a vu ses revenus diminuer de plus de 1 500 dollars, tandis que les dépenses de santé augmentaient de plus de 3 500 dollars. C’est la première fois en plus de soixante-dix ans que l’investissement et les exportations ont baissé pendant un mandat présidentiel. Pour la première fois, notre déficit commercial a dépassé les 5 % du volume économique. Nous avons un déficit public record. La seule chose que fait George W. Bush, c’est d’utiliser des excuses.
En faisant les bons choix économiques, l’Amérique peut mieux faire. Les entreprises et les travailleurs américains sont les plus résistants, les plus productifs et les plus innovateurs du monde. Ma politique économique va s’articuler autour de quatre points :
 Créer de bons emplois : Je suis favorable à l’ouverture commerciale, mais il faut combattre les délocalisations en nous attaquant à toutes les incitations qui encouragent les entreprises à délocaliser. Aujourd’hui, les contribuables dépensent 12 milliards de dollars par an pour subventionner l’externalisation des emplois. Mon projet prendrait l’ensemble des 12 milliards de dollars économisés en fermant chaque année ces portes de sortie et les utiliserait pour diminuer les taux d’imposition des sociétés de 5 %. Les entreprises américaines sont les plus compétitives du monde ; pourtant, lorsqu’il s’agit d’appliquer les accords commerciaux, l’administration Bush refuse de montrer à nos concurrents que nous parlons affaires. Cela n’est pas seulement coûteux en emplois, mais menace aussi d’éroder le soutien au libre-échange et à une économie de plus en plus mondialisée.
 Réduire les impôts et le coût de la santé pour les classes moyennes : les familles sont de plus en plus coincées entre des revenus en baisse et des prix en hausse pour tout ce qui va de la santé à l’éducation. Mais la spirale des coûts de la santé et de l’énergie étrangle aussi les entreprises. Les réductions d’impôts seraient étendues et rendues permanentes pour 98 % des Américains. J’ai proposé un plan pour la santé qui augmenterait la couverture tout en réduisant les coûts. Il s’appuie sur le système actuel en le renforçant, donne aux patients le choix de leur médecin et offre de nouvelles incitations au lieu d’imposer de nouvelles obligations. Nous dépensons également plus de 350 milliards de dollars par an en paperasserie dans le domaine médical, sans parler de ce que coûtent les examens répétés ou superflus. Mon projet modernisera notre technologie de l’information, créera des archives médicales électroniques confidentielles. Je n’aurai pas peur de m’attaquer au coût des médicaments prescrits et des erreurs médicales.
 Restaurer la compétitivité américaine : l’Amérique est tombée au 10e rang mondial pour les technologies du haut débit et quelques-uns de nos meilleurs scientifiques sont encouragés à aller travailler à l’étranger à cause des restrictions du budget fédéral de la recherche sur les cellules souches. Le président Bush a proposé de réduire 21 des 24 domaines de recherche si importants pour la croissance à long terme. Nous devons investir dans la recherche et favoriser fiscalement le développement de l’ADSL dans les régions rurales. Il faut aussi inciter nos jeunes à finir leurs études, surtout les femmes et les membres des minorités ethniques.
 Réduire le déficit et rétablir la confiance en l’économie : George Bush propose de nouvelles dépenses, mais pas de réduire le déficit public. Les Américains peuvent avoir confiance en ma promesse de réduire le déficit parce que mes antécédents viennent à l’appui de mes paroles. Je rétablirai la discipline fiscale et je réduirai de moitié le déficit en quatre ans. Je n’attends pas l’année prochaine pour changer le ton de la discipline fiscale. Tous les jours de ma campagne, j’explique comment je finance toutes mes propositions. Il ne sera pas facile de nettoyer le désordre fiscal installé par Bush.
Le 2 novembre se tiendra notre réunion nationale d’actionnaires. Sur le bulletin de vote, il y aura le choix entre continuer avec la politique du président Bush ou revenir à la fiscalité saine et à la politique de croissance qui ont si bien réussi dans les années 1990. Vous choisirez.

Source
Le Monde (France)
Wall Street Journal (États-Unis)

« My Economic Policy », par John Kerry, Wall Street Journal, 15 septembre 2004.
« Ma politique économique », Le Monde, 17 septembre 2004.