Trois années après le déclenchement de la guerre au terrorisme, certains se demandent si l’Amérique est plus sûre et le monde plus riche. Il faut garder en tête en posant cette question les précédents historiques. La Guerre froide a permis une victoire de la liberté, mais rien n’était prédéterminé au départ et nous avons connu également durant cette période des déchirements dans le monde libre. La France s’est retirée du volet militaire de l’OTAN et les chroniqueurs de l’époque ont émis des doutes sur notre stratégie. Les citoyens américains ont vu leur gouvernement accusé d’être agresseur et belliciste. Mais les États-Unis, sous la gouvernance des deux partis politiques, et nos alliés ont fait preuve de persévérance et ont résolu le conflit, année après année. Le régime soviétique s’est finalement effondré.
La Guerre froide nous rappelle que la faiblesse est une provocation, et qu’un refus de faire face aux risques qui menacent peut accroître, et non réduire, les dangers futurs. La victoire revient en fin de compte à ceux qui sont résolus et inébranlables. Depuis le 11 septembre, il est apparu que la guerre au terrorisme était une guerre contre un ennemi sans pays, ni cerveau véritable. Nous avons attaqué Al Qaïda et avons libéré l’Afghanistan, un pays où dix millions d’électeurs dont 41 % de femmes ont voté ce week-end. La Libye, qui soutenait les terroristes et cherchait secrètement à se doter de la puissance nucléaire, a renoncé à ses programmes d’armement illégaux. Le réseau de prolifération nucléaire du savant pakistanais A. Q. Khan a été démasqué et démantelé. Le Pakistan, jadis bien disposé envers Al Qaida et le régime des talibans, s’est rangé, sous le président Pervez Musharraf, aux côtés du monde civilisé. L’OTAN dirige désormais la Force internationale d’assistance à la sécurité en Afghanistan et aide à former les forces de sécurité irakiennes. L’ONU aide à l’organisation d’élections libres en Afghanistan et en Irak. Plus de soixante pays travaillent de concert pour arrêter la prolifération des armes de destruction massive. Trois ans auparavant, en Irak, Saddam Hussein et ses fils dirigeaient brutalement une nation au cœur du Moyen-Orient et tentaient régulièrement de tuer des équipages américains et britanniques en violant les zones interdites de survol. Il ignorait les dix-sept résolutions du Conseil de sécurité. Il versait des allocations de 25 000 dollars aux familles des auteurs d’attentats-suicide. Aujourd’hui, il attend son procès et ses fils sont morts, tandis que la démocratie progresse en Irak.
Il y a eu des revers en Afghanistan et en Irak, mais l’ennemi ne peut pas gagner militairement. Nous vivons une période difficile et le résultat de ce combat déterminera la nature de notre monde pendant les décennies à venir. Aujourd’hui, comme jadis, la tâche ardue d’écrire l’histoire incombe à l’Amérique, à notre coalition, à notre peuple. Nous y parviendrons en sachant que la liberté est de notre côté, et que c’est nous qui l’imposerons.
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.
Taipei Times (Taïwan)
« Remporter la guerre contre la terreur », par Donald Rumsfeld, Le Figaro, 12 octobre 2004.
« The Bush administration’s rationale for a world at war », Taipei Times, 13 octobre 2004.
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