Le New York Times donne la parole aux avocats qui défendirent George W. Bush et Al Gore en 2000 et recueille leur avis sur les possibilités de contestation du scrutin de 2004.
Pour Theodore Olson, les litiges sont prévisibles tant l’élection est serrée et les deux camps prêts à se battre juridiquement. On ne peut éviter le désordre par de simples mesures techniques améliorant tel ou tel aspect du scrutin ; le seul moyen pour que le résultat soit clair, c’est que la majorité soit claire, votez donc pour Bush.
Pour David Boies, les litiges sont prévisibles parce qu’ils ont existé en 2000 et que les règles n’ont pas été clarifiées. Bien au contraire, l’avènement des machines à voter pose de nouvelles questions et la jungle des règles variant dans chaque État rend illisibles les solutions qui seront choisies a posteriori. On aurait pu éviter le désordre en harmonisant les règles de vote, mais c’est trop tard.
Le lecteur observera que l’International Herald Tribune, digest européen du New York Times a choisi de donner un écho à ce débat en ne reproduisant que la tribune de M. Olson et en ignorant celle de M. Boies qui informe de manière trop crûe du trucage en cours. On en déduira que, malgré ses proclamations en faveur de John Kerry (voir notre édition d’hier), le New York Times soutient en pratique la candidature Bush ou refuse en tout cas de contester le système conçu pour le faire élire.

Le député européen chrétien-démocrate, Jean-Louis Bourlanges préside la commission parlementaire qui s’est prononcée contre la nomination de Rocco Buttiglione comme commissaire européen. Dans un entretien qu’il a accordé au Figaro, il s’insurge contre le mélange des genres politique et religieux auquel se livre le candidat-commissaire et dénonce les pressions maladroites du Saint-Siège. S’il est légitime de s’inquiéter de l’ingérence religieuse en politique à propos de l’adhésion de la Turquie, cela l’est encore plus lorsqu’il s’agit de l’Union actuelle.
Deux universitaires, Pierre Albertini et Louis-George Tin, observent dans Le Monde que, compte tenu de son action personnelle en Italie et de son rôle dans le gouvernement Berlusconi, M. Buttiglione n’est tout simplement pas crédible pour faire avancer la Justice et la non-discrimination en Europe.
En définitive, le président désigné de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, craignant de ne pas obtenir l’approbation du Parlement européen a renoncé à présenter sa commission aujourd’hui. Le vote a été repoussé à la session de la mi-novembre, laissant ainsi du temps pour négocier des appuis ou, à défaut, pour retirer la candidature de M. Buttiglione.

Jean-Pierre Chevénement, ancien candidat souverainiste à l’élection présidentielle française, réfute le projet de Traité constitutionnel européen dans Libération. Il souligne que ce document interdit les « coopérations avancées » et autres « noyaux pionniers », chers à Jacques Chirac, soumettant ainsi toute initiative séparée à l’approbation de chaque autre membre de l’Union. Il note que, contrairement à ce que l’on prétend, ce projet de Traité n’est pas anti-états-uniens comme l’atteste la signature de Tony Blair. Il n’est pas non plus indispensable, puisque le Traité de Nice s’appliquera par défaut.
Nous relevons quant à nous l’architecture du projet de Traité qui manifeste sa logique interne. Il est composé en quatre parties : Institutions, Compétences, Politiques et Révision. Les deux premières visent à définir des domaines de compétence qui seront désormais gérés à la majorité qualifiée des membres et non plus à l’unanimité. Il introduit de la souplesse dans le système. Les deux dernières visent à neutraliser ces avancées. Les politiques s’appliquant aux domaines régis par la majorité sont définies à l’avance et coulées dans le bronze. Pour les modifier, il faut réviser le Traité à l’unanimité. Bref on reprend d’une main ce que l’on a donné de l’autre.

Le journaliste iranien Emadeddin Baghi analyse dans le Washington Post les profondes transformations de la société iranienne où les femmes sont désormais plus éduquées que les hommes et exercent de nombreuses responsabilités. Ce processus intérieur est irréversible et pacifique. Les pressions extérieures sont contre-productives.
Enfin, ancien vice-président (Verts) de l’Assemblée nationale française, Yves Cochet, regrette dans Le Monde avoir eu raison trop tôt. Il prédit depuis longtemps le renchérissement du pétrole et milite pour la maîtrise des dépenses énergétiques sans être entendu, mais ce qui devait arriver arrive : le pétrole est passé de 36 à 56 dollars le baril et l’on s’inquiète dans l’urgence de répondre à un problème de fond. Cependant les analyses économiques restent superficielles car elles raisonnent comme en période d’abondance sans tenir compte de l’épuisement des ressources. Les vrais difficultés sont devant nous et notre gouvernement persiste à l’ignorer.